À la veille de la Seconde Guerre mondiale, d’étranges et magnifiques cristaux sont découverts par Stuart Flint au cours d’une descente spéléologique dans une grotte du Groenland. Ne pouvant les examiner sur place, il expédie sa trouvaille à son collègue Simon Bell. Mais la mobilisation générale fait passer la révélation sous silence. Vingt plus tard, la fille de ce dernier, Marianne, fait ses cartons et tombe par hasard sur un pli jamais décacheté contenant un cristal limpide et une lettre du professeur disparu en mer au cours du conflit. Les cristaux semblent avoir des effets particuliers sur la jeune femme. Son compagnon et elle décident de remonter la trace du savant perdu et l’histoire de ces fabuleux minéraux.
Dans un classicisme revendiqué, cette aventure construite en diptyque rend d’abord hommage au maître du genre E. P. Jacobs. Entre un couple de spéléologues associant ressemblance physique et langagière et une attirance dévorante pour un fantastique réaliste et scientifique, Bruno Marchand (Little Nemo) inscrit son récit dans les pas du père de Blake et Mortimer.
Déroulant une histoire dynamique et une ligne claire maitrisée, l’intrigue développe rigoureusement des personnages concrets. Les décors authentiques sont finement travaillés dans chaque case et permettent d’accéder à une lecture quasi documentaire (le travail sur la capitale soviétique des années 1960 est remarquable). On ressent une attention forte à chaque détail. La colorisation réussie donne un relief profitable au dessin.
Néanmoins, le scénario méticuleux, monté sur rail, se déroule trop linéairement. Le lecteur n’a qu’un faible rôle à jouer et peut ressentir quelques difficultés à s’identifier à des personnages trop lisses et manquant d’aspérités auxquelles s’accrocher. Exception faite de Stuart Bell que l’on s’accapare très rapidement grâce à son caractère presque historique, il manque par moment quelques accélérations qui feraient décoller le lecteur de ses glissières. La grande préciosité de l’ensemble lui garantit des qualités mais crée également quelques pesanteurs non négligeables.
Toutefois, voici un album très calibré qui offre un moment de lecture plaisant. « By Jove ! »
(par Vincent GAUTHIER)
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