Polar T1 - Par Victor Santos - Glénat Comics

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Un tueur professionnel, retiré du circuit et qui semble n'avoir rien demandé à personne, se retrouve avec nombre de ses collègues sur le dos. Voilà qui s'annonce littéralement explosif et offre à Victor Santos un terrain de jeu graphique assez bluffant.

Le principe du récit s’avère on ne peut plus simple, et nous ramène aux sources du polar d’action. Un héros est pris pour cible, et cherche à comprendre pourquoi. Tout en accumulant les cadavres au fil de sa quête. Avec ici la particularité intéressante qui consiste à prendre un tueur à gage retraité comme personnage principal, le vieil ours se confrontant tout au long du volume à de jeunes loups qui apprennent bien vite le respect dû à l’âge.

Sur ce canevas épuré, Victor Santos - l’un des auteurs-phare qui accompagne le lancement de Glénat Comics, et que nous avons pu récemment découvrir avec Furious ou encore Black Market - marie simplement, mais admirablement, ambiance et couleurs, d’une manière qui n’est pas sans rappeler le Frank Miller de Sin City.


Le titre débute par un constraste entre froid et chaleur, entre charme et menace: Polar T1 © Victor Santos

Ainsi, c’est dans un froid polaire et un décor enneigé que débute ce polar des plus noirs. Le noir et blanc structurent donc la page par une jeu de découpes et d’aplats. Ces deux couleurs sont bientôt rejointe par une troisième, le rouge, celle du sang, qui passe peu à peu de touche ponctuelle dans le dessin à élément central de composition, au même titre que les deux autres couleurs.

Le titre même de la série, Polar, nous apparaît dès lors pleinement polysémique, et recouvrir à la fois la trame narrative et le parti-pris esthétique, son sens oscillant entre la désignation du froid et celle de la confrontation.


Un petit côté Saul Bass, non ?: Polar T1 © Victor Santos

Mais le travail de Victor Santos ne se limite pas à la couleur. À partir d’un format à l’italienne, inattendu, il varie sans cesse la composition des planches, les cadrages et les effets produits - certains s’apparentent nettement à l’animation, comme en témoigne cette suite de planches présentée dans le portfolio de l’article.

Et si le trait apparaît quelques rares fois un peu maladroit par manque de souplesse, la rugosité semblant constamment recherchée dans cet ouvrage, l’impression d’ensemble se révèle tout bonnement formidable et l’on reste très impressionné par certaines compositions d’une rare efficacité.