Le groupe Condor fabrique et veut revendre l’EMC, une drogue qui décuple la force et annihile la peur ou la douleur. Une saleté qui transforme n’importe qui en psychopathe sanguinaire surpuissant et inarrêtable. Persécutés, harcelés et massacrés par le Punisher depuis le tome précédent, les membres de ce groupe sont désormais en fuite et tentent tant bien que mal de sauver les meubles face au monstre qui détruit tout sur son passage.
Même si ce tome devient répétitif au fil des pages, la scénariste Becky Cloonan, dont on a pu voir le travail sur Gotham Academy, définit à merveille, sur une simple ligne de dialogue, l’essence même ce héros. Ainsi lorsqu’un ennemi chargé à l’EMC se demande pourquoi tout le monde craint tant le Punisher et que ce dernier lui rétorque, en l’empalant au passage, que lui n’a pas besoin d’EMC. Autrement dit, qu’il est naturellement un psychopathe sanguinaire surpuissant et inarrêtable.
Durant ses années à dépeindre le Punisher, Steve Dillon a poussé à l’extrême la rudesse et l’agressivité du personnage, le représentant dans la quasi totalité de ses planches avec un visage empli de haine. Bien sûr à la mort tragique de ce dernier et malgré les efforts de ses remplaçants Laura Braga et Matt Horak, la fin de cet arc narratif perd de son intérêt. Cela est peut être dû au deuil de l’équipe artistique, mais on sent clairement une perte de créativité pour cette conclusion. Le scénario se résume à un enchaînement de combats et d’explosions au détriment du reste.
Quant au traitement graphique, on sent une volonté louable mais peu judicieuse de rester fidèle au style de Steve Dillon. Perdant de fait tout caractère, le résultat apparaît fade surtout quand on imagine le choix inverse d’assumer pleinement la perte du dessinateur et de se tourner vers un trait radicalement différent. Les artistes auraient pu alors s’emparer du personnage à leur manière et lui apporter une nouvelle dimension plus personnelle.
(par Mathieu Drouot)
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