Actualité

Quoi de neuf ? Reiser !

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 14 décembre 2009                      Lien  
Il faut saluer la réédition, discrète mais excellente, des œuvres de Reiser chez Drugstore. Cette publication est la preuve que ceux qui vilipendent le « politiquement correct » sont en réalité de fieffés dissimulateurs.

Quoi de neuf ? Reiser !Reiser, c’est d’abord un révolutionnaire du trait. Avant lui, le dessin était engoncé dans la manière, ce que d’aucuns appellent le style ou la tradition, d’autres les « tics ». Chez Reiser, tout ceci vole en éclat, le trait est jeté à la diable, agile comme l’esprit. Il EST l’esprit. De l’académisme qui n’est autre que la coquetterie de vouloir faire école, il ne reste rien.

Les ébénistes du style en ont des haut-le-cœur : voilà un gars qui, littéralement, « chie » de la planche, potentiellement capable d’assumer la surproduction à lui tout seul. Franquin bavait devant cette facilité. Car lui savait que Reiser le moderne était le Jackson Pollock du dessin d’humour, mais surtout que son trait, apparemment si facile, si spontané, était la quintessence stylisée de l’éclat de rire.

Il n’y a ensuite, chez Reiser, aucun tabou. Lui qui devait mourir d’un cancer des os à l’âge de 42 ans plaisantait de la maladie comme d’une bonne blague. Tout prêtait à rire pour lui : la politique, l’autorité, le sérieux, mais aussi les sujets qui fâchent : le cul, les femmes, les étrangers, les pédés et les juifs, ce que l’on nomme aujourd’hui le « politiquement incorrect » dont d’aucuns se réclament de nos jours pour travestir de véritables intentions politiques. Over 500 high quality slot games only at AllSlots Casino . Register now and get your welcome bonus !

Car c’est ce qui distingue Reiser de ces contemporains qui se drapent dans la défense de la liberté de la presse : jamais il n’exclut, jamais il n’invective, ni insulte. Son discours n’est pas politique, il est humaniste. Ce véritable écolo a toujours su mettre l’humain au centre de ses préoccupations. Et jamais il n’a attaqué quiconque.

Le Grand Prix d’Angoulême 1978 était en revanche sans pitié pour la connerie.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

 
Participez à la discussion
16 Messages :
  • Quoi de neuf ? Reiser !
    14 décembre 2009 08:41

    Après Blutch le Mozart de la BD, Reiser le Jackson Pollock du dessin d’humour. La formule facile...
    Blutch, c’est le Blutch de la Bd et Reiser, le Reiser du dessin d’humour. Et pis c’est tout !

    Répondre à ce message

    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 14 décembre 2009 à  15:21 :

      Blutch, c’est le Blutch de la Bd et Reiser, le Reiser du dessin d’humour.

      Elle est surtout là, la formule facile. Elle signifie : "restons bien douillettement dans notre petit monde de la BD et surtout ne nous intéressons à rien d’autre". Corporatisme !

      Reiser apporte à la BD ce que Pollock apporte à la peinture, le geste. Les amateurs de graphisme l’ont compris, je suis désolé que cela vous soit passé au-dessus de la tête.

      Dire que "Blutch, c’est le Blutch de la Bd", en revanche, cela n’a simplement pas de sens.

      Répondre à ce message

      • Répondu le 14 décembre 2009 à  19:21 :

        Bon, on va dire que Blutch c’est le Chateaubriand aux Cèpes de la BD et Reiser le Chassagne-Montrachet de la BD. C’est pas parce que nous parlons de bandes dessinées qu’il ne faut pas s’intéresser à nos papilles. Vous avez raison, assez de corporatisme !

        Et pourquoi Reiser plus Pollock que Hartung ? Parce que le rapport entre Pollock et Reiser, franchement, je ne vois pas. Ce n’est pas qu’une question de geste... Où voulez-vous en venir avec vos comparaisons ? Vous voulez parlez de synesthésie, de métaphore, d’analogie,de forme, de fond, de quoi, de sens, de nonsense... ?

        Répondre à ce message

  • Quoi de neuf ? Reiser !
    14 décembre 2009 11:11, par Walt

    Encore une fois, cher Didier, vouloir opposer le trait jeté (et génial au demeurant) de Reiser à d’autres styles "classiques" qui seraient "de l’académisme qui n’est autre que la coquetterie de vouloir faire école" est trop simpliste.
    Si certains ont créé ou contribué à développer des styles "léchés" et "épurés" qui sont difficiles à manier, au fil de dizaines d’années d’Histoire de la BD (Disney, Ecole de Marcinelle...), ce n’est pas "par coquetterie" mais simplement dans le soucis d’être le plus lisibles possible par les premiers lecteurs de ces plus anciennes BD qui étaient avant tout des enfants... avant que ces BD ou d’autres ne deviennent plus tard "tous publics" et puis d’autres encore après des BD "ado-adultes".

    Répondre à ce message

    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 14 décembre 2009 à  15:34 :

      Cher Walt,

      Encore une fois, cher Didier, vouloir opposer le trait jeté (et génial au demeurant) de Reiser à d’autres styles "classiques" qui seraient "de l’académisme qui n’est autre que la coquetterie de vouloir faire école" est trop simpliste.

