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Qu’attend ce gouvernement pour rouvrir les librairies ?

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 8 avril 2020                      Lien  
Toute l’édition française est à l’arrêt, confinement oblige. Mais nous sommes bientôt à un mois à ce régime. Si une certaine pédagogie (distanciation, masques, lavage des mains, gestes barrières, éviter les rassemblements inutiles…) toujours s’avère nécessaire, pourquoi continuer à entraver l’activité des libraires qui, comme les épiciers et les pharmaciens, peuvent adapter leurs pratiques aux conditions sanitaires ?

Le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire l’envisageait dès le 19 mars : réfléchir à des règles rigoureuses qui « permettraient aux librairies de continuer à ouvrir sous réserve ». Apparemment, le Syndicat de la librairie française s’y était fermement opposé…

De son côté, l’éditeur Antoine Gallimard prédisait il y a quelques jours dans une interview à Livres Hebdo « une vague de faillites » sans précédent dans la chaîne du livre.

Et de fait, indépendamment d’une aide de l’État que d’aucuns souhaitent massive, pourquoi ne laisse-t-on pas les libraires rouvrir et se protéger au lieu de les laisser crever tandis que les géants du numérique se gavent en toute impunité ? Pourquoi laisser ouverts les kiosques et pas les librairies ?

Qu'attend ce gouvernement pour rouvrir les librairies ?

Cela donne des situations absurdes : certains supermarchés pourvus d’un petit rayon de librairie ou les marchands de journaux qui offrent un service de papeterie et de librairie restent ouverts tandis que les libraires ferment. Résultat : toute la filière de l’édition est à l’arrêt.

Marc Filipson, le libraire Filigranes à Bruxelles. Interdit de "Take Away"...

Une solution intermédiaire

Si plein de fonctions éditoriales ou commerciales peuvent se faire par télétravail, la livraison de livres peut très bien perdurer, par exemple par un système de Drive-In où le comptoir serait attenant à la porte, avec des protections similaires à celles qui s’opèrent dans les pharmacies ou dans les épiceries. Cela installerait un filet d’activité qui permettrait surtout aux petits points de vente -surtout gérés par des indépendants- de survivre.

Certains libraires avaient déjà tenté de prendre les devants. Ainsi la librairie Filigranes à Bruxelles qui, mettant en avant le concept de "Libraire de garde" comme il existe des "Pharmaciens de garde", avait tenté de mettre en place une formule de "Take Away" qui permettait de venir prendre ses livres sans prendre le risque d’être contaminé. Hélas, Godverdomme-Scrogneugneu, les pandores belges ne l’ont pas laissé faire ! Les envois se feront par la poste.

Car c’est gentil de promettre des milliards -qui le plus souvent ne sont que des prêts- mais ce sont les grosses et moyennes structures qui sont le plus armées pour remplir la paperasse administrative que vont exiger de telles aides. Le libraire de proximité de quartier ou des petites villes de province est bien désavantagé face à ces commerces qui profitent à plein de la crise.

Ces gens-là, il faut les aider et financer davantage leur fourniture en masques et en matériel de protection, histoire que les livres continuent à circuler en attendant que la situation sanitaire s’améliore. Entre la résistance et la mort, il faut toujours choisir la résistance.

On peut aussi compter sur la créativité des lecteurs pour porter des masques et un équipement prophylactique appropriés.
Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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24 Messages :
  • Qu’attend ce gouvernement pour rouvrir les librairies ?
    8 avril 2020 16:09, par kyle william

    Si on rouvre les librairies, il faut rouvrir tous les établissements de la filière culturelle. Ça n’est pas compatible avec le confinement.

