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Qu’ils y restent - Par Lejonc, Riff Reb’s et Mériaux - Editions La Gouttière

Par Patrice Gentilhomme le 24 mai 2016                      Lien  
Que deviennent les monstres effrayants des contes qui ont peuplé nos cauchemars enfantins ? Au départ de ce postulat, les éditions de la Gouttière revisitent quelques-unes des histoires les plus classiques. Une fable pour les petits ? Pas si sûr!

De nombreux spécialistes et psychanalystes se sont souvent penchés sur la question mais on serait tenté de l’oublier : les contes traditionnels possèdent une charge émotive et symbolique que les plus récentes adaptions en dessin animé ont parfois contribué à occulter, voire à ignorer totalement.

Le Petit Chaperon rouge, Barbe bleue ou Le Petit Poucet sont d’abord des histoires effrayantes où il est question d’abandon, de meurtres, d’empoisonnement et même d’inceste ou de tyrannie, certains des personnages n’hésitant pas à tutoyer les instincts les plus vils pires de l’âme humaine. Des loups sanguinaires aux sorciers impitoyables sans négliger les ogres assassins ou les vampires assoiffés, tous figurent parmi les personnages emblématiques des contes traditionnels.

Qu'ils y restent - Par Lejonc, Riff Reb's et Mériaux - Editions La Gouttière

Cet album aussi généreux dans la forme que sur le fond repose sur le principe de la suite, une sorte de séquelle prolongeant la trame des contes traditionnels en s’intéressant plus spécialement au destin de quatre créatures emblématiques : le loup, l’ogre, le sorcier et le vampire. Que pourraient-elles devenir une fois leurs sinistres forfaits accomplis ?

Ivan Bilibile, illustrateur et décorateur russe du début du XXème siècle a très largement inspiré le travail de Riff Reb’s.

Dans cette fable cruelle et fantastique, les auteurs proposent au lecteur une vision personnelle de la fin de toutes ces histoires.une synthèse de tous ces récits, sous forme de métaphore autour de la fin du monde, de la fin de nos propres fantasmes. Un clin d’œil à la disparition de nos peurs de notre enfance légèrement teinté d’un discours presque politique. Une fois tous les êtres inférieurs massacrés, toutes les victimes exterminées ces monstres n’auraient-ils plus qu’une seule solution pour assouvir leurs instincts : s’affronter et se dévorer entre eux ? Cette deuxième lecture ne contredit d’ailleurs en rien la conclusion de l’album , tout en renvoyant chacun, enfant comme adulte à ses propres illusions ou ses propres chimères.

Par ce choix narratif, Pascal Meriaux (par ailleurs directeur du Festival d’Amiens, On a marché sur la Bulle) et Regis Lejonc (scénariste de La Carotte aux étoiles) parviennent à faire de cette histoire un conte philosophique attrayant et graphiquement séduisant.

En s’inspirant non seulement des couleurs mais aussi du graphisme de l’illustrateur russe Bilibine, Riff Reb’s nous offre une facette inattendue de son talent. Loin du style adapté pour le Loup des mers (Soleil) ou de La Carotte aux étoiles, republié à cette occasion par les éditions de la Gouttière, le dessinateur parvient à recréer les ambiances oppressantes et effrayantes des cauchemars de notre enfance. Malgré l’aspect rétro des contours ornementaux inspirés de la ligne claire de l’artiste russe, l’album s’inscrit aussi bien du point de vue narratif que graphique dans un discours moderne et dynamique,loin de la nostalgie facile, en interpellant le lecteur dans ce qu’il peut avoir de plus intime.

Format, maquette, découpage, mise en couleurs..., rien n’a été laissé au hasard dans la réalisation de ce bel objet qui saura séduire petits et grands. Particulièrement bien positionné sur le créneau jeunesse et toujours soucieux d’associer à un discours pédagogique particulier une démarche artistique originale, l’éditeur nordiste confirme une nouvelle fois la qualité de ses choix éditoriaux. Offrir le meilleur aux plus jeunes de leurs lecteurs, tel est le pari qu’il s’est assigné et c’est ici parfaitement réussi !

