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Pride of Baghdad - Niko Henrichon & Brian K. Vaughan - Panini Comics

Par Thomas Berthelon le 8 février 2007                      Lien  
Une horde de lions n'ayant jamais connu que le zoo s'aventure dans une ville en guerre, en quête de liberté. Ils découvrent que, dehors, c'est pire que la jungle... Un roman graphique sauvage servi par un univers visuel saisissant.

Durant les frappes aériennes américaines sur Bagdad en 2003, quatre lions s’échappent d’un zoo. Sachant ce qu’ils quittent mais ignorant tout du monde extérieur, ils vont s’interroger sur le véritable sens du mot "Liberté" : mieux vaut-il vivre paisiblement dans une prison, ou affronter l’inconnu et les dangers d’un environnement nouveau ?

Lorsqu’on commence la lecture de Pride of Baghdad, un certain scepticisme peut empêcher d’apprécier pleinement l’album. Des animaux réalistes héros d’une odyssée pour la survie, on a déjà vu cela dans L’Âge de glace, par exemple. Les dialogues sont plutôt bavards, et on peut se sentir confiné dans ce zoo dont on a vite fait le tour. Mais l’évasion des lions et les trois derniers quarts de l’ouvrage ont vite fait de dissiper ces quelques réserves.

Pride of Baghdad - Niko Henrichon & Brian K. Vaughan - Panini Comics

Le découpage offre de sacrés moments épiques et parvient, par son alternance entre compositions intimistes et superbes doubles-pages sans parole, à parfaitement rendre compte du combat intérieur de la horde, entre désir d’évasion et volonté de rester ensemble. Le traitement graphique de Niko Henrichon fait la part belle aux ambiances colorées presque monochromatiques réalisées sur les logiciels Photoshop et Painter, mais ponctuées par un trait laissé presqu’à l’état d’esquisse. La colorisation s’appuie également sur un rendu impressionniste, notamment dans la forêt où les ombres des feuilles et des arbres forment une multitude de taches sur les corps des animaux.

En réfléchissant sur le sous-texte de la BD, on peut remarquer le symbolisme du choix des lions comme protagonistes. Brian Vaughan s’est inspiré d’un fait divers effectivement survenu en 2003 pendant les frappes américaines, mais il s’est surtout servi du roi des animaux comme représentation du peuple souverain irakien, prisonnier du joug totalitaire de Saddam Hussein, puis libéré mais pilonné par les frappes aériennes. Vaughan a d’ailleurs judicieusement choisi le titre de son graphic novel en utilisant le mot pride qui signifie fierté, mais se retrouve aussi dans l’expression pride of lions, employée pour désigner un groupe ou une communauté de ces animaux.

Le tour de force de Pride of Baghdad est de saisir le lecteur aux tripes tant dans des scènes dialoguées prenantes (en relisant l’ouvrage, on se rend compte que les textes du début préparent parfaitement à la suite), que dans les sauvages parenthèses d’action. On ne peut que saluer la travail de documentation des auteurs de ce roman graphique, Vaughan et Henrichon s’étant beaucoup inspirés de photos disponibles sur nombre de blogs irakiens. La représentation des lions n’est bien sûr pas en reste, le dessinateur québecois les ayant dessinés sous tous les angles. L’autre grande qualité de Pride of Baghdad est de ne jamais tenter de rendre anthropomorphes (malgré un comportement humanisé, leur aspect reste réaliste) des lions qui, par la seule utilisation de cadrages parfaits et postures significatives, arrivent à faire passer des émotions obligeant le lecteur à s’identifier à chacun des lions de la horde.

(par Thomas Berthelon)

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7 Messages :
  • Il pourrait être interessant de signaler que c’est traduit avec les pieds dans un pseudo-français de d’jeun’s de niveau cm1 en cour de récré ?

    Une déception cruelle, une lecture gachée. Je revends ce livre et m’offre la v.o.

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    • Répondu le 10 février 2007 à  20:04 :

      Pour ma part, je ne trouve pas que c’est mal traduit... Je n’ai rien vu/lu de scandaleux...
      Faudrait peut-être se calmer.
      C’est la grand mode en ce moment, de trouver systématiquement toutes les traductions "pourries".
      En particulier les traductions Panini, y-aurait-il un racisme à l’encontre de Panini sur internet ? Je commence à le croire et ça me gonfle sérieusement....
      Peux-tu nous donner des exemples de traduction si foireuses, si scandaleuses que tu en as vomi ton déjeuner ? (enfin je suppose...)

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      • Répondu le 11 février 2007 à  17:33 :

        Effectivement, il faudrait peut être se calmer. Ce n’est pas systématique et ce n’est pas du « racisme » contre Panini. Les traductions de J. Manesse tiennent assez bien la route, celle de S. Vievard ou N. Duclos sont correctes la plupart du temps.

