La publication simultanée de plusieurs albums vient confirmer cette tendance.
La nouvelle série de Jérôme Phalippou, Les Pieds sur Terre, s’articule autour de trois personnages dans leur milieu naturel : les alpages ! Le pitch exploite différents registres du comique et de l’autodérision en privilégiant un discours gentiment décalé et provocateur autour du développement durable.
La ravissante et sexy Fauvette n’hésite pas à payer de sa personne pour éduquer le jeune Castor aux principes et aux vertus de l’écologie au risque d’expériences et de situations pratiques. Pour compléter le trio, un compagnon à quatre pattes, l’Eterlou, sert tantôt de faire-valoir, tantôt de prétexte à une série de gags présentés sous forme de strips, d’illustrations pleine page ou de courts récits.
Un album pachwork à l’humour bon enfant, à la mise en page variée et inventive qui n’hésite pas au hasard des pages de pointer avec malice nos interrogations, nos craintes et surtout nos propres contradictions face au changement climatique. Sans prétention, voilà un album au graphisme sage (qui en rappelle d’autres) qui sert efficacement "la cause" sans jamais se prendre trop au sérieux, mais qui ne manquera pas de séduire les jeunes lecteurs.
Avec la série Lynx, dont nous avons déjà parlé ici, c’est au travers de la science-fiction que le thème est présenté. Le projet éditorial prévoit que chaque album permette de découvrir des mondes aux prises avec des catastrophes écologiques ou des bouleversements climatiques, points de départ d’intrigues rassemblées dans un one-shot autonome.
Dans ce second épisode les agents Bor et Annet du Département Interplanétaire de Prévention des Catastrophes Écologiques, dont les missions consistent à rétablir la démocratie, préserver les espèces et destituer les dictateurs, sont envoyés sur Sylezia 2.
Sur cette planète glacée, depuis quelques temps, d’étranges phénomènes se produisent : fonte des glaces, incendies gigantesques et cyclones destructeurs. L’exploitation d’un gaz à effet de serre, l’Ardium, y est peut-être pour quelque chose ; c’est du moins la piste explorée par nos agents spéciaux. Les dégâts écologiques sont d’autant plus alarmants qu’un gouvernement dictatorial vient de prendre le pouvoir et cherche à s’affranchir des réglementations environnementales.
Le scénario de Serge Perrotin efficace et rythmé s’inspire avec force de problématiques en prise avec notre actualité, sans négliger la psychologie des protagonistes, permettant ainsi au récit de rester captivant et crédible. La mise en images assurée par Alexandre Eremine est appliquée, notamment dans la représentation des scènes panoramiques ou de la faune de ces univers extra-terrestres.
Sur un mode plus grinçant et assez cynique, Toxic Planet présente un monde où la pollution est telle que tout le monde est obligé de porter un masque à gaz en permanence. Ça ne vous rappelle rien ?
En suivant les péripéties de Sam, citoyen ordinaire en couple avec une charmante jeune femme dont il n’a jamais vu le visage, assistons-nous au quotidien tragicomique d’une société prémonitoire ? David Ratte use d’un humour noir (très noir, parfois !) frappé au coin du cynisme et de la dérision.
« - C’est comme ça et puis c’est tout ! Et puis d’abord, qu’est-ce qu’on y peut ? » Ses personnages semblent aveugles, fatalistes, résignés… seul cet humour décalé semble en constituer le dernier signe d’humanité.
Inutile de préciser que cet univers particulier donne à ce recueil, dont les premiers gags furent publiés en 2006, une furieuse actualité. Si la COVID n’y est évidemment pas mentionnée, un bon nombre des gags rivalisent de sarcasmes et d’allusions à des problématiques largement évoquées ces derniers temps, du dérèglement climatique à la pollution urbaine. Autant de thèmes qui ne laissent pas notre auteur indifférent, dont on perçoit derrière la farce et la dérision l’engagement personnel.
En rééditant cette intégrale,, les éditions Paquet manient à la fois la provocation et l’ironie à travers un enchaînement de gags et de strips à l’humour ravageur, mais peut-être salutaire pour éveiller les consciences ?
Dans Jo et Moi, Léa & Nancy Delvaux ont choisi de nous décrire le quotidien d’un petit garçon et de son chien. Un gamin de 2021 concerné par les problèmes de la planète et du développement durable, dont la sœur est dresseuse d’ours polaires et les parents écolos font une activité bien particulière : consacrer chaque journée à construire un meilleur avenir pour la planète.
Cette série humoristique imaginée par des autrices venues de la littérature jeunesse fonctionne sur différents registres : humour, jeux, vulgarisation, sans négliger un aspect ludique et positif et une forme d’autodérision qui n’est jamais très loin. Pour les jeunes lecteurs, ce premier album favorisera une découverte de l’écologie de manière attractive et amusante.
Pas de doute, chez Paquet, la rentrée est placée sous le signe de l’écologie, il y en aura pour tout le monde !
Voir en ligne : Les éditions Paquet
(par Patrice Gentilhomme)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.