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Pour leur 30ème anniversaire, les Humanoïdes Associés s’offrent Manara et quelques inquiétudes

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 14 mars 2005                      Lien  
La surprise est de taille : « HP et Giuseppe Bergman », la mythique BD qui paraissait dans « A Suivre » à la fin des années 70 quitte le label Casterman pour être publié par les Humanoïdes Associés. Mortel transfert, dirait Beineix ! Cette BD où l'auteur anime son double pour rendre un hommage appuyé à Hugo Pratt, était l'une des créations les plus marquantes de son époque. Tout un symbole.

Depuis, Manara a eu une carrière en dent de scie et si on lui reconnaît un talent incomparable pour dessiner les jolies filles, les promesses des débuts -une époque où il côtoyait Pratt et Fellini et obtenait d’eux qu’il lui fassent des scripts- ont fait place à tant d’œuvres médiocres que l’on ne se saisit pas de son nouvel album sans appréhension, même si, parfois, il suscite une curiosité, comme c’est le cas avec la série Borgia qu’il partage avec Jodorowsky.

Pour leur 30ème anniversaire, les Humanoïdes Associés s'offrent Manara et quelques inquiétudes
HP et Guiseppe Bergman
passe de Casterman aux Humanos.

En trente ans, les Humanoïdes Associés ont vécu bien des vicissitudes. Créées par un quarteron de créateurs géniaux au milieu des années 70, le label doit beaucoup à l’intelligence et à la folie de Jean-Pierre Dionnet et à sa productive complicité avec Moebius et Jodorowsky, suivis par une bande de jeunes prodiges comme Margerin, Serge Clerc, Arno ou Chaland. Une « Histoire de Métal Hurlant » devrait d’ailleurs être publiée ces prochains mois par Marmonnier et Poussin chez Denoël Graphic, occasion de se remémorer ces grands moments de la BD internationale.

Vissicitudes de l’édition

Borgia avec Jodorowsky
chez Albin Michel.

Mais las, le label, endetté à force de ne pas être dirigé par des gestionnaires, finit par être racheté par son imprimeur qui convertit ses créances en capital pour mieux préserver ses intérêts. Cette situation ne pouvait qu’être provisoire. L’imprimeur vendit le paquet à Hachette qui décida d’arrêter Métal Hurlant et qui revendit le label, au début des années 90, au jeune entrepreneur suisse Fabrice Giger. Le dynamique et ambitieux homme d’affaires a su adjoindre rapidement à cette première acquisition les signatures de Bilal, Tardi, ou Boucq, redonnant du dynamisme à l’ensemble, avec une promesse d’adaptation cinématographique de ses titres majeurs (Les Méta-Barons ont été optionnés pour le cinéma) et une diversification aux Etats-Unis, grâce à une joint-venture avec DC Comics. Sous la houlette de son éditeur Bruno Lecigne, déjà présent dans la boîte quelques années auparavant, le label prit du poids et même une réelle épaisseur. La vente du label au producteur Pierre Spengler, annoncée par un communiqué du 17 septembre dernier ne créa pas de surprise particulière, on était là dans une logique d’acquisition de catalogue destiné au cinéma.

Les Humanos ne seraient finalement pas vendus ?

Bruno Lecigne et François Boucq
à Agoulême en janvier 2005. Photo : D. Pasamonik

Sauf que la rumeur court les rédactions ces derniers jours. Cette acquisition annoncée en septembre ne se serait pas, selon nos sources, inscrites dans les faits. Cette rumeur, alimentée par le départ de certains auteurs (Yslaire signe son prochain projet chez Futuropolis, le dernier Jodorowsky/Manara, Borgia, a été signé chez Albin-Michel...), laisse entendre même que le dossier des Humanos serait à nouveau sur les bureaux d’acheteurs potentiels, parmi lesquels plusieurs éditeurs de BD. Du côté des Humanos, l’information ne filtre pas. On a entendu parler de la rumeur, mais on reste dans l’expectative. Il ne faudrait pas que cette indécision ternisse l’un des plus beaux fleurons de la BD française. A trente ans, les Humanos ont encore quelques belles années à vivre !

Ces rumeurs sont-elles les signes avant-coureurs d’une annonce qui serait faite à l’occasion du Salon du Livre de Paris qui ouvre ses portes jeudi prochain ? C’est possible. Nous vous tiendrons au courant.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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