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    • Répondu par evariste blanchet (Bananas) le 8 avril 2020 à  18:22 :

      Si j’en crois les premieres réactions que j’ai pu lire après la déclaration du ministre de l’économie, les libraires étaient contre une réouverture, accusant le ministre de mettre en danger la vie des vendeurs et manoeuvrant peut-être pour éviter de devoir leur payer des indemnités de chômage partiel.
      Si il y a évidemment des tensions au niveau de l État entre ceux qui sont en charge de la santé et ceux qui sont en charge de l’économie (tensions normales qui n’ont rien de scandaleux ), peut-être que le problème vient aussi des libraires eux-mêmes, dans l’hypothèse où leur syndicat est bien représentatif de l ensemble de la profession.
      Personnellement, je n’ai pas d avis tranché sur la question, parce que si, en tant que lecteur (j’achète tous mes livres chez des libraires indépendants ) et en tant qù éditeur de Bananas, je préférerais des boutiques ouvertes, la question de la santé des uns et des autres me paraît prioritaire. Toute la difficulté étant de savoir si cette sante pourrait être suffisamment préservée par l’observation des règles suivies pour les commerces autorisés ou s’il s’agit d’un risque supplementaire inutile. Dans le doute, je préfère m aligner sur l’avis majoritaire des libraires. Il serait intéressant de pouvoir lire leur(s) point(s) de vue sur ce site.

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    • Répondu le 8 avril 2020 à  19:17 :

      Cela fait des années que des auteurs et autrices, arrêtent leurs carrières par manque de considération ou vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le Covid-19 n’a pas précipité la chute de la filière du livre, mais a mis en exergue un système éditorial à bout de souffle.

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      • Répondu par denis le 8 avril 2020 à  20:30 :

        Ce n’est pas raisonnable d’ouvrir des commerces qui ne sont pas absolument vitaux. Si on était absolument certain que 100% des libraires et des clients prennent les précautions totales, ce serait possible mais ce n’est pas le cas d’une toute petite minorité d’individus et cette minorité ne peut pas mettre en danger le reste de la population et retarder la fin du confinement. Pour preuve l’exemple des écervelés qui voulaient partir en vacances récemment :(

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  • Il y a une vraie concurrence déloyale avec les plateformes en ligne et les grandes surfaces et leurs rayons librairies... c’est interpellant.

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  • Bonjour,
    En temps que libraire je souffre un peu de voir mes produits classés en "non prioritaire". Mais tout ceux qui passent un peu de temps dans un magasin savent que ce sont des nids à microbes. Vous retourner combien de livres pour en choisir un ? 5 ? 10 ? Je ne peux pas suivre les clients à la trace pour passer du gel derrière chacun. Et c’est sans compter les enfants qui mettent tout à la bouche. Les clients sont loin d’être tous respectueux et responsables, je ne suis pas sûr de leur faire confiance pour assurer ma sécurité et celles des autres. La librairie étant souvent un magasin où on va passer du temps en famille.

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    • Répondu par evariste blanchet (Bananas) le 9 avril 2020 à  09:56 :

      Je comprends également votre point de vue. En effet, l’avantage d aller en boutique est de pouvoir déambuler et toucher (avec delicatesse) les livres. Mais de même que notre manière de rentrer dans une boulangerie a changé légèrement, rien n interdirait d adapter également notre comportement pour entrer dans une librairie. Par exemple : décider avant d entrer quel livre l on veut acheter, sans toucher aux autres livres et en re sortant très vite de la boutique pour laisser place au client suivant. (Dans la mesure, bien entendu, ou l’on estime que ce n’est pas un risque au point de vue de la lutte contre le virus : voir ma contribution d’hier. )
      Quel intérêt alors d aller en boutique alors que l’on perd le plaisir de la déambulation et de la découverte ? Soutenir les libraires qui sont d’une très grande fragilité !
      Même si la vente en ligne peut avoir des avantages que je ne nie pas (mais ne pas oublier que des libraires indépendants vendent aussi parfois en ligne !), notre réseau de librarie est une richesse qu’ il faut préserver. C’est pourquoi, même si je vends ma micro revue Bananas sur mon site (bananas-comix), et toujours actuellement, même si c’est réduit à certains titres et à la métropole, j’ai bien pris soin de demander à mes acheteurs qui ont l habitude de l acheter en librairie de différer leur achat jusqu’à leur réouverture.