(par Patrice Gentilhomme)

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© Illustrations Riff Reb’s – Editions de la Gouttiere 2016

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12 Messages :
  • Riff Reb’s est un super encreur,surtout dans le style pictural qui fait la part belle aux grands aplats noirs ou divers effets de modelés.C’est chouette de le voir laisser aussi plus de place à la couleur,superbe au demeurant ici ,avec une ligne plus descriptive et limpide.Composition,profondeur,gestion de la forme,dynamique ...y’a quelqu’un qui tient le crayon ici madame,et il connait son affaire !
    Chouette aussi de le voir remettre ,d’une certaine manière ,au goût du jour le style d’Ivan Bilibile:l’illustration russe, et plus globalement des pays de l’Est au sens large, est un réservoir intarissable de merveilles graphiques,où pas mal de "novateurs" ont puisé sans vergogne.

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    • Répondu le 24 mai 2016 à  21:52 :

      Billy Bill ou Bilibin ?

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      • Répondu le 24 mai 2016 à  23:20 :

        Ivan Bilibine.

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      • Répondu par La plume occulte le 24 mai 2016 à  23:38 :

        Billie Jean:en illustration il faisait le moonwalk tellement il se baladait.

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    • Répondu le 24 mai 2016 à  23:00 :

      Oui, le premier réflexe de tous les illustrateurs et dessinateurs c’est d’aller piquer chez les artistes peu connus du grand public. Tout bénef: : gain de temps, maîtrise graphique copiée et surtout appropriation du talent, ni vu ni connu Succès, argent et honneurs. Est-ce que vous vous rendez compte, Occulte, de l’ineptie de vos affirmations ? Et comme vous aimez utiliser le mot "vergogne"...vous devriez vous l’appliquer à vous-même cette façon de lorgner les points de vue ; vouloir dénoncer c’est déjà petit mais sans talent fait de vous une personne ridicule

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      • Répondu par La plume occulte le 25 mai 2016 à  16:41 :

        Vous êtes vous-même pris le doigt dans le pot de confiture,ni vu ni surtout connu, avec un commentaire à la Sergio Salma,la signature en moins,c’est vraiment couillon.

        Succès, argent et honneurs,oui,certains s’en tirent pas mal à ce sujet,parfois avec les trois mentions,avec aussi un talent qui me fait tant défaut ,vous l’avez deviné,et attise ma rancoeur de raté qui doit se taire.Il y en a même devenus de quasi gourous,prescripteurs médiatiques ;fins orateurs distributeurs ès hosties et anathèmes pour leur plus grand profit,dont on vous devine une ouaille attentive,ce qui vous extrait du commun ridicule dans lequel les autres se répandent ,sans vergogne.A moins qu’il faille vous compter parmi ces nobles artistes qui n’ont rien de commun avec les artisans ou les professionnels .

        Je vais même aller encore plus loin dans la trivialité ... et rajouter,puisque j’ose tout, que la situation actuelle de la BD et de la majorité des auteurs est directement de la faute de ces "novateurs",eux dont pas un seul n’a inventé quoi que ce soit je le répète ;eux qui ,avec des complicités coupables ,mais souvent sincères,ont imposé ces dernières décennies un discours et une situation suicidaire à la sphère du 9 eme art,pour leur bénéfice exclusif et immédiat ,cela va sans dire,dont les autres -le public populaire de base au premier chef- paient les pots cassés.Tout ça était parfaitement prévisible,même par un non gourou patenté.Au nom aussi,il faut le reconnaître, d’une je-ne-sais quelle légitimation et reconnaissance que la BD attend encore et toujours ,malgré les apparences,et dont elle se tamponne gravement au fond. Beau travail au final.

        Mais positivons,il le faut en ce moment:le travail de Riff Reb’s et ses acolytes et superbe sur cet album ,répétons-le aussi,preuve que le talent n’a rien d’ exclusif ,même sans beaux discours excluant.

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        • Répondu par Sergio Salma le 25 mai 2016 à  20:15 :

          Ah désolé ; mon nom est normalement dans l’espace dédié ; pas pris garde. je confirme mes dires.

          Pourquoi aller chercher une malversation. Un artiste est un être perméable ; il ne pille rien, il ne vole rien, il est juste une éponge , il prend et les plus grands ont toujours sucé, goulûment les autres artistes ; pas seulement dans leur domaine d’ailleurs.

          Vos raccourcis sont déplaisants et une fois de plus à côté de la plaque ; car si d’aventure on peut déceler des influences parfois nettes, parfois franches et évidentes , vous ne parlez là que de pur graphisme ; et vous oubliez que le travail de l’auteur de bande dessinée est ailleurs.

          Sinon, tous les grands auteurs sont partis de modèles ; ils n’ont pas pillé sans vergogne, non ; ils ont juste eu besoin de se reposer sur des solutions graphiques pour installer leur univers propre.

