Quand Jésus revient sur Terre, coaché par le super-héros Sunstar, ça dépote mon pote !

Dieu en a assez de l’humanité ! Depuis la création, les hommes n’en font qu’à leur tête sans penser ni aux conséquences, ni aux punitions qu’ils ont reçues par le passé… Incurables ! Même le sacrifice de son fils unique n’a rien changé à cette soif de pouvoir des êtres humains qui s’entretuent, torturent et détruisent tout sur leur passage.

Alors quand Jésus, voyant son père devenir fou de rage, propose de retourner une nouvelle fois sur Terre, comme il l’avait promis : Dieu hésite, pour finalement lui autoriser l’accès à notre planète, à condition d’être coaché par le super-héros qui vit à Urban City : "Sunstar", une sorte de Superman avec relativement les mêmes pouvoirs et les mêmes faiblesses. Le Tout-Puissant espère ainsi que son fils ne commettra pas une seconde fois la même erreur que jadis, et apprendra qu’il faut parfois user de la force pour se faire comprendre. C’était sans compter la foi et les convictions du Christ qui continue d’espérer qu’il reste du bon en chacun de nous...

Sous son ton enjoué, Le retour du Messie dépeint des aspects pragmatiques de la vie de Jésus et de ce super-héros. Par le biais de nombreux flashbacks, le lecteur (re-) découvre l’enfance du Messie jusqu’au jour de sa mort sur la croix, mais également les conditions de vie de cette époque, notamment avec Shimon, l’ami d’enfance de Jésus qui sera le menuisier de la fameuse croix, mais également de toutes celles de l’époque, la crucifixion étant le supplice le plus courant en vigueur et donc un marché florissant !

Comment le Christ a-t-il été tenté par le diable ou encore ce qu’a-t-il dit pour convaincre les apôtres de le suivre, tant la première fois que lors de ce deuxième passage sur Terre où un séjour en prison lui permet de rencontrer son premier disciple contemporain…

De son côté, Sunstar a beau être l’homme le plus fort du monde, doté de pouvoirs extraordinaires, il n’en reste pas moins un être comme les autres, en proie aux doutes et à l’incapacité d’avoir un enfant avec sa dulcinée. C’est ainsi qu’on le retrouve dans des groupes de parole avec d’autres super-héros qui ont besoin de reconnaissance, d’amour et de partage…

Le dessin de Richard Pace et Leonard Kirk conjugue l’esthétique saint-sulpicienne et celle des super-héros, dans un résultat assez farce surtout quand Dieu, affublé d’une casquette très colorée s’en va converser avec un Lucifer en costard-cravate.

©Leonard Kirk / Delcourt Comics

Cela donne un ouvrage finalement assez introspectif bien que l’action ne manque pas : entre un dictateur qui veut dompter Sunstar, Lucifer qui veut remonter au Paradis, des cambrioleurs en goguette, et des super-vilains complotistes dans leurs antres démoniaques, … le duo de choc s’avère bien loin de "Tango et Cash" comme l’aurait espéré Dieu qui ne ménage pas ses efforts, guidé par le scénario de Mark Russel.

Une vision personnelle qui a fait reculer DC Comics mais qui, par son humour, amène à réfléchir sur une condition du divin finalement plus pédagogique qu’autre chose.