Le Shôjo ne se contente plus de son registre initial où des comédies romantiques aux contenus attendus étaient sensées captiver un public féminin. Il est devenu « un genre véritablement en phase avec les évolutions de la société » nous dit Akata. Et l’éditeur entend le prouver !
Ce dernier a choisi de faire paraître plusieurs titres qui en revisitent la tradition avec une distanciation marquée, voire intègrent des éléments de modernités très en vogue souvent détournés.
Parmi ces shôjo postmodernes, Daisy, Lycéenne à Fukushima de Reiko Momochi s’attache à un groupe de musiciennes adolescentes en butte aux adversités que leur oppose la vie. Refrain en apparence connu : mais le récit glisse en même temps immédiatement vers plus de profondeur puisque les protagonistes de cette fiction vivent à Fukushima, juste après la catastrophe... Les péripéties qu’elles connaissent s’inspirent d’entretiens réalisés sur place par l’auteure…
Changement total de thème avec Magical Girl of the End de Kentarô Satô, car on ose y prendre à contrepied la sacro-sainte icône du manga pour petites filles. Elle est accommodée à la sauce, ô combien populaire, des bandes dessinées de zombies parmi d’autres clichés à l’outrance systématisée et jubilatoire.
C’est, de fait, assez mortel : Walking Dead ou I am a Hero n’ont qu’à bien se tenir, et Akata promet que le scénario va en se bonifiant au fil des tomes. On en tremble d’effroi !
En se rassérénera avec Journal d’une Fangirl de Sanae Uno où l’auteur dissèque et réinterprète à sa façon « le succès inattendu des Boy’s Love », ces histoires aux contextes diversifiés décrivant des relations amoureuses entre garçons qui passionnent de plus en plus de Japonaises, et d’autres. Fille d’une épigone nippone de Barbara Cartland vendant beaucoup de romans sentimentaux, la lycéenne Sakurako lui dissimule être fan de ce que sa propre mère considère comme une « sous-littérature ». La rencontre dans un train de deux beaux adolescents et leur rapprochement sert de point de départ à une réévaluation habilement troussée du phénomène.
De son côté, Bienvenue au Club, comédie de mœurs enlevée sur un groupe de « freaks des temps modernes », antisociaux observant secrètement les relations amoureuses des autres élèves de leur classe, procurera l’occasion d’approcher sa créatrice Nikki Asada, présente à Japan Expo à l’initiative d’Akata.
Après s’être fait connaître par le biais du fanzinat (dôjinshi) et de sa convention monstre bisannuelle à Tôkyô (Comicket ou Comic Market), elle s’impose comme l’« étoile montante du shôjo mixte ». Le sien lorgne vers le josei plus adulte, voire le shônen pour adolescents masculins.
Elle suit, à sa manière, les traces de Fuyumi Soryô, qui s’est perfectionnée dans le shôjo avant de devenir une valeur sûre du grand magazine adulte Morning de l’éditeur Kôdansha.
Sa série historique sur la Renaissance italienne, Cesare (Ki-oon), prétend même au prix Asie de la Critique ACBD 2014 qui sera décerné à Japan Expo, aujourd’hui, le samedi 5 juillet.
(par Florian Rubis)
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En médaillon : couverture de Daisy, Lycéennes à Fukushima T1 / © 2014 Reiko Momochi & Akata
Bienvenue au Club T1 – Par Nikki Asada – Akata – 192 pages, 6,95 €
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