C’est un des billets les plus étranges que j’ai pu lire en ce moment ! Vouloir défendre de cette façon les libraires en les assimilant/ comparant avec des épiciers leur plaira surement … Puisqu’il faut des explications et avant de fustiger un gouvernement qui a pourtant déjà maintes fois montré son incompétence quant à l’absence totale d’anticipation et dans sa gestion improvisée de cette pandémie (« les amateurs » sic), sachons déjà que nous sommes dans un cas de force majeure telle que l’humanité à l’échelle planétaire n’en a jamais connu dans toute son Histoire. Fermer les portes d’une cité fortifiée lors des épidémies de peste était une chose, limiter les dégâts avec des logiques ou des choix de société (nous votons) qui nous démontrent une autre forme imprévue de tiers-mondialisation de pays développés, dans le sens « riches » en sont d’autres…
Cela dit, Le Maire n’a fait que de la politique, du clientélisme : une simple parole en l’air que personne ne pouvait prendre au sérieux et des syndicats de libraires ont répondu dans le sens contraire, en leur nom mais aussi parce que le livre répond à une logique de chaîne dans sa logistique… Pourquoi renchérir dans cette forme de démagogie, surtout par quelqu’un dont le rapport au livre doit se faire majoritairement grâce à des services de presse reçus gratuitement ? Pourquoi ne pas fustiger ce qu’il se passe dans le Royaume Belge là où la situation des libraires est toujours plus précaire (absence de Loi Lang) : en BD ni les librairies Sans Titre, ni Ziggourat, ni Chic Bull n’ont été remplacées ? Pouvoir rouvrir ne signifiera pas de toute façon « être obligé d’être ouvert »… La chaine du livre est de toute façon rompue, puisque les nouveautés sont a priori bloquées, sans mises en place… Certains ne s’inquiètent pas que de leur CA mais davantage de leur santé, vous vous rappelez des vœux de nos grand parents « et la santé surtout » que nous ne comprenions pas comme prioritaire enfants : la santé des autres, en général, comme celle de leurs employés : à craindre de choper le COVID-19 (il suffit de voir les échanges de regards avec ou sans masque quand on est dans la rue, certains changent de trottoir, ou quand on fait ses courses, d’autres changent de rayon), mais aussi de tous ceux qui sont obligés de travailler, et dans le cas du monde du livre seraient obligés de le faire pour le plaisir un peu égoïste de certains d’acheter, consommer, des livres (pas des nouveautés) parce que tout à coup la nourriture intellectuelle serait plus importante qu’une pandémie mondialisée, et que les nourritures terrestres que l’on est bien obligés d’aller acheter surtout quand on a une famille et des enfants ? Le maître mot est là, en fait il vaudrait mieux aller servir des livres, quelques livres parce que ce n’est pas la période la plus adaptée et ce ne seront pas plus des iles maintenant qu’à une autre période de l’année, que rester avec les siens (on a aussi une continuité pédagogique à assurer et des enfants à rassurer, à aimer davantage encore !) ?… Tout cela va être confus, mais comme je l’ai écrit dans mon blog, ce n’est pas parce que l’on est confinés que l’on doit devenir des cons finis. Servir/ vendre des livres, pour le libraire, en 1ère ligne mais certainement pas au même niveau que les soignants, ça en serait très loin, mais aussi pour toute la chaîne du livre souvent oubliée ou méconnue, diffusion manutentionnaires, comptables, transporteurs (à qui certains ne disent même jamais ni bonjour ni merci ?) : ceux qui auraient aussi pu porter un gilet jaune en 2019 d’ailleurs… Vendre des livres si commandes de fonds, c’est réactiver ou maintenir toute la chaîne alors qu’eux peuvent bénéficier (salariés) du chômage technique ou partiel qui se permet de rester en confinement, et, c’est oublié, ne pas avoir à se déplacer en voiture comme en transport en commun pour se rendre au travail : on ne prépare pas des commandes par télétravail et on ne se rend pas encore sur son lieu de travail par : « téléportation, Scotty » !
Les libraires pourraient se contenter de vendre du fonds, ce qui ne se vend presque jamais, tout au long de l’année, ou si peu (pour les éditeurs et les libraires), mais ce billet démagogique semble oublier qu’aller dans une librairie c’est surtout échanger, se faire conseiller ou déambuler, voire chiner. la librairie est un commerce mais ce n’est pas encore acheter un Mac dans les années 90 (comme dans une banque) : même cela a été modifié avec l’Imac puis les Apple Stores ! Ce n’est pas un problème de distanciation sociale, il y a pléthore de librairies qui ne sont pas envahies pas les clients (peut-être un peu plus que le libraire de comics de The Big Bang Theory !) mais du rapport à la librairie quelle qu’elle soit, et très différent suivant les lecteurs, collectionneurs ou non : on connait / on ne connait pas ; on est timide / plus volubile (…) Même dans une épicerie on ne remet pas une liste de course que l’on vous prépare façon drive, pour parler français de 2020, et même les pharmaciens ont des habitudes différentes (certains servent les clients à travers la grille de sécurité fermée !!), mais la librairie ça reste autre chose, tout en étant un commerce, et elle ne sont pas toutes formatées comme le sont devenues les boulangeries ou pharmacies (je parle d’agencement et principe de présentation)… Le libraire parle de ses livres, un épicier ne décrit pas sa boîte de petits pois, et pas mal de pharmaciens ne font que vous donner l’ordonnance, sans aller au-delà de la prescription médicale (que l’on fait maintenant par vidéo : même si votre médecin ne vous voit plus pour votre santé, pourquoi un librairie devrait-il rester ouvert des heures dans l’attente de clients ?)
