De nombreux auteurs ont fait le déplacement, y compris des vedettes comme Régis Loisel, pris vendredi sous le feu des projecteurs (logique, pour un Canadien d’adoption, de se rendre dans la cité de Jacques Cartier !). On note aussi la présence d’un nombre croissant d’auteurs étrangers, parmi lesquels l’Américain Ted Naifeh ou la Coréenne Park Hee Jung, dont vous retrouverez prochainement les interviews sur ActuaBD.
Au Palais du Grand Large, dont la vue sur l’océan ferait pâlir d’envie bien des Centres de Congrès, sont rassemblées les animations et les expositions : cette dichotomie (salon d’un côté, expos et animations de l’autre) sera bientôt aussi celle d’Angoulême. Les expositions valent particulièrement le détour, qui mettent en valeur, dans des ambiances personnalisées, les planches originales de dessinateurs aussi talentueux que Steve Cuzor, Dino Battaglia, Jean-Claude Götting, Eve Tharlet, Etienne Davodeau ou Coyote. Le jeune scénariste Fabien Vehlmann bénéficie également d’une rétrospective qui, pour faire preuve d’un certain humour, n’en couvre pas moins un parcours déjà impressionnant (voir notre interview).
Comme beaucoup de festivals en France, Saint-Malo affirme son ancrage local en organisant des manifestations qui impliquent les Malouins dans son déroulement : un atelier BD organisé pendant toute l’année dans la cité corsaire se prolonge en "Rencontres Pro-Amateurs" ; un "Espace jeunesse" propose aux enfants des ateliers de toutes sortes ; des visites scolaires sont organisées... Globalement, le public, très familial, dénote une bonne insertion du festival dans la vie locale.
Cet ancrage est présent aussi dans la programmation elle-même : l’expo Kris-Davodeau évoque ainsi l’adaptation d’un épisode douloureux de l’histoire bretonne, les grandes grèves brestoises de 1950. Lors d’une manifestation, un ouvrier, Edouard Mazé, tombe sous les balles de la police ; le cinéaste militant René Vautier, alors exilé en Irlande, est appelé par la CGT à venir réaliser un film sur les événements. Son titre, qui est aussi celui de l’album de Kris et Davodeau : "Un homme est mort". Le film, projeté dans différents lieux occupés par les grévistes, remontera le moral des troupes par sa force dramatique, mais finira en lambeaux - il n’en reste presque plus rien aujourd’hui... Kris, Davodeau et René Vautier lui-même étaient présents sur le festival pour parler de leur travail.
On n’oublie pas, enfin, que Quai des Bulles est le festival "de la bande dessinée et de l’image projetée" : la programmation cinéma de cette année, sous le thème "Etranges Voyages" (clin d’œil aux "Etonnants voyageurs", autre festival phare de Saint-Malo), proposait un film culte comme L’armée des douze singes de Terry Gilliam aussi bien qu’une curiosité comme Assassination Tango du comédien américain Robert Duvall - un polar situé à Buenos Aires, dans lequel le tango est un élément au moins aussi important que le crime...
Voir en ligne : Le site du festival
(par Arnaud Claes (L’Agence BD))
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Photos : A. Claes