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"Quelques Instants plus tard..." : Dialogue entre bande dessinée et art contemporain

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 24 octobre 2012                      Lien  
À Paris, jusqu'au 7 novembre 2012, puis à Angoulême, Perpignan et Bruxelles, une importante exposition associe 40 auteurs d'art contemporain avec 40 artistes de bande dessinée. Une rencontre inédite qui ouvre bien des perspectives...
"Quelques Instants plus tard..." : Dialogue entre bande dessinée et art contemporain
Enki Bilal et Vladimir Velickov, Work in Progress (détail)

C’était la foule des grands jours, hier à Paris au Couvent des Cordeliers où s’ouvre une exposition associant bande dessinée et art contemporain. De grands auteurs de BD étaient présents : Bilal, Schuiten, Druillet, Gilbert Shelton, Milo Manara, Loustal, Vuillemin, Geluck,... Avec eux quelques grandes signatures de l’art contemporain : Ben, Christian Balmer, Jérôme Mesnager, Speedy Graphito, Jean-Paul Albinet, Gérard Le Cloarec... Bon nombre d’acheteurs d’art contemporain parmi lesquels on reconnaît Michel-Edouard Leclerc, également grand amateur de bande dessinée.

L’objet de l’exposition ? Proposer des œuvres communes à 80 artistes, 40 de bande dessinée, 40 d’art contemporain. une rencontre inédite, ainsi que nous l’explique le galeriste à l’origine de l’événement, le Belge Alain Huberty, de la galerie Petits Papiers (à Paris et à Bruxelles) : "Lors d’un déjeuner, Philippe Druillet nous a parlé de Christian Balmier, une grande figure du mail-art. Il écrivait au capitaine Haddock ou à Philip Mortimer et l’enveloppe lui revenait, sur laquelle il dessinait ensuite. Nous l’avons rencontré et de là est née une complicité. On s’est dit : pourquoi ne pas étendre ce dialogue entre art et bande dessinée, et cela a donné cette exposition-ci. Jusqu’ici, les expositions, comme Vraoum ou la Biennale du Havre, mettaient côte à côte un auteur de BD avec un créateur d’art contemporain. Ici, c’est la première fois qu’ils interviennent sur la même œuvre. C’est une évolution logique, dans l’ordre des choses."

L’exposition qui court jusqu’au 7 novembre 2012, ira ensuite à Angoulême au Musée de la BD (pendant le festival, du 23 novembre au 3 février 2013), à Perpignan dans le Centre d’art A cent mètres du monde (du 8 février au 3 avril 2013) et à Bruxelles au Rouge Cloître (du 23 avril au 21 juillet 2013).

Ensuite, une vente publique proposera ces œuvres aux acheteurs.

Alain Huberty, l’un des animateurs de la Galerie Petits Papiers à l’origine de l’exposition

OPA de la BD sur l’art contemporain ou le contraire ?

Cette confrontation entre BD et art contemporain n’est pas nouvelle. Dès 1967, dans le premier exercice de légitimation de la bande dessinée aux Arts Décoratifs, Bande dessinée et Figuration narrative, le dialogue était ouvert. Il a été repris récemment par les expositions Vraoum, la biennale d’art contemporain du Havre et quelques galeristes. Les acheteurs d’art contemporains sont-ils en train d’investir dans la BD ou est-ce celle-ci qui surgit dans le domaine de l’art contemporain ?

"Ni l’un, ni l’autre, nous dit Alain Huberty, ce sont deux arts à part entière. Mon public a moi n’a pas évolué particulièrement : ce sont toujours des amateurs de belles choses. Le marché de l’original de bande dessinée est comme le marché de l’art contemporain : il y a vingt auteurs majeurs. Pour pouvoir être une galerie haut de gamme, il faut leur proposer des projets. On s’intéresse à l’art contemporain mais notre galerie restera toujours une galerie de bande dessinée, pas d’art contemporain."

Le basculement n’est donc pas encore fait, comme nous le confirme le dessinateur belge Frank Pé qui expose des œuvres faites en commun avec Dario Caterina : "La BD est demandeuse, de toute façon, dit-il. Tout le monde se recherche et se renifle. On ne sait pas du tout vers quoi cela peut aller. C’est plein de question, de zones à explorer, c’est cela qui est chouette. A priori, ces deux univers ne devraient pas se rencontrer parce que la BD communique avec un contenu, ce n’est pas juste esthétique. L’art contemporain a pour beaucoup, depuis longtemps, lâché le contenu. Revenir sur le contenu dans quelque chose qui cherche la forme depuis un siècle, c’est intéressant. Ce n’est pas nouveau. Quand j’ai fait mes études à Saint-Luc à Bruxelles dans la fin des années 1970, Schuiten et Renard [1] avaient déjà commencé le mouvement. Mais il a fallu trente ans pour qu’existe une exposition comme celle-ci."

