Gwen de Bonneval est né à Nantes, en Loire-Atlantique, Fabien Vehlmann à Mont-de-Marsan dans les Landes, les deux auteurs seront passés chez Spirou avant de s’associer pour créer la série Samedi et Dimanche chez Dargaud, une histoire de deux lézards vivant sur une île qui décident un jour de partir dans une quête d’identité. Ils poursuivent leur carrière chacun de leur côté, mais se croiseront à plusieurs reprises.
En 2006, Fabien Vehlmann lance la série jeunesse à succès Seuls aux éditions du Lombard, avec le dessinateur Bruno Gazzotti, un titre qui sera connaîtra une adaptation au cinéma en 2017 et qui avait remporté un Fauve jeunesse au Festival d’Angoulême dix ans auparavant.
Parallèlement à Seuls, il lance le label Une aventure de Spirou et Fantasio par... chez Dupuis, en scénarisant Les Géants pétrifiés avec Yoann au dessin, le premier tome de cette série anthologique qui verra ensuite passer certains des plus grands auteurs de bandes dessinées tels que Zidrou, Yann, Yves Sente... et bien évidemment Émile Bravo. Quelques années plus tard, en 2010, Vehlmann et Yoann sont choisis pour être l’équipe créative de la série principale Spirou et Fantasio, ils collaboreront sur cinq tomes. Plus récemment, il transforme Spirou en super-héros via la série Supergroom, toujours avec Yoann au dessin, dont le premier tome est attendu en librairie pour février 2020.
Vehlmann poursuivra à côté de ces séries très commerciales, un travail sur des séries plus personnelles comme Paco les mains rouges avec Éric Sagot chez Dargaud et des one-shots comme L’Herbier Sauvage dans la collection Noctambules de Soleil avec des dessins de Chloé Cruchaudet ou Les Derniers jours d’un immortel chez Futuropolis qui sera sélectionné lors du FIBD 2011 et remportera en 2010 un Shériff d’or ainsi que le prix du meilleur album aux Utopiales de Nantes. Un album pour lequel il retrouvait d’ailleurs... Gwen de Bonneval.
Depuis Samedi et Dimanche, Bonneval, le créateur de la revue Capsule Cosmique chez Milan, s’était illustré sur dans Spirou Messire Guillaume avec Matthieu Bonhomme, une série qui lui vaut d’être primé à Angoulême en 2010. Il écrit ensuite Les Racontars, aux éditions Sarbacane, sur des dessins de Hervé Tanquerelle, qu’il retrouve également sur Le Dernier Atlas. Il collabore aussi avec Hugues Micol sur Bonneval Pacha, une série biographique publiée par Dargaud, à propos de Claude Alexandre, comte de Bonneval, un officier Français à la vie mouvementée ayant notamment vécu en Turquie au XVIIIe siècle, et dont Gwen de Bonneval est un lointain neveu. Une série qui avait marqué ActuaBD à l’époque, « Voilà une bande dessinée d’aventure dont on ne se lasse pas de tourner les pages et qui ne vous décevra pas. » écrivait Didier Pasamonik à l’époque.
En 2013, Fabien Vehlmann et Gwen de Bonneval, associés à Hervé Tanquerelle, Cyril Pedrosa et Brüno fondent Professeur Cyclope, une revue numérique de bande dessinée qui « se positionne dans le segment de la BD ado-adulte et ne s’interdit aucune forme de narration graphique. Au sommaire du premier numéro, on retrouve donc des bandes en cases, du scrolling, du turbo média,… et un supplément polymédia, contenant du rédactionnel et des expérimentations diverses. Tous les projets ne sont pas nativement numériques, mais tous sont pensés pour être parfaitement lisibles sur les supports tactiles. »
Cette année, les deux artistes se sont à nouveau réunis, accompagnés de Hervé Tanquerelle et Fred Blanchard, pour nous livrer Le Dernier Atlas, premier tome sur trois d’une séduisante uchronie française où, dans les années 1970, des robots géants, les Atlas, servaient à d’immenses chantiers et ont notamment été impliqués dans la guerre d’Algérie, avant d’être démantelsé suite à incident. De nos jours, alors qu’une catastrophe naturelle sans précédent se profile, Ismaël Tayeb, figure du crime nantais, se retrouve à devoir bosser pour un gros caïd. Sa mission ? Voler et remettre en marche le dernier Atlas.
Un album qui, en dépit de ses qualités évidentes, n’avait pas su pleinement convaincre notre chroniqueur David Taugis, il reprochait un récit ayant « du mal à sortir de certains stéréotypes : les caïds pervers et crétins -qui pourtant ont du pouvoir-, une journaliste forcément débrouillarde et téméraire, un voyou qui pourrait faire autre chose mais bon.... » et une intrigue qui « ne profite pas du pitch plus qu’original lancé au départ. Sans compter des personnages secondaires un peu pâlots, en particulier les policiers, relativement inconsistant », il saluait cependant « les décors et le soin apporté au découpage, ou encore la précision des trognes qui défilent d’une planche à l’autre. » On suppose qu’avec la suite, ces appréhensions se dissiperont.
Le jury du Prix Goscinny n’a pas hésité. Il défend un récit qui « cherche à faire bouger les lignes de la bande dessinée de genre. [...] cette odyssée uchronique refuse les standards pour mieux déployer son intrigue aux multiples ramifications. Le contexte politique de la Guerre d’Algérie et l’ampleur de son dispositif confirment cette ambition. Pour toutes ces raisons, le Prix Goscinny a souhaité récompenser cette création qui conjugue l’académisme, l’ancrage dans une tradition, avec de nouveaux formats et de nouvelles écritures. »
Les deux auteurs se verront remettre le Prix René Goscinny -une sculpture de Robert Combas -lors de la remise des Fauves du FIBD 2020, le samedi 1er février à 19h au Théâtre d’Angoulême.
Voir en ligne : Le Derniers Atlas sur le site des Éditions Dupuis
(par Vincent SAVI)
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Le Dernier Atlas - Fabien Vehlmann & Gwen de Bonneval (scénario) - Hervé Tanquerelle (dessin) - Laurence Croix (couleurs) - Fred Blanchard (design) - cartonné - 28x21 cm - 232 pages - Dupuis - 24,95 € - sortie 15 mars 2019