Hachette et Albert-René se sont donnés beaucoup de mal à teaser semaine après semaine, là le titre, ici une vignette (qui ne figure d’ailleurs pas dans l’album, bien joué…), là une couverture et nous, les médias, en bonnes pâtes, de suivre le mouvement, parce qu’Astérix c’est notre enfance, c’est notre famille, c’est la fête après la période maussade de la pandémie, et qu’on ne gâche pas une fête.
Alors comment est-elle, cette fête ? Elle tient ses promesses, elle pétille. Le scénario de Jean-Yves Ferri figure parmi les meilleurs, non seulement des derniers cinq titres, mais aussi des précédents albums. Il a acquis le rythme particulier à René Goscinny dont les intrigues sont finement organisées autour des gags. il réussit ici parfaitement la caractérisation de ses personnages, principalement des Amazones qui ne s’en laissent pas conter, clou du spectacle de cet album truffé de jeux de mots et de patronymes aux petits oignons (y croûton). Albert Uderzo a eu le nez fin en recrutant l’auteur de De Gaulle à la plage…
Son récit porte nos héros chez les Sarmates, un peuple à l’Est qui parle avec des « Ǝ » inversés, une sorte de cyrillique avant la lettre. C’est un peuple matriarcal. Ce sont les hommes qui y font le ménage et la cuisine. De son côté, César, abusé par son géographe Terrinconus (un clone de l’écrivain Michel Houellebecq), envoie son armée à la recherche d’un animal inconnu, le Griffon, dont un ancien chroniqueur grec, Trodexès de Collagène (ce n’est qu’un des truculents patronymes de l’album), parle dans une ancienne chronique.
Le résultat est une aventure parfaitement astérixienne avec ce qu’il faut d’humour, de poésie et de dépaysement. Et sur ce point, Conrad fait merveille. Ses chevaux, dessinés en connaisseur, ses paysages de neige et ses nouveaux personnages qui viennent enrichir un catalogue déjà riche, il tient de mieux en mieux l’univers en mains.
Alors, peut-être que, par nostalgie, vous considérez que les premiers albums restent les meilleurs et vous n’aurez sans doute pas tort, mais Astérix et le griffon a conservé l’étoffe et la magie d’une collection Astérix irremplaçable. Vous pourrez sans rougir le mettre dans votre bibliothèque à côté des autres.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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