Le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire l’envisageait dès le 19 mars : réfléchir à des règles rigoureuses qui « permettraient aux librairies de continuer à ouvrir sous réserve ». Apparemment, le Syndicat de la librairie française s’y était fermement opposé…
De son côté, l’éditeur Antoine Gallimard prédisait il y a quelques jours dans une interview à Livres Hebdo « une vague de faillites » sans précédent dans la chaîne du livre.
Et de fait, indépendamment d’une aide de l’État que d’aucuns souhaitent massive, pourquoi ne laisse-t-on pas les libraires rouvrir et se protéger au lieu de les laisser crever tandis que les géants du numérique se gavent en toute impunité ? Pourquoi laisser ouverts les kiosques et pas les librairies ?
Cela donne des situations absurdes : certains supermarchés pourvus d’un petit rayon de librairie ou les marchands de journaux qui offrent un service de papeterie et de librairie restent ouverts tandis que les libraires ferment. Résultat : toute la filière de l’édition est à l’arrêt.
Une solution intermédiaire
Si plein de fonctions éditoriales ou commerciales peuvent se faire par télétravail, la livraison de livres peut très bien perdurer, par exemple par un système de Drive-In où le comptoir serait attenant à la porte, avec des protections similaires à celles qui s’opèrent dans les pharmacies ou dans les épiceries. Cela installerait un filet d’activité qui permettrait surtout aux petits points de vente -surtout gérés par des indépendants- de survivre.
Certains libraires avaient déjà tenté de prendre les devants. Ainsi la librairie Filigranes à Bruxelles qui, mettant en avant le concept de "Libraire de garde" comme il existe des "Pharmaciens de garde", avait tenté de mettre en place une formule de "Take Away" qui permettait de venir prendre ses livres sans prendre le risque d’être contaminé. Hélas, Godverdomme-Scrogneugneu, les pandores belges ne l’ont pas laissé faire ! Les envois se feront par la poste.
Car c’est gentil de promettre des milliards -qui le plus souvent ne sont que des prêts- mais ce sont les grosses et moyennes structures qui sont le plus armées pour remplir la paperasse administrative que vont exiger de telles aides. Le libraire de proximité de quartier ou des petites villes de province est bien désavantagé face à ces commerces qui profitent à plein de la crise.
Ces gens-là, il faut les aider et financer davantage leur fourniture en masques et en matériel de protection, histoire que les livres continuent à circuler en attendant que la situation sanitaire s’améliore. Entre la résistance et la mort, il faut toujours choisir la résistance.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion