Le dépit amoureux, sur son scooter, en direction de Marseille. Achille mélange tout pour noyer sa peine : occuper des vacances solitaires, ne pas ruminer dans son nouvel appartement, se plonger dans la vie d’un autre. En l’occurrence, un certain Nathan, de la cité phocéenne, auteur d’une lettre retrouvée sous le lino. Pendant ce voyage un peu absurde, Achille respire un peu, content de ses figures imposées : petites routes, nuits en camping. Arrivé à Marseille, c’est le moment ce commencer son enquête. Ou pas.
C’est un récit de deuil tout simple, à l’image du voyage d’Achille, évitant les sentiers battus. Tout en masquant sa déprime grâce à cette mission providentielle, notre amoureux blessé reprend pied et courage. Grégory Mardon ne cherche pas à lui donner des qualités exceptionnelles, ni à créer une rencontre de hasard qui viendrait panser ses plaies.
De rencontre, il n’y en aura qu’une, en fin de récit. Au milieu du road-movie décalé que constitue Prends-soin de toi, Mardon prend des libertés. Dans son dessin, ses échappées abstraites, ses illustrations du temps qui broie les journées, bonnes ou mauvaises. Paré de belles couleurs vives et construit avec maestria, l’album s’avale d’un trait, et ses dernières pages apaisantes (un même décor, qui change) offrent une brillante leçon de philosophie.
(par David TAUGIS)
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