Frank Pé devant sa contribution croisée avec Dario Caterina

Accords et désaccords

"L’art contemporain a exploité tous les domaines sans retenue, nous raconte l’artiste français Jean-Paul Albinet : la photo, la peinture, la sculpture, le multimédia, le son, le texte, le corps, tout ce que vous voulez : il n’y a pas de limites. ce n’est pas cantonné à une production 2D ou 3D, c’est ce qu’on veut ! Il y a des affinités, des connivences et des points de rencontre et de divergences avec la bande dessinée. C’est ce qui est intéressant pour un artiste, ces accords et ces désaccords. La bande dessinée a abordé des territoires qui étaient proches des nôtres et nous, des leurs. En ce qui me concerne, j’avais créé dans les années 1970, le groupe Untel, qui bénéficie depuis peu d’une salle au Musée de Strasbourg. On avait créé un "vrai-faux supermarché" en 1977 à la Biennale de Paris, très critique envers la société de consommation, dans la lignée des Situationnistes." Une démarche que le groupe de BD Ferraille reprendra plus tard à Angoulême, sans qu’aucun lien ne soit pour autant établi.

Miles Hymans devant l’oeuvre faite en commun avec Fedérica Matta

Mais comment les artistes se sont-ils accordés ensemble ? Par exemple entre Ben et Edmond Baudoin ? "Je suis niçois, il est niçois aussi. Cela fait longtemps qu’on se connaît, quand même. On allait dans les mêmes cafés. Il m’a dit au départ : "On fait un truc sur l’ego et puis, tu dessines de belles filles, je veux que tu me dessines des filles. Je lui ai envoyé mes trucs, puis il me répondait. j’aime beaucoup Alechinsky, c’est pourquoi il y a ce dessin au milieu qui n’a rien à voir avec le reste de la page, qui dit autre chose, c’est une allusion à ce grand peintre belge." Ben, Baudoin, Alechinsky, une salade niçoise, en quelque sorte.

Edmond Baudoin, devant "Ego et égaux", réalisé en commun avec le plasticien Ben
Ego et Egaux entre Ben et Baudoin

Même proximité pour Philippe Druillet et Gérard Le Cloarec : "Nous sommes voisins d’atelier. On a décidé d’un schéma et d’un positionnement ensemble. Druillet a voulu travailler en noir et blanc, sur le thème du cosmos. Moi j’ai envoyé le soleil et la couleur. C’est un visage Masaï, parce que c’est le soleil, le cosmos, le feu..., l’humain face au cosmos... La BD et la peinture, ce sont deux mondes très différents. La bande dessinée raconte souvent une histoire avec un texte. Dans la peinture, rien n’est inscrit, c’est au bon vouloir de chacun, d’un visiteur, d’un critique d’art ou d’un historien. Il faut aller la chercher, alors que la bande dessinée est dans le commerce, avec un environnement, une histoire. Marquer son temps, c’est de regarder les choses, et la bande dessinée en fait partie."

Gérard le Cloarec devant l’oeuvre qu’il a réalisée en commun avec Philippe Druillet

La rencontre est souvent ludique comme nous le raconte Jean-Paul Albinet : "Le rapprochement avec Silvio Cadelo s’est fait assez spontanément sur le thème de "méchante". J’ai "soclé" son travail par un code-barre que l’on peut lire avec un téléphone portable. Cela fait 22 ans que je travaille sur les systèmes codés. Avec la fonction gratuite "Quick Market" vous pouvez lire un flash code ou un code-barre. Ici, il est écrit : "étrange beauté". Depuis 1990, je signe mes travaux du code-barre 337731, c’est ma signature."

Silvio cadelo et Jean-Paul Albinet
"Méchante", une oeuvre en commun entre Silvio Cadelo et Jean-Paul Albinet
DR

Lâcher la BD pour quelque chose de plus rémunérateur ?

Est-ce que les auteurs de BD ne viennent pas trouver dans les galeries une rémunération qui leur fait défaut dans l’édition, ces temps-ci ? "On peut dire cela si on veut, nous répond Frank Pé. je me préoccupe de mes fins de mois comme tout le monde, mais ce qui me mobilise le plus, ce sont les idées, c’est de créer de nouvelles choses. Je suis un gourmand pour cela. Tous les auteurs ont intérêt, vu le contexte actuel, à se diversifier et à faire d’autres choses à côté de leurs albums. Le monde est ouvert, tout est possible. Pourquoi rester enfermés dans un ghetto ?"

