Dans Le Mystère Borg, le dessinateur et scénariste Jacques Martin imaginait qu’après l’arme nucléaire, ce serait une « bombe sale » qu’utiliserait le maléfique Axel Borg comme « arme absolue » afin de rançonner le monde libre.
Elle est le fait d’un savant du nom de Zermi (l’allusion à Enrico Fermi, le physicien italien qui découvrit la fission nucléaire et qui rejoignit le « programme Manhattan » est ici transparente [1]) qui découvre et domestique un « super-virus » avec lequel Borg décide d’infester un petit village isolé de Suisse pour démontrer la puissance de son arme, sans l’ombre de la moindre empathie pour les victimes.
Pour son récit, Martin s’était inspiré d’un épisode de fièvre typhoïde à Zermatt dans le Valais en mars 1963. La station fut immédiatement isolée et on rechercha les personnes infectées tant en Suisse qu’en Allemagne. Dans l’album, le savant qui avait mis au point en parallèle un antidote, fait que grâce à Lefranc, l’aventure se termine bien.
Mais si l’arme bactériologique existe depuis la nuit des temps (certains historiens ont émis l’hypothèse que la Peste noire qui décima la moitié des Européens en 1347 résultait de l’usage de cadavres infectés par les Tatares lors du siège de Caïfa dans la Mer noire trois ans plus tôt), cela n’empêche pas jusqu’au milieu du XXe siècle des expérimentations, en Afrique du Sud, de savants fous au service de l’Apartheid, cherchant à trouver une bactérie mortelle susceptible d’affecter les Noirs !
Cela dit, quand on considère cette pandémie du covid-19, on ne peut qu’être rétrospectivement interloqué par la prédiction de… Bill Gates qui déclarait en février 2017 à une conférence sur la sécurité à Munich : « Qu’il apparaisse dans la nature ou dans les mains d’un terroriste, les épidémiologistes disent qu’un pathogène transmis dans l’air et se propageant rapidement peut tuer 30 millions de personnes en moins d’un an ».
Il ajoutait qu’il fallait se préparer à cette tragédie avec le même sérieux que pour une attaque nucléaire : « Le coût global de la préparation à une pandémie est estimé à 3,4 milliards de dollars par an. La perte annuelle qu’une pandémie pourrait atteindre 570 milliards… »
Nous sommes trois ans plus tard et, alors que Bruxelles se trouve aujourd’hui confinée, quelle leçon avons-nous tiré de cette prédiction ?
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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