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          • Répondu par La plume occulte le 26 mai 2016 à  12:51 :

            Couillon ,je me disais aussi....cette inimitable patte d’auteur,cette omniscience,cette humeur badine et cette conviction de démocrate forgées tant bien que mal par ce petit régime alimentaire ,si crispant ,promis dans les commentaires ,ici, il y a une petite éternité et... enfin entamé !Ce talent aussi pour rêver la vie ,qui donne légitimité pour parler pour la Terre entière....non,il n’y avait pas de doute possible,c’était plus révélateur que tous les paraphes !

            C’est pardonné.

            Vous vivez dans quel monde,au fait,Machin,vous étiez où ces 20 dernières années,parmi nous ?Détenteur de la seule vérité comme vous l’êtes,vous n’avez rien remarqué,vu,rien entendu ? Fichtre ! Vous savez,un de mes personnages de BD préféré est Joe la Candeur,vous,c’est de toute évidence Bobo ,de Deliège bien sûr,on devrait pourtant bien s’entendre,c’est couillon.

            Après bien évidement que la BD est autre chose que du pur graphisme,quelle existe autrement,qu’elle n’a finalement pas grand chose à faire accrochée sur un mur ou dans un coffre fort ;mais allez expliquer ça à ceux qui spéculent à coup de centaines de milliers d’euros sur des originaux d’auteurs "graphiques", en espérant un juste retour,qu’ils se fourrent bien le doigt dans l’oeil ,c’est couillon aussi,et,que la BD c’est avant tout de la nar-ra-tion:pour lire !Qu’ils feraient plutôt mieux d’acheter de beaux albums avec tout ce bel argent.Parce que les autres,les ordinaires,ils ont un peu de mal à suivre la cadence question porte-monnaie,c’est cher un album ! Ho oui ,dans un monde parfait ,ça réglerait bien des problèmes,non ?Tenons-nous tous dès lors la main avec un grand sourire,entre frères et soeurs et toute égalité,pour faire la ronde en fredonnant.
            Continuez à cautionner tous ces trucs aussi vieux que le monde qui ne profitent qu’aux plus malins ,prompts à se positionner,ou aux nés au bon endroit,après tout ça vous regarde ;il ne faut surtout rien dire,hein,d’autant moins si on n’a pas votre envergure,l’artiste,et encore moins essayer de faire changer les choses.Par contre si vous avez des fins de mois qui grincent et que vous commencez à claquer du bec sérieusement,pendant que d’autres se tapent sur le ventre à votre santé et en vous marchant sur la tête, ne faites pas l’étonné,Machin,ce petit régime sec qui vous chatouille pourtant l’humeur de plus en plus on entrevoit sourdement pourquoi vous avez dû le commencer.

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            • Répondu par Sergio Salma le 27 mai 2016 à  10:34 :

              Magnifique et désolant. Quel texte triste, quelle vision grise.

              Les choses qui ne vous plaisent pas dans un domaine sont responsables de tous les malheurs ; vous les liez et reliez dans une logique qui vous est propre mais que vous pensez universelle. Je vous donne mon point de vue d’une manière sèche parce que vous êtes vous-même agressif.

              Où j’étais ?! Dans le monde de l’édition où j’ai publié une cinquantaine de bouquins ; évidemment pas l’endroit idéal pour comprendre les 100 ou 150 personnes , auteurs, parfois amis intimes souvent connaissances qui se dépatouillent dans l’univers impitoyable de l’édition. Pas l’idéal non plus de rencontrer 5 à 10 éditeurs , tous genres confondus, des dizaines de journalistes et puis des centaines de lecteurs. Qui suis-je pour émettre mon avis ? Un avis positif, quelle horreur ! Un peu d’espoir, quelle misère ! Il vaut mieux jouer le lanceur d’alerte (s) quitte à tout mélanger. C’est tellement plus normal de tout assombrir , de tout foutre dans le même sac, il y a les gentils et les méchants c’est évident.

              Sinon quand je parlais de talent il ne s’agissait aucunement de ramener tout à l’auteur qui , lui seul , pourrait donner un avis. C’est en tant que commentateur, lecteur et critique que vous manquez de talent. On doit vous relire 3 ou 4 fois pour comprendre votre point de vue. Vous avez fait vos classes chez le maire de Champignac. Bon pas pour rien qu’il y a occulte dans votre pseudo.

              On voit bien que vous êtes chagrin. Chaque fois que vous le pouvez vous faites des beaux petits procès ; les riches les profiteurs les plagieurs , vous avez l’œil pour les débusquer. En cela , vous êtes touchant, car c’est bien la déception qui vous atteint et vous rend suspicieux.