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  • Qu’attend ce gouvernement pour rouvrir les librairies ?
    9 avril 2020 00:53, par mmarvinbear

    Cela va, la tête ?

    Comment vous pouvez comparer une pharmacie ou on ne rentre pas avec une librairie ou l’on déambule et ou on touche à tout ? Ici, le pharmacien prends juste l’ordonnance et la CV et on attend qu’il nous donne le sac sans rentrer ni toucher quoi que ce soit.

    Quand à Internet, désolé, mais ni Amazon ni la FNAC ne sont responsables du fait que les boutiques nous poussent à aller chez eux. Qu’ils n’aient pas tout le fond, c’est normal, vu la place. Mais quand le libraire vous dit "j’ai pas" et vous répond "on fait pas ça" quand on lui demande s’il peut le commander et le faire livrer, qu’ils ne viennent pas se plaindre que d’autres en fassent plus qu’eux.
    Le commerce, c’est la concurrence, pas le soviet ou le kholkoze littéraire.

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    • Répondu par evariste blanchet (Bananas) le 9 avril 2020 à  09:28 :

      Je comprends votre point de vue mais est-il generalisable ? Mon expérience personnelle est l’inverse de la vôtre : mon libraire me donne envie de retourner chez lui (et pourtant ca me prend 3/4 h par trajet en transport en commun).

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      • Répondu par anthonyAB le 9 avril 2020 à  22:15 :

        Evariste blanchet .. mais tu es inconsciente ou quoi. Tu dois vivres sur autre planète où il y a un vaccin. Mais tout ça c’est dans ta tête. Redescend sur terre et reste chez toi

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  • Qu’attend ce gouvernement pour rouvrir les librairies ?
    9 avril 2020 06:26, par Dominique Veret

    Les précautions basiques sont largement identifiées. Suffit donc d’être discipliné. Comme au Japon, en Corée, Taiwan et d’autres pays. Faut arrêter de se chier dessus et de subir comme les moutons. Après tout ce sont les mangas qui n’arrêtent pas d’envahir le marché. Et c’est pour vous réapprendre à mourir bande de trouillards. Avec tous les Hirata, Bouddha et autres titres sur la vie et la mort bien lus, vous allez être à nouveau prêt à affronter la vie et la mort.
    Banzaiiiiii !!!!!!

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  • "Entre la résistance et la mort, il faut toujours choisir la résistance."

    Boris Johnson pensait la même chose avant d’être contaminé.
    Résistance à quoi ? Ce virus n’est pas une invention nazie !

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    • Répondu par echo le 9 avril 2020 à  08:02 :

      Ce genre de formule martiale est un sophisme : si le choix est entre la résistance et la mort, qui ne choisirait pas la première ? Sauf que , dans toutes les circonstances historiques, c’est rarement ainsi que se sont présentés les choix ...
      Lawrence d’Arabie disait : combattre pour la liberté, c’est bien, à condition de rester en vie, car la liberté n’est intéressante que si on est en vie pour en profiter (certes on peut se sacrifier pour que les autres soient libres, mais c’est autre chose).

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      • Répondu par kyle william le 9 avril 2020 à  08:27 :

        Il a vraiment dit ça, Lawrence d’Arabie ?

