Quand on lit Pour l’Empire, on ne peut s’empêcher de penser à Major Fatal de Moebius (1979) dont Jacques Goimard disait qu’il était « un poème ». Il y a cette même liberté de trait : une apparente facilité graphique pétrie d’inventions ; des personnages formidablement campés, forts et fragiles, évoluant dans une terre énigmatique parsemée d’indices qui signifient tout et rien, et surtout un climat incertain, oppressant –comme dans Le Désert des Tartares de Buzatti- qui est un questionnement sur la finalité de la puissance : pourquoi conquiert-on ?, et surtout : que faire de sa conquête ?, laquelle devient un piège dont on ne peut se dépêtrer et qui modifie votre destin à jamais.
Le duo Merwan-Vivès est constant en audace et en vigueur et même si la séquence du dragon est plus faible que les précédentes, on reste séduit par le propos et les images superbes qui doivent beaucoup à la mise en couleurs exemplaire de Sandra Desmazières qui maîtrise les complémentaires et les matières avec intelligence et dextérité.
Pour l’Empire est sans conteste un triptyque marquant dans la production de ces dernières années.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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