        Par contre, mettre 18 € dans un bouquin dont la lecture et l’émotion sont gâchées par la disparition quasi-systématique des négations dans les phrases, des registres de langage (soutenu, courant, familier…) inadaptés ou un appauvrissement des textes d’origine (et pas que pour des questions de place) a effectivement tendance à m’agacer prodigieusement, proportionnellement à l’impatience que j’avais de lire cette œuvre superbe de Vaughan et Henrichon dont j’avais déjà lu en V.O quelques pages.

        Concernant le français approximatif, je n’ai toujours pas d’explication sur le boycott des négations dans les phrases :
        - "Sois pas ridicule.../...C’est pas ton territoire !.../...Il est pas marqué.../...
        Moi, ça prend que 6 secondes.../... Me gueule pas dessus .../...Je peux plus .../... C’est pas un vrai lion.../...Ca va pas.../... Mais comptez pas sur moi.... etc... "

        A quoi correspond cette allergie aux NE ? Le vocabulaire utilisé est en décalage avec les registres de langage du lion : "se tirer, gueuler, se faire des films, un deal, on a foiré etc..." manquent singulièrement de noblesse. En comparant la V.O et la V.F, il y a beaucoup de perte dans la qualité des dialogues. Les lions adultes, ici symboles du passé menacés par la barbarie du présent, ont un langage assez marqué de noblesse, avec des phrases un peu recherchées, élaborées...

        Voici aussi quelques exemples d’appauvrissement du texte original et de problèmes de registre de langage :

        "What is that supposed to mean, Noor ?" = "Hein ?"

        "Yeah, well, there’s another old saying. You don’t look a gift horse in the mouth... you eat it." = "Et quand on t’offre un cheval... tu ne reste pas planté... tu le manges."
        ... alors qu’il y a un proverbe français qui dit "A cheval donné, on ne regarde pas la denture"...

        - "Go back to your stupid brothers, Bukk ! This isn’t your territory !
        - Hey, it wasn’t marked. Blame whatever pathetic gray mane is supposed to be protecting you girls.
        - Lay another paw on me, and I’ll take your manhood off with my teeth.
        - Ooo, that a promise ?
        - Bastard !".

        "-Rejoins tes cons de frères ! C’est pas ton territoire !
        - Il est pas marqué. Blâme plutôt le vieux censé protéger les femelles.
        - Repose une patte sur moi et je te castre de mes crocs.
        - C’est une promesse ?
        - Connard !".

        Quand je parle de français correct, je ne fais pas allusion aux "gros mots" mais à la forme des phrases. Les "gros mots" ne me gênent pas. Je n’aurais pas utilisé le mot "connard" car, dans le contexte de la scène, "salaud" me parait bien plus adapté. Et puis ça évite une répétition avec l’injure utilisée 3 lignes avant.

        Les exemples sont encore nombreux. Pour finir, il faut aussi remarquer que les premières éditions souffraient d’un dessin en quatrième de couverture très pixelisé, ce qui a été corrigé depuis. Par contre, pour des questions de format, les planches de Henrichon ont été coupées en haut et en bas de page.

        Tout cela explique donc ma déception et les nombreux reproches que je fais à cette édition française qui était pourtant pleine de promesse et qui semble avoir été traitée un peu par dessus la jambe !

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        • Répondu par François Peneaud le 11 février 2007 à  17:57 :

          Les exemples que vous donnez semblent effectivement assez embêtants (je n’ai pas vu la VF, je n’ai donc pas d’avis sur la question).

          Quant au problème du format, ce n’est pas la première fois qu’un comic traduit est coupé. C’est un problème de rapport longueur/largeur, et si l’éditeur français veut absolument publier l’album dans le format album BD, il n’a pas trop le choix.
          D’où l’importance de respecter le format d’origine.

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          • Répondu par jpr75 le 11 février 2007 à  23:32 :

            De mémoire, Pride of Baghdad fut publié aux States au format graphic novel. Alors que l’également superbe We3 (Morrison-Quitely) a été publié sous forme de mini-série de comics, avant d’être repris en TPB (toujours au même format, en centimètres). Mais là, Panini a sans doute voulu rendre hommage à la beauté du dessin en le mettant au format franco-belge.... comme c’est la coutume chez cet éditeur pour les séries en albums Ultimate Spider-Man et X-Men.
            On peut quand même se demander à quoi riment ces changements. Pour la traduction, les mêmes défauts ont hélas été observés dans le cadre de traductions de super-héros Marvel...

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    • Répondu par jpr75 le 10 février 2007 à  20:15 :

      Il faudrait quand même signaler à panini que les comics Vertigo sont écrits de façon adulte et littéraire. Le soin apporté à la traduction doit contribuer au plaisir de lecture. Sinon, il faudra continuer à lire les comics en VO.

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      • Répondu par Michel Dartoche le 13 mars 2007 à  22:07 :

        C’est ce mois ci dans les comics panzaniens.

        Petite citation : " Et si certaines maisons d’édition cherchent encore leur identité, Panini comics atteint aujourd’hui un niveau de maturité et d’excellence trés largement mérité"

        C’est à la fin du premier paragraphe du début des 8 pages Spécial "10 ans de Panini comics", en vente dans tous les kiosques.

        Trop drôle et trop modeste !

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