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      • Répondu le 9 avril 2020 à  09:02 :

        Là, il n’est pas question de se battre pour la liberté mais de ne pas être contaminé par un virus.
        Résistance à quoi ? Rouvrir les librairies pour consommer plus de bédés ?
        Ce mot "résistance" perdsde son sens comme celui de "révolution" ou ce mot "gazé" utilisé par ces crétins dansles manifs récentes.
        Je ne crois pas que l’humanité tirera les bonnes leçons de cette pandémie. Elle continuera de consommer et de produire toujours plus et de niquer la biosphère jusqu’au trognon. En ce moment, c’est plutôt la Nature qui fait de la résistance avec ses virus pour éradiquer notre espèce qui se prend pour le centre de l’univers. S’il faut entrer en résistance, c’est contre l’égocentrisme qu’est l’Humanisme. Sa vision stupide de la séparation de l’Homme et de la Nature, de cette séparation entre Culture à Nature.
        Des BD, si vous êtes en manque, téléchargez-en sur des plateformes. Ce n’est pas ça qui manque. Et pleurer sur les libraires ne changera pas grand chose à la chienlit internationale actuelle !

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        • Répondu par paulm le 9 avril 2020 à  10:57 :

          Il faut lire Philippe Descola pour comprendre cette ligne de démarcation que le monde occidental a créé entre nature et culture.
          Comme le dit Aurélien Barrau "C’est un problème rationnel et factuel, nous avons fait une erreur scientifique, éthique et esthétique en pensant que la nature était une simple ressource."
          à méditer

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  • Mais oui rouvrons nos librairies et toute la chaîne nécessaire à leur fonctionnement :
    Vous êtes le bienvenue pour venir ouvrir les cartons manipulés par on ne sait combien de personnes, ranger des livres que les clients n’auront pas le droit de toucher puisqu’ils seront en train d’attendre un par un devant la porte d entrée (vraiment super ce conseil du libraire murmuré derriere son masque et sa protection plastique ), échangeons différents moyens de paiement, vous ferez même un paquet cadeau, ah oui j’oubliais aussi puisque les écoles ne sont pas ouvertes vous pourrez passer à la maison faire la leçon du jour aux enfants et on se demandera pas si on a pu infecter tout son foyer pour un petit livre de poche vendu...
    S’il vous plaît taisez-vous.

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    • Répondu par Benoîtgg le 9 avril 2020 à  15:52 :

      +1
      Vous avez raison : Entre la résistance fasse au covid et la mort de 1% de la population, il faut toujours choisir la résistance.
      Restons confinés histoire qu’il n’y ait pas en + 1% de morts parmi les salariés des magasins non essentiels.
      A lire cet article, on réalise que certains vivent sur une autre planète où il existe déjà un vaccin ou un médicament efficace pour vivre comme avant.

      "Qu’attend ce gouvernement pour rouvrir les librairies ?"
      Sûrement qu’ils n’y ait pas 7000 patients en réa dans un pays qui avait 5000 lits de réa il y a un mois.

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  • C’est d’une absurdité sans nom. Il faut sortir le moins possible et c’est tout. De quel droit peut on se permettre de contaminer quelq’un dans le but de vendre. Je suis libraire à Paris et je suis contre l’ouverture des librairies ou autres commerces non indispensable. Allez dire aux soignants s’ils peuvent réserver quelques lits de réanimation supplémentaires pour vendre des livres ou autres objets. C’est indécent tout ça

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    • Répondu par Breugnol le 12 avril 2020 à  10:34 :

      Les Parisiens et d’autres aimeraient partir en vacances, mais c’est interdit.
      Les coureurs sont maintenant obligés de choisir le créneau horaire de leur activité, merci Madame Hidalgo...
      Il faut avoir son attestation de déplacement dérogatoire, datée et signée avec l’heure de sortie. Je ne vois pas de case "Déplacement pour aller feuilleter les nouveautés en librairie BD". Elles sont fermées et ne reçoivent plus de livraisons depuis plusieurs semaines.
      Pour ma part, je remercie les libraires pour leur solidarité dans la lutte contre la propagation de la pandèmie.
      Je regrette cette situation, mais il y a FORCE MAJEURE !!