Quant à la question de fidéliser un public d’acheteurs d’art contemporain, Jean-Marc Thévenet, galeriste et pionnier dans le rapprochement entre art contemporain et bande dessinée, reste sceptique : "Chez les acheteurs, il y a encore à mon sens encore une fracture très forte entre la bande dessinée et l’art contemporain, nous explique Jean-Marc Thévenet, je l’ai vu avec Michaël Mathys, par exemple, qui a été exposé il y a quelque temps à la Documenta de Kassel qui est considérée comme LA grande manifestation d’art contemporain dans le monde : les quelques acheteurs d’art contemporain que j’ai réussi à faire venir pour lui dans ma galerie ont pour la plupart du temps été subjugués par son travail mais ont été marqué par une réticence évidente à acheter parce que cet auteur venait de l’univers de la bande dessinée. Cette problématique des origines va sans doute s’estomper avec le temps, mais il y a encore un frein."

N’y a-t-il pas une génération de collectionneurs d’art contemporain qui sont également de la "génération BD" ? "Il ne faut pas oublier, objecte Jean-Marc thévenet, que l’art contemporain, c’est surtout de l’investissement. Très peu de collectionneurs sont des visionnaires. On le voit aux derniers résultats de la FIAC : les pièces qui se sont achetées sont "iconiques" : Warhol, Basquiat,... toujours les mêmes ! Acheter de la bande dessinée, c’est se faire plaisir. Il n’y a pas encore une dimension identitaire comme dans l’art contemporain. Des expositions comme celle-ci sont donc importantes."

Margerin est associé à l’artiste de Street Art Speedy Graphito

Le voyage en tout cas en vaut la peine. A côté de rencontres "plan-plan", on a des associations étonnantes, comme celle de Margerin avec Speedy Graphito, celle de Baudoin avec Ben, le "trou de balle" d’Alain Declerq et Manara, ou encore la collaboration entre Hippolyte Hentgen avec Ludovic Debeurme. Le bémol vient du discours qui accompagne cette exposition, en particulier, du côté des critiques d’art. Ainsi, le préfacier du catalogue, le critique d’art Jean-Luc Chalumeau, que l’on suppose considérable, date la notion de "neuvième art" de 1982, en se basant sur la publication du manifeste de Francis Lacassin, Pour un neuvième art, la bande dessinée, sur une réédition aux éditions Slatkin [sic]. Or le texte a été publié en 1971, tandis que le vocable 9e art a été inventé par Claude Beylie en 1964 et popularisé dans Spirou par Morris & Vankeer la même année.

On avance, certes, mais avec un train de sénateur.

Philippe Druillet et Marc Caro exposent également.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

L’exposition court jusqu’au 7 novembre 2012

Couvent des Cordeliers

15, rue de l’École de Médecine

75006 Paris

Elle ira ensuite à Angoulême au Musée de la BD (pendant le festival, du 23 novembre au 3 février 2013), à Perpignan dans le Centre d’art A cent mètres du monde (du 8 février au 3 avril 2013) et à Bruxelles au Rouge Cloître (du 23 avril au 21 juillet 2013).

[1Présents dans l’expo. NDLR.

 
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11 Messages :
  • Une BD paaaaardoon une bande déssinée qui serait légitimée(!)par le saint siège pour ce qu’elle est le moins:un art "accrochable" !Pourquoi pas.

    Mais si ces artistes contemporains savent parfaitement ce qu’est une exposition,combien savent ce qu’est vraiment la narration ?Et combien aussi, parmi ces vingt auteurs BD stars de la vente de l’original ,souvent brillants graphistes ,concepteurs visuels et dessinateurs,oui combien sont de vrais maîtres de la narration ,pour en avoir saisi les contours à bras le corps ?ça reste une vraie question !!

    Après,on reste dans le tout venant de l’animation culturelle,le frétillement du marché de l’art,on fait tourner la boutique, en ces temps où les fin de mois s’effilochent et qu’on va chercher le bénéfice où il est...Y’a pas de mal et c’est parfaitement compréhensible:surtout si c’est annoncé de manière claire comme ici.Et on est même prêt à pardonner les éternels discours d’intentions ,comme ceux sur l’art éthéré .Qu’on se le dise : la légitimation de la BD passera par le porte-feuille de ceux qui distribuent les hosties ou les anathèmes.C’est pas une fatalité c’est un plus...........il parait !!De toute manière ceux qui grincent du porte-monnaie on s’attache à les ignorer.Pourtant y’en a même qui sont auteurs !

