La Psycho Bank constitue une institution aussi secrète qu’étrange. On ne peut y ouvrir un compte que sur invitation et en y déposant une véritable fortune. En échange, le propriétaire du compte se voit offrir une carte d’un genre particulier lui octroyant une capacité psychique dont chaque utilisation coûte une certaine, et conséquente, somme d’argent.
Psychokinésie, pyrokinésie, manipulation, etc. Au total, huit pouvoirs paranormaux différents sont disponibles, faisant de l’individu un surhomme. Mais au risque de son existence même : dès lors que le compte devient débiteur, c’est avec sa vie que le client paie le recours à son don.
Mirai découvre l’institution suite à la mort suspecte de son père. Un suicide qui n’a pas de sens, dont il découvre rapidement une cause criminelle. Dans le même temps, son héritage le conduit à ouvrir un compte à la Psycho Bank afin de traquer l’assassin de son père et d’élucider ce mystère. Mais bien évidemment, ceux à l’origine de cette mort ne reculeront devant rien pour empêcher Mirai d’atteindre la vérité, à commencer par lâcher à ses trousses une horde de meurtriers aux capacités surhumaines...
L’intrigue, basique, entre enquête et vengeance, tourne rapidement à la mise en scène de confrontations entre le héros et ceux engagés pour le stopper. Les personnages, archétypaux, n’insufflent pas pour le moment d’identité propre à ce titre qui brasse des idées et motifs dans l’air du temps de la production seinen actuelle, même si le concept de la Psycho Bank est intéressant en soi.
Mais, outre un dessin fin et élégant, le manga de Naoki Serizawa se distingue par le pouvoir que se choisit le héros, pouvoir qui sort lui des sentiers battus. Ce choix confère une dynamique propre au récit et même à sa narration puisqu’il met en jeu la temporalité. Transformant sa carte en objectif faisant défiler son ses yeux le passé, Mirai reconstitue scènes de crime et événement suspects.
Instrument d’enquête pointu, ce pouvoir ne paraît pas idéal lors des phases d’action. Il faut donc au héros déployer des trésors d’inventivité pour créer des situations qui lui soient propices… et surprennent ses poursuivants comme le lecteur qui épouse souvent en fin de compte le point de vue de ces derniers lors des moments décisifs. On tient donc là la subtilité, assez sympathique, d’un titre par ailleurs malheureusement un peu trop convenu.
(par Aurélien Pigeat)
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Psycho Bank T1 et T2. Par Naoki Serizawa. Pika Édition, collection Seinen. Sorties les 17 avril et 26 juin 2019. 216 pages. 8,20 euros.