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  • C’est un des billets les plus étranges que j’ai pu lire en ce moment ! Vouloir défendre de cette façon les libraires en les assimilant/ comparant avec des épiciers leur plaira surement … Puisqu’il faut des explications et avant de fustiger un gouvernement qui a pourtant déjà maintes fois montré son incompétence quant à l’absence totale d’anticipation et dans sa gestion improvisée de cette pandémie (« les amateurs » sic), sachons déjà que nous sommes dans un cas de force majeure telle que l’humanité à l’échelle planétaire n’en a jamais connu dans toute son Histoire. Fermer les portes d’une cité fortifiée lors des épidémies de peste était une chose, limiter les dégâts avec des logiques ou des choix de société (nous votons) qui nous démontrent une autre forme imprévue de tiers-mondialisation de pays développés, dans le sens « riches » en sont d’autres…
    Cela dit, Le Maire n’a fait que de la politique, du clientélisme : une simple parole en l’air que personne ne pouvait prendre au sérieux et des syndicats de libraires ont répondu dans le sens contraire, en leur nom mais aussi parce que le livre répond à une logique de chaîne dans sa logistique… Pourquoi renchérir dans cette forme de démagogie, surtout par quelqu’un dont le rapport au livre doit se faire majoritairement grâce à des services de presse reçus gratuitement ? Pourquoi ne pas fustiger ce qu’il se passe dans le Royaume Belge là où la situation des libraires est toujours plus précaire (absence de Loi Lang) : en BD ni les librairies Sans Titre, ni Ziggourat, ni Chic Bull n’ont été remplacées ? Pouvoir rouvrir ne signifiera pas de toute façon « être obligé d’être ouvert »… La chaine du livre est de toute façon rompue, puisque les nouveautés sont a priori bloquées, sans mises en place… Certains ne s’inquiètent pas que de leur CA mais davantage de leur santé, vous vous rappelez des vœux de nos grand parents « et la santé surtout » que nous ne comprenions pas comme prioritaire enfants : la santé des autres, en général, comme celle de leurs employés : à craindre de choper le COVID-19 (il suffit de voir les échanges de regards avec ou sans masque quand on est dans la rue, certains changent de trottoir, ou quand on fait ses courses, d’autres changent de rayon), mais aussi de tous ceux qui sont obligés de travailler, et dans le cas du monde du livre seraient obligés de le faire pour le plaisir un peu égoïste de certains d’acheter, consommer, des livres (pas des nouveautés) parce que tout à coup la nourriture intellectuelle serait plus importante qu’une pandémie mondialisée, et que les nourritures terrestres que l’on est bien obligés d’aller acheter surtout quand on a une famille et des enfants ? Le maître mot est là, en fait il vaudrait mieux aller servir des livres, quelques livres parce que ce n’est pas la période la plus adaptée et ce ne seront pas plus des iles maintenant qu’à une autre période de l’année, que rester avec les siens (on a aussi une continuité pédagogique à assurer et des enfants à rassurer, à aimer davantage encore !) ?… Tout cela va être confus, mais comme je l’ai écrit dans mon blog, ce n’est pas parce que l’on est confinés que l’on doit devenir des cons finis. Servir/ vendre des livres, pour le libraire, en 1ère ligne mais certainement pas au même niveau que les soignants, ça en serait très loin, mais aussi pour toute la chaîne du livre souvent oubliée ou méconnue, diffusion manutentionnaires, comptables, transporteurs (à qui certains ne disent même jamais ni bonjour ni merci ?) : ceux qui auraient aussi pu porter un gilet jaune en 2019 d’ailleurs… Vendre des livres si commandes de fonds, c’est réactiver ou maintenir toute la chaîne alors qu’eux peuvent bénéficier (salariés) du chômage technique ou partiel qui se permet de rester en confinement, et, c’est oublié, ne pas avoir à se déplacer en voiture comme en transport en commun pour se rendre au travail : on ne prépare pas des commandes par télétravail et on ne se rend pas encore sur son lieu de travail par : « téléportation, Scotty » !

