Les deux Prix seront délivrés lors de la cérémonie de remise des Fauves du FIBD à Angoulême, le samedi 29 janvier 2022. Le premier est désormais bien connu : le Prix René Goscinny du Meilleur Scénario, remis avec un trophée en bronze original numéroté réalisé par l’artiste Robert Combas, récompense un scénariste de bande dessinée pour l’ensemble de son œuvre ou pour un album paru dans l’année dont il a été exclusivement l’auteur du scénario.
Cette année, l’Institut l’a décerné à Madeleine Résistante T. 1 : La Rose dégoupillée de Madeleine Riffaud, Jean-David Morvan et Dominique Bertail, auquel nous avons consacré deux podcasts, visibles ici et là.
Décerné par un jury choisi par l’Institut et le festival après étude des albums qui lui ont été adressés par les maisons d’édition, les lauréats se voient remettre un trophée à Angoulême ainsi qu’une somme de 2 500 €. En outre, une exposition soutenue par l’Institut René Goscinny lui est entièrement consacrée l’année suivante dans le cadre de la programmation officielle du Festival.
Ce prix n’intervient pas par hasard cette année. D’abord parce que la principale création de René Goscinny, Astérix, symbolise sans conteste la résistance en général (pas De Gaulle, pour le coup...) : « Toute la Gaule est occupée par les Romains… Toute ? Non. Un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours et à l’envahisseur… » et parce que l’autrice primée, Madeleine Riffaud, 97 ans, est quant à elle une des dernières figures de la Résistance, connue ensuite pour sa carrière de reporter et de journaliste de haut vol.
Est-ce pour cela que lors de la conférence de presse, Aymar du Chatenet, timonier de l’Institut Goscinny, avait des airs presque gaulliens ?
C’est aussi une consécration pour Jean-David Morvan. Né en 1969, il est l’un des scénaristes de BD les plus prolifiques de sa génération. Il s’est d’abord essayé au dessin mais abandonne rapidement les études pour devenir scénariste. Il publie ses premiers textes dans un fanzine où il rencontre Yann Le Gall avec qui il écrit en 2001 la série Zorn et Dirna. En 1994, il publie Nomad avec Sylvain Savoia. La série Sillage, commencée en 1998 avec Buchet au dessin, est son premier grand succès. Il est également l’auteur des séries Troll, HK, Al Togo, Reality Show et Je suis morte. En 2009 il remporte un Silver Award au Prix international du manga pour l’album Zaya. En 2013, chez Glénat, il donne une suite à la série Nomad avec un second cycle qu’il intitule Nomad 2.0, cette fois-ci dessiné par Julien Carette. Chez Glénat également, il scénarise Sherlock Fox (dessin de Du Yu), SpyGames (dessin du prodige coréen Jung-Gi Kim) dont une suite est attendue en 2022, puis vient la série à succès Irena (dont l’intégrale vient de sortir chez Glénat), Ravage, Les Croix de bois adapté de Roland Dorgelès (chez Albin Michel), les albums de la collection « Ils ont fait l’Histoire » consacrés à Jaurès et Louis XIV, un titre de la série Conan le Cimmérien et toutes les adaptations des ouvrages de Vernon Sullivan (alias Boris Vian), et on en passe...
Suractif comme a pu l’être Goscinny, il a grâce à Madeleine, Résistante publié dans la collection Aire Libre de Dupuis, mit la grande résistante et journaliste en lumière notamment grâce à ce Prix Goscinny. Admiration et respect.
Mais, si ce Prix vise à mettre en avant le métier de scénariste, l’Institut Goscinny estime que celui-ci reste mésestimé et mis en retrait par rapport à leurs collègues dessinateurs, la bande dessinée étant davantage considérée comme un art graphique que littéraire. L’Institut a ainsi publié une déclaration enflammée sur son site pour introduire l’apparition du nouveau Prix :
Le Prix René Goscinny – Jeune Scénariste, issu d’un partenariat entre l’Institut Goscinny, le FIBD et l’association Moselle Arts Vivants, voit ces derniers réunir un jury [1] pour sélectionner un vainqueur annuel. Pour cette première édition, les lauriers reviennent à Raphaël Melitz et Louise Moaty, scénaristes de l’album Des Vivants dessiné par Simon Roussin, aux éditions 2024.
On connaît de mieux en mieux le beau graphisme de Simon Roussin (que quelques zozos dans nos forums qualifiaient naguère d’ "enfantin"). On connaît moins ces deux scénaristes qui sont aujourd’hui mis en lumière. Les révéler au public, c’est à cela que sert ce prix.
Ils recevront ainsi le trophée lors de la cérémonie du Festival à Angoulême, ainsi qu’une dotation de 2 500 euros. De plus, le lauréat du Prix René Goscinny du Jeune Scénariste sera l’invité d’honneur du Festival de la bande dessinée du Château de Malbrouck.
(par Auxence DELION)
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Acheter Des Vivants de Raphaël Meltz, Louise Moaty et Simon Roussin, aux éditions 2024. chez Cultura
[1] Le jury du Prix René Goscinny 2021 était composé de : Anne Goscinny, présidente de l’Institut René Goscinny, Sonia Deschamps, directrice artistique du FIBD, Marc Léonard, directeur de Moselle Arts Vivants, Loo Hui Phang, autrice et lauréate du Prix René Goscinny 2021, Philippe Graton, auteur, photographe, Julien Rappeneau, réalisateur, scénariste, Mathieu Sapin, auteur, Pascal Ory, historien, membre de l’Académie française.