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Quetzalcoatl, T7 : Le Secret de la Malinche - Par Jean-Yves Mitton - Glénat

Par Charles-Louis Detournay le 22 mars 2008                      Lien  
Avec ce septième et dernier tome de sa grande saga aztèque, Jean-Yves Mitton conclut avec son brio coutumier sans doute sa meilleure série. Aussi entraînante et divertissante que culturellement intéressante, Quetzacoatl ravira les amateurs du genre.

1525 - Vera Cruz : la révolte couve, et les prisonniers torturés par les Espagnols souffrent. Une jeune femme plus particulièrement car elle est accusée d’hérésie, et l’Inquisition espère qu’elle lui révèlera l’emplacement du formidable trésor de l’empereur aztèque Moctezuma, dont elle fut la maîtresse. Le courage chevillé à l’âme, cette ’Malinche’ résiste toujours, malgré les sévices. Et continue à raconter à son confesseur, sa terrible histoire, rouge comme la guerre et le sang des hommes. Des hommes qu’elle séduisit pour survivre, et qui, de Moctezuma au conquistador Cortès, firent d’elle une légende, à la fois sainte et putain, témoin privilégié et horrifié de la grande barbarie des années de “Conquista”.

Quetzalcoatl, T7 : Le Secret de la Malinche - Par Jean-Yves Mitton - Glénat

On connaît Jean-Yves Mitton pour la passion qu’il apporte aux récits historiques, que soit en tant que scénariste dans Attila, mon amour, comme dessinateur pour De Silence et de Sang, et Vae Victis, ou en tant qu’auteur complet dans les Survivants de l’Atlantique et Chroniques Barbares.

Il atteint sans doute son apogée avec Quetzacoatl : en mettant son dessin au service de son scénario assez dense, il évite les pièges de l’illustration et de l’exhibitionnisme gratuit qu’on a pu parfois lui reprocher dans des œuvres précédentes. Bien sûr, une partie de la trame tourne autour de la beauté de l’héroïne et de l’attirance que son caractère entraîne, mais c’est au service de l’intrigue, comme son compère Rocca-Ramaïoli a conduit Bodicae dans Vae Victis.

En traitant de la conquête mexicaine comme un long flash-back, Mitton équilibre le récit entre petite et grande histoire, tout en comparant la folie aurifère de Cortès à celle des sacrifices de Montezuma. Cette alternance donne un équilibre à ce récit fort documenté (les autochtones utilisant des termes aztèques dont le lexique en fin de volume permet de comprendre le sens), et qui n’échapperait à la lourdeur si on ne revenait en détail sur l’Inquisition, ses motivations et son (triste) mode opératoire.

Pris dans les tourmentes de cette page obscure de l’Histoire, on ne sait plus vraiment distinguer la romance de l’authentique. Mitton, qui a confronté pas mal d’écrits pour concocter ce scénario, fait parler le biographe de Cortès en lui faisant avouer l’enjolivement qu’il avait apporté à ses campagnes. La boucle est donc bouclée : la version illustrée de Quetzacoatl vaut bien celle des livres d’Histoire, et on peut allègrement s’y plonger, tant la lecture est complète et détaillée.

À conseiller aux férus d’authentique et d’aventure, à ceux qui auraient dévorés les Conquérants du Mexique de Jean-Luc Vernal & Torton, dit Jeronaton [1] ou le Cheval d’Or de Willy Vandersteen (selon les goûts) : un petit bijou !

(par Charles-Louis Detournay)

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Les illustrations sont © Mitton/Glénat

[1Paru au Lombard dans la collection histoires de l’Histoire, le premier tome Les Conquérants du Mexique reprend de courts ou longs récits parus dans Tintin, ainsi que des illustrations. Dix ans plus tard, la suite plus romancée (Guerrero - La flèche et le feu) décrit les batailles de Cortès pour Mexico-Tenochtitlan

Glénat
 
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3 Messages :
  • Il est dommage que cet auteur talentueux se complaise trop dans la violence.
    Toutes ses histoires semblent n’exister que comme prétexte pour montrer des scènes de violence ou de sexe.

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    • Répondu par Michel Dartoche le 22 mars 2008 à  20:36 :

      puritain, même s’il est vrai que les publications Lug s’adressaient à un public jeune (et peu averti sexuellement, donc facilement traumatisable). Il est probable qu’il a du contenir certaines pulsions. Mais chez Glénat et notamment la collection Vécu, puisque les auteurs sont encouragés à parsemer l’intrigue historique de quelques brêves séquences olé-olé (mais tortures et mutilations sont également les bienvenues), il n’y a plus de problèmes et tout le monde est content !!

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      • Répondu le 23 mars 2008 à  10:14 :

        Pas moi. Lorsque l’extrême violence ou le sexe n’ont d’autre but qu’attirer les pervers et les voyeurs, pour faire vendre, on ne peut les approuver. Celà n’a rien à voir avec du puritanisme mal placé.
        Ainsi, je voulais acheter les deux derniers volumes de la série WEST lorsque j’ai vu une vignette où un personnage arrache l’oreille de son adversaire avec les dents : violence purement gratuite, je n’ai pas acheté ces albums.

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