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Posy Simmonds et « Tamara Drewe », Grand Prix de la critique

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 6 décembre 2008                      Lien  
Déjà nominée pour Angoulême, Posy Simmonds reçoit le Prix de la Critique de l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD) pour Tamara Drewe, un magnifique ouvrage édité chez Denoël Graphic.
Posy Simmonds et « Tamara Drewe », Grand Prix de la critique
Tamara Drewe (2008) de Posy Simmonds
Grand Prix de la Critique. Editions Denoël.

Rosemary Elisabeth « Posy » Simmonds publie depuis des années dans le quotidien londonien The Guardian où elle produit des illustrations et des strips qui mettent en scène la classe moyenne anglaise, en particulier le milieu littéraire. Un peu comme si notre Brétécher s’était mise à chroniquer les ridicules de Saint-Germain des Prés. Cela donne en particulier deux livres en tous points remarquables, traduits chez Denoël Graphic : Gemma Bovery, le récit d’une jeune anglaise en rupture avec sa famille londonienne venue découvrir les émerveillements de la campagne normande. Mais elle n’a pas vraiment changé depuis Flaubert ; l’ennui continue de tarauder ses occupants. Pour se distraire, notre héroïne prend un amant sous le regard d‘un narrateur qui n’est autre que Joubert, le boulanger, témoin et chroniqueur des désillusions de la belle.

Posy Simmonds
Photo : Didier Pasamonik (L’Agence BD)

Ce destin de femme libre se retrouve dans Tamara Drewe qui est le prototype de ces prédatrices urbaines dont le nez refait et les jambes interminables font tourner la tête des mâles de la bourgeoisie intellectuelle, Gentry comprise, en particulier quand cette amazone décide de se mettre au vert à la campagne dans une communauté de personnalités plus ou moins connues, retirées du monde afin de « créer en paix ».

Gemma Bovery (1999)
Editions Denoël Graphic

Cette fois, ce n’est pas Flaubert qui l’inspire, mais Thomas Hardy et son Loin de la foule déchaînée dont l’héroïne est une femme volontaire qui refuse la main de deux prétendants pour l’accorder à un troisième, un bellâtre un peu fade. Ici, on retrouve ce schéma : une femme et trois hommes. Tamara met en émoi cette communauté d’écrivains, montant en épingle leurs angoisses, leurs insécurités et leurs orgueils… La fascination est réciproque : elle pour leur célébrité, eux pour sa beauté. Elle n’est pas la seule cause de cette touchante tragédie mais elle catalyse des évènements finalement utiles à ses « victimes » un peu consentantes, appliquées qu’elles sont à sortir de l’ordinaire : « C’est très difficile d’écrire, nous dit Posy Simmonds. Tout le monde voudrait écrire un livre, mais c’est extrêmement dur.  » C’est pourquoi ces écrivains se retrouvent comme les taureaux affolés de la prairie voisine.

Tamara, quant à elle, écrit pour un « journal de caniveau » une prose vulgaire et sans portée. Elle ressortira néanmoins de cette histoire en ayant appris autant sur elle même que sur l’écriture.

Tamara Drewe est une réussite tant graphique que narrative qui mérite amplement cette distinction accordée par l’ACBD, une association qui compte 81 journalistes et critiques qui parlent régulièrement de bande dessinée dans la presse écrite, audiovisuelle, nationale et régionale, ou sur l’Internet. L’ouvrage a été choisi parmi quelque 3543 nouveautés publiées dans l’espace francophone européen (France, Belgique, Suisse), entre novembre 2007 et fin octobre 2008.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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9 Messages :
  • Posy Simmonds et « Tamara Drewe », Grand Prix de la critique
    9 décembre 2008 18:02, par Parker Pyne

    Oh my God, qu’elle est belle !

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    • Répondu par François Pincemi le 9 décembre 2008 à  22:17 :

      Elle me fait penser à Danielle Mitterrand, du temps de sa jeunesse (et de sa beauté). Alors que la couverture de son livre rappelle le trait de Blutch.

      Répondre à ce message

      • Répondu le 10 décembre 2008 à  07:58 :

        Elle publiait déjà alors que Blutch n’était encore qu’un bébé...

        Répondre à ce message

        • Répondu par François Pincemi le 10 décembre 2008 à  13:53 :

          Seuls deux de ses livres ont été traduits chez nous :
          # Gemma Bovary, éditions Denoël, 2000
          # Tamara Drewe, éditions Denoël, 2008

          Elle a fait beaucoup de livres en anglais, surtout depuis 25 ans. Donc sa carrière est contemporaine de celle de Blutch (même si elle est plus agée ; excusez-moi de rapeller l’age de cette dame, mais il est précisé dans wikipedia !)

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          • Répondu le 10 décembre 2008 à  19:59 :

            François Pincemi,
            elle a fait des livres en anglais parce qu’elle est anglaise. Je crois que c’est la raison principale. Qu’en pensez-vous Monsieur Pincemi ?
            Elle commencé à publier avant Blutch. Mais ça ne veut pas dire qu’elle est morte ou qu’elle a arrêté le jour ou Blutch a commencé à publier à son tour. Merci de préciser qu’elle est sa contemporaine quand même. Tous les gens ne naissent pas la même année mais cela n’empêche pas à certains de pouvoir être contemporains de certains autres.
            J’ai cherché "François Pincemi" dans Wikipédia mais vous n’y êtes pas. Existez-vous vraiment où êtes-vous une invention d’Actua Bd pour animer les forums ?

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            • Répondu par François Pincemi le 11 décembre 2008 à  09:08 :

              Je ne comprends pas votre ton que je trouve désagréable de façon gratuite. Je m’étonnais seulement que seuls deux de ses livres soient disponibles en français (sur une bonne vingtaine d’ouvrages publiés en quelques vingt-cinq ans en Angleterre). Que la dame soit anglaise, irlandaise ou australienne ne change pas grand chose à la question, il faudrait d’ailleurs la poser aux libraires BD français qui préfèrent commander moult Titeuf, Lanfeust et Largo Winch. Qu’elle ait commencé à dessiner avant , pendant ou après Blutch ne change rien à son visuel de couverture (peut être choisi par un éditeur). Et je sais qu’elle est bien vivante, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit.
              Pour Wikipedia, ce site recense de nombreuses personnalités artistiques, économiques, politiques, etc. J’ai exercé pendant prés de quarante ans une profession juridique très prenante, donc je ne vois pas trop ce que j’irai y faire. Je pourrai à la limite rédiger moi-même une notice, mais je ne cherche aucunement à me faire mousser. Par rapport à la BD, je ne suis qu’un grand lecteur et collectionneur, cela depuis près de cinquante ans (j’ai été effectivement le témoin de l’émergence de ce genre en France), comme tant de millions d’autres sur des périodes plus courtes. Actuellement jeune retraité, je dispose d’un peu de temps, ce qui me permet de poster des messages. Cordialement

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              • Répondu le 12 décembre 2008 à  18:34 :

                Vivement que la retraite passe à 75 ans...

                Répondre à ce message

                • Répondu par François Pincemi le 14 décembre 2008 à  18:00 :

                  Ne vous inquiètez pas, cher ami ; vous êtes sans doute plus jeune que moi, vous aurez donc l’occasion d’en profiter, le moment venu. Economisez vos forces !

                  Répondre à ce message

  • le quotidien londonien The Guardian et non Gardian. Cordialement
    10 décembre 2008 13:57, par François Pincemi

    The Guardian et non Gardian. Cordialement

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