BD d’Asie

Que sa volonté soit faite : le dieu tombeur arrive au "dénouement"

Par Guillaume Boutet le 2 novembre 2016                      Lien  
Clap de fin pour le « dieu tombeur » qui tire sa révérence après d’étonnantes aventures mais surtout de singulières conquêtes qui lui ont permis de sauver le monde tout en prouvant que les principes des jeux de drague s’appliquent à la réalité !

Deux ans après le Japon, Que sa volonté soit faite s’achève à son tour en France. Publiée originellement de 2008 à 2014, et comptant en tout 26 tomes, la série de Tamiki Wakaki aura su se démarquer grâce à son héros atypique, Keima, méprisant la réalité, lui préférant la logique sans faille jamais déceptive des jeux vidéo.

Rappelons que le récit propose de suivre différentes conquêtes que Keima doit effectuer afin de sauver des jeunes filles des failles de leur cœur, utilisée par des démons dans le but de ressusciter. En leur faisant connaître l’amour, notre héros comble cette faille et les sauve.

Cependant Que sa volonté soit faite n’a jamais été une réelle comédie romantique, ni même un titre sexy, bien qu’il revisite le genre harem -c’est à dire où un jeune garçon se retrouve entouré d’une ribambelle de filles amoureuses de lui- mais en y apportant une façon de l’aborder bien à lui, un peu unique dans son genre.

Que sa volonté soit faite : le dieu tombeur arrive au "dénouement"
© 2008 Tamiki Wakaki / Shogakukan / Kana

Avec son trait rond et bon enfant, Tamiki Wakaki a ainsi proposé des jeux de conquêtes platoniques aux visées essentiellement psychologiques. En tant que joueur, son héros a recherché sans cesse le bon chemin, le point d’approche dans la personnalité de ses cibles amenant au choix des évènements devant lui permettre de les toucher au cœur.

Le manga, comme toute série fleuve à succès, aurait pu s’achever à la fin de son second arc narratif, soit au tome dix-neuf, au cours duquel Keima dut conquérir de nouveau d’anciennes jeunes filles afin d’éveiller des Déesses et déjouer les plans des Nouveaux Démons de Vintage, souhaitant transformer sa ville en Enfers.

Nous avions chroniqué à l’époque ce tome, et l’histoire aurait pu s’arrêter là, monnayant un épilogue. Ce ne fut pas le cas, et un dernier arc narratif débuta courant jusqu’au tome 26, dernier de la série.

© 2008 Tamiki Wakaki / Shogakukan / Kana

Dans cette dernière aventure, Keima se trouve renvoyé par les Déesses dans le passé, il y a 10 ans, habitant son corps d’enfant de l’époque, dans le but de préparer les éléments qui lui ont permis dans le présent de sauver les fameuses Déesses et sa ville.

Ainsi dans cette dernière partie, nous suivons Keima dont la mission consiste de faire en sorte que tout se déroule comme « prévu ». Il y aura bien entendu quelques surprises et des situations à remettre sur les rails pour qu’elles collent avec le futur qu’il connaît.

On retrouve dans cette dernière aventure la structure habituelle de la série, à savoir chaque étape nécessitant de s’occuper du cas d’une jeune fille, à la conquérir, même si Tamiki Wakaki s’amuse ici à mettre en scène des situations atypiques, loin de la comédie romantique habituelle.

Il faut dire que notre héros étant dans un corps d’enfant de 10 ans, ces dernières conquêtes ne sont jamais au premier degré et c’est la dimension du « problème à résoudre » de la demoiselle qui domine.

© 2008 Tamiki Wakaki / Shogakukan / Kana

Si cette dernière partie apparaît clairement comme le prolongement d’un titre sous la pression du succès, Tamiki Wakaki s’en sort bien et évite la répétition en proposant des ultimes conquêtes relativement originales, en dépit de quelques longueurs, qu’il n’évite pas malheureusement.

Cependant le mangaka creuse et achève également la dimension mythologique de sa série, en particulier grâce au personnage de Dokuro, la bonne surprise de ce dernier arc narratif, au cœur d’une puissante révélation de l’avant-dernier tome, véritablement apogée émotionnelle du manga, et qui justifie pleinement de ce dernier acte.

Le tout dernier tome semble moins puissant puisqu’il s’agit d’un long épilogue qui règle les derniers détails de la victoire de nos héros, offrant les derniers moments de bravoures de plusieurs héroïnes.

Les intrigues autour des Enfers se révèlent à nouveau très complexes, mais elles resteront une nouvelle fois en arrière-plan, sans plus de détails, tout comme l’origine des Déesses, ou encore tout ce qui concerne la sœur d’Elsy.

© 2008 Tamiki Wakaki / Shogakukan / Kana

N’oublions pas que tout le récit passe par le regard de Keima qui n’est pas plus intéressé que cela par les affaires du Ciel et des Enfers -bien trop pressé de retrouver ses chers jeux vidéo ! Cependant Tamiki Wakaki se plaît tout de même à placer une ultime et inattendue révélation sur les origines d’Elsy, la jeune sœur de Keima, un peu bête mais gentille, qui sort un peu de nulle part, bien que touchante et bouclant la boucle.

Enfin, parce que le mangaka a toujours fait les choses sérieusement, il clôt le harem en terminant sur Keima qui avoue ses sentiments à l’une des héroïnes de la série. Un choix qui ferme les portes de l’aspect romance, avec des lecteurs qui seront satisfaits par cette décision et d’autres non.

Nous n’avons jamais tari d’éloges sur cette série qui a su proposer une relecture aussi fûtée que bon enfant du genre harem avec son héros asocial, plus intéressé par l’analyse des schémas comportementaux que par les gens en eux-mêmes.

La fin de la série s’avère satisfaisante, toutes les sous-intrigues se trouvent achevées, les mystères résolus et notre héros en ressort définitivement différent, transformé en partie. Une conclusion convaincante pour une œuvre qui a su apporter une belle fraîcheur et un réel renouveau à un genre très codifié et usé. Une grande série à lire et relire !

© 2008 Tamiki Wakaki / Shogakukan / Kana

(par Guillaume Boutet)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782505065135

Que sa volonté soit faite T26. Par Tamiki Wakaki. Traduction Pascale Simon. Kana, collection "Kana Shônen". Sortie le 7 octobre 2016. 240 pages. 6,85 euros.

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