    Les libraires pourraient se contenter de vendre du fonds, ce qui ne se vend presque jamais, tout au long de l’année, ou si peu (pour les éditeurs et les libraires), mais ce billet démagogique semble oublier qu’aller dans une librairie c’est surtout échanger, se faire conseiller ou déambuler, voire chiner. la librairie est un commerce mais ce n’est pas encore acheter un Mac dans les années 90 (comme dans une banque) : même cela a été modifié avec l’Imac puis les Apple Stores ! Ce n’est pas un problème de distanciation sociale, il y a pléthore de librairies qui ne sont pas envahies pas les clients (peut-être un peu plus que le libraire de comics de The Big Bang Theory !) mais du rapport à la librairie quelle qu’elle soit, et très différent suivant les lecteurs, collectionneurs ou non : on connait / on ne connait pas ; on est timide / plus volubile (…) Même dans une épicerie on ne remet pas une liste de course que l’on vous prépare façon drive, pour parler français de 2020, et même les pharmaciens ont des habitudes différentes (certains servent les clients à travers la grille de sécurité fermée !!), mais la librairie ça reste autre chose, tout en étant un commerce, et elle ne sont pas toutes formatées comme le sont devenues les boulangeries ou pharmacies (je parle d’agencement et principe de présentation)… Le libraire parle de ses livres, un épicier ne décrit pas sa boîte de petits pois, et pas mal de pharmaciens ne font que vous donner l’ordonnance, sans aller au-delà de la prescription médicale (que l’on fait maintenant par vidéo : même si votre médecin ne vous voit plus pour votre santé, pourquoi un librairie devrait-il rester ouvert des heures dans l’attente de clients ?)
    On pourrait aussi aller aux musées, dans les galeries d’art (certaines ont une sonnette à l’entrée), comme aller surfer ou se promener en montagne si on y habite : pas de souci de distanciation non plus, idem s’il n’y a personne sur les plages, dans les chemins de randonnées ou des les musées, mais dans un confinement généralisé, certains n’ont pas à s’amuser alors que les autres doivent rester chez eux.
    « COVID-19 = Cas de force majeure » on a dit.
    Le principe le plus profond de toute cette histoire est surtout que tout serait moins difficile si les librairies étaient aidées (fréquentation des clients) tout au long de l’année, elles auraient de meilleures trésoreries, plus équilibrées, permettant de mieux encaisser un événement aussi imprévisible : c’est à dire des gens qui achètent des livres plus régulièrement (cela pourrait rejoindre d’autres sujets comme l’explosion des ventes d’originaux : mais ce serait trop complexe).
    Le problème était déjà là en 2008/2009 avec la crise des subprimes qui a coulé bon nombre de librairies !…
    Le Maire a aussi répondu à une inquiétude, mais quel secteur économique ne l’est pas en ce moment hormis le système bancaire et les labos pharmaceutiques ?, tout en prolongeant le discours de Macron, dans lequel il nous incitait à en profiter pour lire des livres pendant le confinement qui allait commencer…
    Cela dit pourquoi les librairies et le raisonnement économique et ne pas rouvrir les bibliothèques publiques pour ceux qui voudraient aussi lire mais n’ont pas les moyens d’acheter des livres : on les scanne souvent soi-même d’ailleurs ?… 
    Un meilleur raisonnement serait aussi de se dire que l’on peut lire les livres que l’on a chez soi, souvent en très grand nombre dès lors que l’on est dans le milieu du livre : relire, lire ce qui est en attente (combien de clients ont des piles de livres achetés mais pas encore lus !!!), les libraires manquent de temps pour lire, les lecteurs ne lisent pas tout de suite et tout le monde à des livres à relire, à finir, à mieux saisir (…) Le but est de se protéger et de protéger les siens ou les autres, pas encore d’apprendre la décroissance , ou de désapprendre la relation que chacun porte aux libraires, ni la mort ou le sacrifice des kamikaze fanatiques mimétique) comme le suggère Dominique Véret (si c’est bien celui que je connais, je ne peux que me rappeler que j’allais dans sa librairie de Montreuil aussi pour discuter et échanger avec lui, pas uniquement pour faire des piles de livres et passer à la caisse… comme chez un épicier) : l’exemple des pays asiatiques serait bon si cela marchait pour tous : tu étais près de la Thailande (boxe) et la situation va être explosive à tel point que so Roi est parti en Allemagne.
    Même mon pharmacien est quelqu’un avec je discute (le meilleur au monde) et pourtant il n’a pas de tube pneumatique que Gaston aurait pu inventer pour faire venir ses médicaments de la réserve !…
    J’envoyais promener les officiers quand j’étais à l’armée, mais là, il y a une autre attitude à adopter : certains craignent qu’on leur fasse courber l’échine, mais ce ne sont pas des hommes contre lesquels on lutte, on ne lutte pas, on ne résiste pas : on attend que ça passe loin de nous. Et heureusement nous avons assez de livres dans nos bibliothèques pour passer le temps : il faudrait juste demander aux propriétaires de reporter les loyers, aux diffuseurs de reporter les échéances de factures et que la machine puisse se remettre en route afin d’aider les libraires à avoir moins de pressions ou de craintes : Gallimard me fait marrer, la SODIS a toujours été un distributeur à accorder des remises de merde, loin des 40% standards pour des libraires généralistes, s’il avait déjà donné l’exemple président du SNE ou non, en accordant la remise maximale à tous les librairies indépendants (je ne parle pas de de Mollat à Bordeaux !) comme à tous les hypermarchés du livre, il aurait été un meilleur porte-parole !…

