On se souvient des années 1970, avec ces journaux de bande dessinée tout puissants qui tiraient jusqu’à 300’000 exemplaires par semaine : Mickey, Spirou, Tintin, Pilote...
Puis leur présence a décliné. Dans les hebdomadaires, seuls le groom et la souris sont encore là, mais leurs tirages n’ont rien à voir avec ceux d’antan. Astérix était passé de Pilote au quotidien Le Monde ou à VSD en raison d’une périodicité inadaptée, mais surtout pour capter une audience à la hauteur de ses scores en librairie.
Pourtant, depuis quelques années, la BD reconquiert les kiosques. Les super-héros américains tiennent fermement leur segment de niche, grâce notamment à Panini, animé à chaque saison par un blockbuster au cinéma. Les produits "hors-presse" accompagnant les quotidiens, que ce soit avec Le Figaro, Le Monde ou Le Soir en Belgique, sont souvent consacrés aux classiques de la BD : Tintin, Gaston, Blake et Mortimer,... Les hors-séries fleurissent autour d’Astérix, Tintin, récemment Franquin pour Lire, Blake & Mortimer pour Beaux-Arts, bientôt Astérix pour Lire, Corto Maltese et XIII pour L’Express.
Chaque été, les éditeurs mènent bataille pour placer leurs nouveautés en prépublication. Il faut dire que cela correspond à une période de disette rédactionnelle et que les journaux s’emploient à remplir leurs pages de choses plus distrayantes et plus attirantes pour conserver de bons chiffres de vente pendant l’été. Pour les éditeurs, cela sert de teasing aux nouveautés de la fin de l’année...
Si l’on s’intéresse au groupe de tête des éditeurs français de BD : Media-Participations (Dargaud, Dupuis, Le Lombard), Delcourt (Delcourt, Soleil) et Glénat (Glénat, Vents d’Ouest), celui qui domine de la tête et des épaules est sans conteste Mediatoon, la filiale qui s’occupe des replacements pour Media-Participations. Il faut dire qu’ils ont un catalogue exceptionnel et qu’ils labourent le secteur depuis un bon moment grâce à une équipe dynamique.
À leur tableau de chasse cette année : Michel Vaillant des studios Graton dont le tome 4 de la nouvelle série paraît dans L’Equipe magazine au rythme de deux planches/jour pendant 26 jours, Dad de Nob qui paraît dans Aujourd’hui en France/Le Parisien, Le Journal de Mickey, Le Monde des Ados, et dans Télé 7 Jours, IR$ de Vrancken & Desberg dans Les Échos, La Planète des Sages de Jul dans L’Express, Pico Bogue d’Alexis Dormal & Dominique Roques dans Ouest-France, Le Chat du Rabbin de Joann Sfar dans Le Soir de Bruxelles, Les Beaux Etés de Lafebre & Zidrou dans La Dernière Heure et dans L’Immanquable, La Marsupilami et Le Petit Spirou dans Vers l’Avenir, Tyler Cross de Nury & Brüno dans Les Inrocks.
XIII Mystery de Matz & Rossi dans VSD, J’aime une Harley de Margerin dans Moto Magazine, Kid Lucky de Achdé dans Télé Revue, Les Minions dans Télé Star et dans Le Journal des Ados, Les Lapins Crétins de Thitaume & Romain Pujol ou encore De Gaulle à la plage de Ferri dans Télé Poche, Sam de Marazano & Chang dans Okapi,...
Le Groupe Delcourt / Soleil s’est concentré sur un partenariat avec Aujourd’hui en France / Le Parisien qui publie la nouveauté d’Alfred sur Étienne Daho, L’Homme qui chante, Tu mourras moins bête 4 de Marion Montaigne (également présente dans Phosphore chez Bayard), Chicagoland de Sacha Georg & Fabrice Colin.
Du côté Soleil, Un Village français 2 de Vladimir Aleksic & Jean-Charles Gaudin, Le Cheval d’orgueil de Marc Lizano d’après Pierre-Jakez Hélias, PSG All-stars 1 de Victor Drujiniu & Mathieu Mariolle.
Le groupe Glénat/Vents d’Ouest qui mise évidemment sur sa grosse nouveauté de la rentrée, l’ineffable Titeuf de Zep présent dans Le Journal de Mickey, Télé Loisirs, Nice Matin, Le Progrès de Lyon et La Tribune de Genève.
L’excellente série Les Quatre de Baker Street scénarisée par Jean-Blaise Djian & Olivier Legrand, et dessinée par David Etien, de même que Game Over de Midam, sont dans Le Monde des Ados, Valhalla de Nicolas Pothier & Marc Lechuga, L’Abbaye de Clairvaux dans L’Est Eclair, La Cuisine de Mamette de Nob dans Nice Matin, Le Déclic de Manara dans The Good Life et enfin Tom dans I Love English.
L’air de rien, cela fait une audience entre 7 et huit millions d’exemplaires et qui touche un public qui ne fréquente plus forcément les librairies. Dans le contexte d’une baisse d’audience de la presse en raison de l’encombrement des kiosques : surproduction, là aussi, mais aussi en raison de la diffusion de l’information sur Internet et sur les médias sociaux, la bande dessinée est peut-être pour celle-ci le moyen de mieux résister au déclin, voire même d’augmenter les ventes. C’est tout ce que l’on leur souhaite !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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