Avec le travestissement comme point de départ, Prunus Girl s’empare de la comédie romantique de manière ludique et décomplexée. L’émoi amoureux éprouvé par Maki et l’ambivalence du désir suscitée par Aikawa prennent là, avec ce personnage féminin/masculin, un tour détonnant.
À partir de ces composantes, le premier volume de Prunus Girl revisite de manière originale des motifs classiques de comédie scolaire : scène sur le toit de l’établissement, escapade balnéaire, session de recrutement par les clubs de sport, etc.
Pour l’heure, l’intrigue se résume au questionnement sur l’identité sexuelle d’Aikawa, et l’on reste dans le "Slice of life", le genre de la chronique du quotidien de personnages donnés.
Le dessin sert habilement, de manière directe, le propos : impossible de ne pas voir Aikawa comme une fille, étant donné son design, ses tenues, ses attitudes. C’est efficace, amusant, et le lecteur, pris dans la contradiction manifeste entre les affirmations du personnage ("je suis un garçon") et son comportement (("je suis une fille") en vient à passer, comme Maki, par la gêne, l’amusement, le trouble et la fascination.
Le titre est catégorisé shojo par Soleil Manga, certainement du fait de sa tonalité de romance légère. Cela semble aussi un appel vers le lectorat de base de l’éditeur, majoritairement féminin et attentif aux sorties shojo. Il n’en reste pas moins que Prunus Girl relève davantage, par plusieurs aspects, du shonen : dessins, traitement de l’action et surtout point de vue adopté, qui est celui d’un héros, masculin.
De fait ce premier manga de Tomoki Matsumoto est susceptible de plaire à un lectorat assez large, simplement curieux d’un manga malin, drôle, et aux héros très sympathiques.
(par Aurélien Pigeat)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.