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    • Répondu par Pierrot Dinjour le 24 octobre 2012 à  22:33 :

      Euh... quelqu’un a t il compris quelque chose à ce commentaire ?

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      • Répondu par Bardamor le 25 octobre 2012 à  00:32 :

        En effet ce n’est pas nouveau, Hergé déjà cherchait à être reconnu en tant qu’artiste, à ce qu’il paraît. Ce n’est pas nouveau, mais il faut que ça le paraisse (c’est la martingale de l’art moderne).

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        • Répondu le 25 octobre 2012 à  09:53 :

          Ce n’est pas nouveau, mais il faut que ça le paraisse (c’est la martingale de l’art moderne).

          Vous ne connaissez pas la distinction entre "art moderne" et "art contemporain" -ce qui de toute manière n’apporterait pas plus de profondeur à votre commentaire... mais le rendrait un moins risible toutefois.

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          • Répondu par Patrice Dumontel le 25 octobre 2012 à  14:27 :

            "art moderne" et "art contemporain" c’est la même chose, ce n’est PAS de l’art, c’est de l’escroquerie faite par des margoulins sans aucun talent qui se disent artistes. Les vrais artistes ne sont pas dans les galeries ou à la FIAC, mais ça ce n’est pas nouveau.

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            • Répondu le 25 octobre 2012 à  18:58 :

              ...euh, d’accord, si c’est vous qui le dites. Merci encore pour votre contribution.

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            • Répondu par Pierrot Dinjour le 25 octobre 2012 à  21:46 :

              Mince, on ne nous l’avait pas dit, tous les vrais artistes sont morts, l’art est mort, rangez les pinceaux, les crayons et les truelles, pseudos artistes. Patrice a décidé que vous ne faisiez pas de l’art. C’est vrai, vous êtes vivants, donc des margoulins, donc des escrocs ! De toute façon un vrai artiste est mort de sa belle mort depuis longtemps ou meurt de faim aujourd’hui.

              Merci Patrice de nous avoir éclairés, je me disais aussi que c’était bizarre ces trucs dans les galeries, que ce n’était pas net. Vous m’avez enfin ouvert les yeux !

              Quand à savoir qui est un escroc, un margoulin, suivez mon regard !

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            • Répondu le 25 octobre 2012 à  23:48 :

              Ben non, c’est pas la même chose. Vous pouvez mettre des majuscules autant que vous voulez mais il vous faudra bien réaliser que ce n’est que votre vision, et en aucun cas une vérité. Bonne réflexion.

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      • Répondu par la plume occulte le 25 octobre 2012 à  16:02 :

        C’est pourtant bien simple : est-ce que c’est au marché de l’art et à la spéculation de décider si la BD est légitime en tant qu’art et, est-ce à ce marché de décider si les artistes les plus côtés sur le marché de l’original (souvent plus sur leur nom que sur autre chose ,dans un milieu des "beaux arts"ignorant total du monde de la BD,comme l’avait pointé du doigt Crumb lors de son exposition au musée d’art moderne )sont les plus grands dans le domaine de l’art séquentiel :autrement dit l’art de la BD ?

        Sont-ils ,ces artistes,les plus représentatifs de l’art de la BD ou sont -ils les plus proches de ce qu’exige l’animation culturelle ,la spéculation et le commerce de l’art ?

        Est-ce que pour exister la BD a besoin du blanc-seing du marché de l’art et de l’institution ,la même chose au fond ?besoin de se tordre et se plier pour rentrer dans son cadre et correspondre à son orthodoxie ?Et au nom de quoi d’ailleurs ?

        Elle a peut être mieux à faire et plus urgent !!

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        • Répondu le 26 octobre 2012 à  00:40 :

          Voici de bonnes questions. Il est clair pour moi au moins que les travaux présentés ici ne représentent rien de ce qui pourrait attirer mon attention. Toutefois la collaboration Ben et Baudouin me parait intéressante. C’est certain que Druillet et Pé, des gens qui suent sur leurs pages, trouveront toujours en rétribution une certaine compensation. Car on en est là sur le marché de l’original en bd. On achète la sueur, le beau travail. C’est très 19e siècle cette appréhension du marché. Moi j’ai un copain artiste, il l’est depuis 20 ans- il s’en tire bien, je veux dire il n’est pas pauvre. Il m’a dit : l’Art n’existe pas ! Je le connaissais quand c’était un dessinateur doué, il est sculpteur maintenant. L’art n’existe pas !

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          • Répondu le 26 octobre 2012 à  14:57 :

            L’Art existe. Mais les meilleurs endroits pour exposer la BD comme Art, sont les rayons des librairies et des bibliothèques. Les galeries, les concerts dessinés et que sais-je encore, c’est du cirque.

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