              La situation actuelle rend les lecteurs tristes. Bien sûr ce sont les profiteurs les plagieurs les riches qui ont mené le monde( de la bande dessinée) à sa perte. Les lecteurs eux n’ont aucune responsabilité, les non-lecteurs n’en parlons pas, ces lâches qui n’achètent même pas de livres pour faire vivre les auteurs.

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              • Répondu le 27 mai 2016 à  22:07 :

                Les responsables ne sont pas ceux qui n’achètent pas de livres parce qu’ils s’en foutent, mais ceux qui n’achètent pas les livres qu’ils lisent gratuitement en librairie (FNAC) ou en PDF pirate sur internet. Là est le manque à gagner des auteurs, là est la chute des ventes, ce sont ces profiteurs (voleurs ?) qui se servent sans rien en retour et qui se fichent que leur égoïsme,leur mesquinerie,leur radinerie tue des carrières, des livres, des auteurs.

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              • Répondu par La plume occulte le 28 mai 2016 à  02:19 :

                Vous avez une petite mine en ce moment mon cher Sergio : irritable,vociférant,sans humour,imperméable au second degrés,voulant faire taire tout le monde,incapable d’aller plus loin que le "c’est-toi-qui-dit-qui-est"...on vous a connu plus en forme !
                Votre démonstration,genre"moi je suis de la partie,etc..."joue contre vous,puisque c’est justement ça le hic:cet entre-soi qui vous fait respirer toujours le même air et tremper dans le même jus-vous risquez pas de mélanger les choses-air et jus dans lequel vous fermentez depuis trop longtemps.Au point de ne même pas envisager que ce qui arrive dans la BD ait pu arriver ailleurs.Ou que je puisse être de votre côté.Vous pourtant si talentueux pour la critique,le seul qui ait tout vu ,tout compris.
                Allez prendre l’air mon cher Sergio,au large,depuis un certain temps ce mauvais jus vous fait trimbaler une drôle d’odeur.C’est le "ridicule illettré ,qui n’a rien de mieux à faire que de la fermer ",dixit ,qui vous le dit,en toute amitié sincère.Je ne parle même pas de votre petit paragraphe sur les lecteurs,si révélateur de votre jus,qui vient se cumuler au reste !Oui vous avez les traits tirés depuis un bon moment,attention à la pente.

                Mais je ne vous en veux pas,je vous apprécie malgré tout,vous êtes un romantique,sincère,comme ceux que j’ai signalé plus haut.Un romantique sur lequel s’appuie ceux qui ont les deux pieds bien arrimés au sol, et que cruellement ils appellent les idiots utiles......Attention c’est eux qui ont trouvé ce qualificatif.Même si je le trouve bien choisi.

                Bon,je m’arrête ici,nul doute que nous aurons l’occasion de ferrailler encore:Champignac contre le Schtroumpf à lunettes ça va être épique.En attendant ,retrouvez votre humour et tout ce qui va avec.

                Moi de mon côté je m’amuse beaucoup.

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                • Répondu par Sergio Salma le 28 mai 2016 à  09:40 :

                  J’aurai au moins eu le mérite de vous faire sortir de votre grisaille. Vous fûtes piqué au vif . Voilà, enfin vous expliquez que c’est complexe, qu’il n’y a pas d’une part une caste qui fait du mal à d’autres personnes . Et dans votre vexation, vous retrouvez des couleurs, on comprend vos phrases, vous tentez de piquer , d’affaiblir , peine perdue.

                  Vous confirmez que vous prenez tout à l’envers, vous lisez trop vite et vous avez envie d’en découdre. Donc je vous répète que l’auteur n’a aucune science particulière, qu’en effet il peut se tromper, loin de moi l’idée de penser le monde d’une manière binaire justement. Il a son point de vue ; et qui diffère pour chaque personne bien évidemment, ma petite personne n’est représentative de rien ni personne . Ces avis et points de vue changent chaque jour , s’affinent ou s’engourdissent, c’est tout à fait possible, humain et faillible sans nul doute. C’est bien là la substance de ma prose qui vous énerve : les choses qui se présentent à nous sont le résultat d’un faisceau d’événements. On s’adapte, on ajuste.

                  Au lieu de parler des sujets et la passion de la bande dessinée, vous vous amusez à me faire un petit procès, c’est comique. Vous parlez sans doute un peu de vous, il n’est jamais trop tard pour se upgrader. Vos conseils de vie me font bien rire.

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