    En fait comme pour les surfeur ou les randonneurs : la seule chose équitable serait surtout que l’on ne vende pas de livre du tout : les libraires physiques (les vrais !) doivent rester fermés, donc la même restriction pour Amazon, Fnac.com, Cultura ou Leclerc.
    C’est bien de demander au gouvernement de rouvrir les librairies, en dehors de ce principe de précaution que l’on met vite au visage de ceux qui ne le respecte pas, mais il arrive quoi si on apprend qu’un libraire a le COVID-19 parce qu’il est resté ouvert : parce qu’ouvrir les obligerait eux aussi à devoir se déplacer en voiture ou en transport en commun !!!…

    Et comme on est presque dans le village du prisonnier (mais sans sortir( : « portez-vous bien » va remplacer « bonjour chez vous » !…

    Tiens j’ai bien envie de revoir « Le Corbeau » de HG Clouzot … pour anticiper la suite du confinement !

    https://www.initiales.org/blogs/8-first-blog/post/60-reaction-aux-propos-de-bruno-le-maire-ministre-de-leconomie-communique-du-18-mars/
    https://www.librairiesindependantes.com
    http://www.syndicat-librairie.fr/vente_de_livres_en_periode_d_epidemie_si_la_vente_de_livres_en_librairie_n_est_pas_indispensable_a_la_vie_de_la_nation_pourquoi_la_vente_de_livres_par_amazon_ou_un_hypermarche_l_est_elle_

    (Désolé pour la longueur, j’ai du temps libre, et pour les fautes : je tape vite)

    Répondre à ce message

    • Répondu le 14 avril 2020 à  07:14 :

      "(Désolé pour la longueur, j’ai du temps libre, et pour les fautes : je tape vite)"

      Pour les fautes, vous aviez du temps libre aussi pour vous relire.

      Répondre à ce message

      • Répondu le 14 avril 2020 à  17:12 :

        Si on veut sauver la filière du livre, il va falloir aussi faire participer les GAFA à un niveau plus élevé. Nombre d’entre eux, Amazon en tête, payent très peu d’impôts en plaçant leurs dividendes dans les paradis fiscaux comme le Luxembourg. Mais encore faut-il pour cela, une véritable volonté politique Européenne...

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