On pourrait aussi aller aux musées, dans les galeries d’art (certaines ont une sonnette à l’entrée), comme aller surfer ou se promener en montagne si on y habite : pas de souci de distanciation non plus, idem s’il n’y a personne sur les plages, dans les chemins de randonnées ou des les musées, mais dans un confinement généralisé, certains n’ont pas à s’amuser alors que les autres doivent rester chez eux.
« COVID-19 = Cas de force majeure » on a dit.
Le principe le plus profond de toute cette histoire est surtout que tout serait moins difficile si les librairies étaient aidées (fréquentation des clients) tout au long de l’année, elles auraient de meilleures trésoreries, plus équilibrées, permettant de mieux encaisser un événement aussi imprévisible : c’est à dire des gens qui achètent des livres plus régulièrement (cela pourrait rejoindre d’autres sujets comme l’explosion des ventes d’originaux : mais ce serait trop complexe).
Le problème était déjà là en 2008/2009 avec la crise des subprimes qui a coulé bon nombre de librairies !…
Le Maire a aussi répondu à une inquiétude, mais quel secteur économique ne l’est pas en ce moment hormis le système bancaire et les labos pharmaceutiques ?, tout en prolongeant le discours de Macron, dans lequel il nous incitait à en profiter pour lire des livres pendant le confinement qui allait commencer…
Cela dit pourquoi les librairies et le raisonnement économique et ne pas rouvrir les bibliothèques publiques pour ceux qui voudraient aussi lire mais n’ont pas les moyens d’acheter des livres : on les scanne souvent soi-même d’ailleurs ?…
Un meilleur raisonnement serait aussi de se dire que l’on peut lire les livres que l’on a chez soi, souvent en très grand nombre dès lors que l’on est dans le milieu du livre : relire, lire ce qui est en attente (combien de clients ont des piles de livres achetés mais pas encore lus !!!), les libraires manquent de temps pour lire, les lecteurs ne lisent pas tout de suite et tout le monde à des livres à relire, à finir, à mieux saisir (…) Le but est de se protéger et de protéger les siens ou les autres, pas encore d’apprendre la décroissance , ou de désapprendre la relation que chacun porte aux libraires, ni la mort ou le sacrifice des kamikaze fanatiques mimétique) comme le suggère Dominique Véret (si c’est bien celui que je connais, je ne peux que me rappeler que j’allais dans sa librairie de Montreuil aussi pour discuter et échanger avec lui, pas uniquement pour faire des piles de livres et passer à la caisse… comme chez un épicier) : l’exemple des pays asiatiques serait bon si cela marchait pour tous : tu étais près de la Thailande (boxe) et la situation va être explosive à tel point que so Roi est parti en Allemagne.
Même mon pharmacien est quelqu’un avec je discute (le meilleur au monde) et pourtant il n’a pas de tube pneumatique que Gaston aurait pu inventer pour faire venir ses médicaments de la réserve !…
J’envoyais promener les officiers quand j’étais à l’armée, mais là, il y a une autre attitude à adopter : certains craignent qu’on leur fasse courber l’échine, mais ce ne sont pas des hommes contre lesquels on lutte, on ne lutte pas, on ne résiste pas : on attend que ça passe loin de nous. Et heureusement nous avons assez de livres dans nos bibliothèques pour passer le temps : il faudrait juste demander aux propriétaires de reporter les loyers, aux diffuseurs de reporter les échéances de factures et que la machine puisse se remettre en route afin d’aider les libraires à avoir moins de pressions ou de craintes : Gallimard me fait marrer, la SODIS a toujours été un distributeur à accorder des remises de merde, loin des 40% standards pour des libraires généralistes, s’il avait déjà donné l’exemple président du SNE ou non, en accordant la remise maximale à tous les librairies indépendants (je ne parle pas de de Mollat à Bordeaux !) comme à tous les hypermarchés du livre, il aurait été un meilleur porte-parole !…
En fait comme pour les surfeur ou les randonneurs : la seule chose équitable serait surtout que l’on ne vende pas de livre du tout : les libraires physiques (les vrais !) doivent rester fermés, donc la même restriction pour Amazon, Fnac.com, Cultura ou Leclerc.
C’est bien de demander au gouvernement de rouvrir les librairies, en dehors de ce principe de précaution que l’on met vite au visage de ceux qui ne le respecte pas, mais il arrive quoi si on apprend qu’un libraire a le COVID-19 parce qu’il est resté ouvert : parce qu’ouvrir les obligerait eux aussi à devoir se déplacer en voiture ou en transport en commun !!!…
Et comme on est presque dans le village du prisonnier (mais sans sortir( : « portez-vous bien » va remplacer « bonjour chez vous » !…
Tiens j’ai bien envie de revoir « Le Corbeau » de HG Clouzot … pour anticiper la suite du confinement !
https://www.initiales.org/blogs/8-first-blog/post/60-reaction-aux-propos-de-bruno-le-maire-ministre-de-leconomie-communique-du-18-mars/
https://www.librairiesindependantes.com
http://www.syndicat-librairie.fr/vente_de_livres_en_periode_d_epidemie_si_la_vente_de_livres_en_librairie_n_est_pas_indispensable_a_la_vie_de_la_nation_pourquoi_la_vente_de_livres_par_amazon_ou_un_hypermarche_l_est_elle_
(Désolé pour la longueur, j’ai du temps libre, et pour les fautes : je tape vite)