C’est à l’Observatoire de la Capitale que s’est déroulée la 27e Cérémonie de remise des prix Bédéis Causa, qui soulignent l’excellence de la bande dessinée québécoise. En cette année de compétition très relevée, c’est Zviane qui est repartie avec les grands honneurs. Son album Les deuxièmes (Pow Pow) s’est mérité le Grand Prix de la Ville de Québec, décerné au meilleur album publié dans la Belle Province en 2013. Son récit – qui a le mérite de présenter la toute première partition musicale sexuelle de l’histoire de la BD – l’emporte ainsi devant L’Amérique ou le disparu de Réal Godbout (La Pastèque), Kissinger et nous d’Ami Vaillancourt et Bruno Rouyère (Glénat Québec), Vil et misérable de Samuel Cantin (Pow Pow), ainsi que Promise t.1 : « Le livre des derniers jours » de Mikaël (Glénat Québec).
Le Prix Albéric-Bourgeois, qui récompense le meilleur album publié à l’étranger par un artiste québécois, revient à Julie Rocheleau, illustratrice de La colère de Fantômas t. 1 : « Les bois de justice » (Dupuis). Elle coiffe ainsi au passage le tandem Delaf-Dubuc (Les nombrils t. 6 : « Un été trop mortel », Dupuis), ainsi que Djief (Le crépuscule des dieux t. 7 : « Le grand hiver », Soleil).
Le prix Réal-Fillion (meilleur premier album professionnel publié au Québec) revient à un quatuor : Fabien Dreuil, Xavier Hardy, Simon Leclerc et Anouk Pérusse-Bell ont été récompensés pour leur western Nevada t. 1. Les autres finalistes, dans cette catégorie, étaient Julien Paré-Sorel (Léthéonie, Front Froid), de même que Vaillancourt et Rouyère.
Le Festival de la BD francophone de Québec a choisi d’honorer, cette année, les 15 ans de la série Paul (La Pastèque) en décorant son auteur, Michel Rabagliati, du Prix Hommage Albert-Chartier. L’œuvre de Rabagliati a connu des sommets en 2010 avec Paul à Québec. En plus de conquérir de larges pans du public québécois (dont plusieurs lecteurs néophytes en matière de bande dessinée), l’album s’est mérité le Prix du public au Festival international de la BD d’Angoulême. Le Prix Hommage Albert-Chartier vient donc souligner le rayonnement international que Michel Rabagliati a su apporter au Neuvième art.
Le principal intéressé se dit surpris de cette distinction : « Je conçois que oui, c’est vrai, Paul, a été quelque chose. Mais si ça n’avait pas été moi, ça aurait été quelqu’un d’autre. À la fin des années 1990, on sentait que quelque chose allait se passer. Le monde de l’édition a changé. On s’est davantage intéressé aux histoires longues. Le pan bande dessinée adulte a commencé à se développer. Des gens ont sauté dans le train, dont moi. Mais je ne suis ni le premier, ni le dernier. C’est tout simplement une évolution pour le médium. Et cette récompense est charmante. »
Quand vient le temps d’expliquer le succès foudroyant de Paul au Québec, Michel Rabagliati l’attribue en grande partie à la féminisation de son lectorat : « C’est une série familiale, ça intéresse les enfants et aussi les femmes, ce qui est nouveau en bande dessinée. Je pense que c’est peut-être la clé : le lectorat féminin s’est intéressé à la bande dessinée, alors qu’il avait auparavant été laissé de côté. Les femmes ne sont pas très acheteuses de bande dessinée habituellement. Avec la série Paul, ça a changé. Et après Paul, une femme pouvait acheter, par exemple, Persepolis, un livre de Zviane ou d’Iris. Ça a ouvert la porte à la bande dessinée pour adultes. »
À l’international, le jury a choisi de décerner le prix Maurice Petit-Didier (meilleur album francophone publié à l’étranger) à Tyler Cross (Dargaud) de Fabien Nury et Brüno. Enfin, l’Américain Derf Backderf (Mon ami Dahmer, Ça et là) s’est vu remettre le tout premier Prix Traduction des Bédéis Causa.
(par Marianne St-Jacques)
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