      On peut distinguer sans opposer. Il faut bien expliquer en quoi le trait de Reiser est une révolution. Pour certains artisans laborieux (je ne visais personne en particulier), c’était traumatisant de voir ce genre de dessin recevoir autant de succès que de la belle ouvrage.

      Si certains ont créé ou contribué à développer des styles "léchés" et "épurés" qui sont difficiles à manier, au fil de dizaines d’années d’Histoire de la BD (Disney, Ecole de Marcinelle...), ce n’est pas "par coquetterie" mais simplement dans le soucis d’être le plus lisibles possible par les premiers lecteurs de ces plus anciennes BD qui étaient avant tout des enfants... avant que ces BD ou d’autres ne deviennent plus tard "tous publics" et puis d’autres encore après des BD "ado-adultes".

      Allons, allons. Tout artiste a cœur de transmettre. C’est le modèle dominant, dans la BD en particulier. Reiser, dont le dessin est quasi une écriture et donc une personnalité avant d’être un style, n’en est que plus traumatisant.

      Répondre à ce message

      • Répondu par Walt le 14 décembre 2009 à  15:54 :

        Si tu distingues sans opposer, j’applaudis des deux mains.
        Ne nous méprenons pas : Reseir est l’un de mes auteurs favoris depuis trente ans et à titre personnel je n’ai jamais été "traumatisé" par sont travail... Donc quand j’ai lu : "Les ébénistes du style en ont des haut-le-cœur" dans ton article, j’ai voulu humblement apporter ma nuance et mes précisions.

        Répondre à ce message

        • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 14 décembre 2009 à  16:01 :

          Pour parler de gens que nous avons connus, Jijé détestait Reiser cordialement. Surtout le sujet, mais aussi le traitement. Il paraît que Morris a claqué la porte de l’Académie des Grands Prix quand Vuillemin a été élu.

          Reiser a filé une claque à une certaine conception de la BD "franco-belge", jusque là destinée au seul monde enfantin. C’est son rôle historique et esthétique induscitable dont je parle ici.

          Répondre à ce message

          • Répondu par Oncle Francois le 14 décembre 2009 à  18:16 :

            Je voudrai me permettre de vous apporter un petit complément d’information à ce sujet. Vous connaissez tous la fameuse et historique Librairie Dupuis du 88 boulevard Saint Germain, à Paris Cinquième(pour une fois que je cite la capitale, n’allez pas en déduire pour autant que je suis tombé dans le plus sombre des parisianismes !°).

            Il me semble avoir fréquenté cette librairie à partir de l’an 1965, quand je passais mes vacances chez des proches de la famille, établis à Paris. A l’époque, c’était l’une des rares librairies spécialisées en BD, peut-être même la seule de France, et de nombreux auteurs du journal Spirou y venaient dédicacer leurs albums ; Franquin, Roba, Morris, Will, Tillieux, Peyo, Jijé, etc. Je ne voudrai pas faire l’éloge post-mortem de ces prodigieux auteurs qui ont marqué de leurs empreintes de géants la bande dessinée, même s’il est clair que la plupart des jeunes (quarante ans en moyenne) auteurs à la mode d’aujourd’hui ont interet à chausser des bottes de sept lieues s’ils veulent vouloir un jour marcher dans leurs traces !!

            Mais je m’égare, je m’égare, je me garde bien de lire de mauvais livres évidemment !!

            Revenons donc au sujet de mon intervention : je voulais simplement dire que l’on ne trouvait pas les albums de Monsieur Reiser dans cette fabuleuse librairie, au cours des années soixante. Situation d’autant plus étonnante que le siège de Hara-Kiri est situé à 300 mètres à peine (rue des 3 Portes !!). Il faut croire que les dirigeants de la librairie Dupuis (qui bien évidemment, proposaient aussi les livres de leurs collègues Lombard, Casterman et Dargaud)n’aimaient pas trop ce genre de dessin rapide et nerveux. De plus, il faut reconnaitre que les thèmes abordés par l’auteur ne s’adressaient pas aux enfants. Voila, ce petit message s’adresse à votre reflexion, et j’espère que sa lecture vous aura instruits.

            Répondre à ce message

            • Répondu par Stanislâche le 15 décembre 2009 à  00:31 :

              Cher Tonton François , c’est tout à fait normal, il n’y avait pas d’album de Reiser dans les années 60, ni même pratiquement de Reiser tout court d’ailleurs et Hara Kiri n’était pas rue des Trois Portes mais rue Choron puis Square Montholon.

              Si je puis me permettre ce petit complément d’information à ce sujet sans tomber dans le plus sombre des parisianismes . LOL

              Répondre à ce message

      • Répondu le 14 décembre 2009 à  19:38 :

        On peut distinguer sans opposer. Il faut bien expliquer en quoi le trait de Reiser est une révolution.

        Houla ! Une révolution ou une rébellion ? S’il est une révolution, il impose définitivement et durablement une façon de penser et d’agir. Paradoxalement, il fait école...
        C’est intéressant ce que vous dites mais, SVP, distinguez et opposez plus loin ! C’est trop rapide, là !

        Reiser, dont le dessin est quasi une écriture et donc une personnalité avant d’être un style (...)

        Houla ! Une écriture peut-être un style. Une personnalité génère un style. Le style est l’aboutissement d’une démarche. Si le style précède la démarche, alors, il est question de copie plus que d’originalité. "Personnalité" n’est pas incompatible avec "style". Reiser a un style puissant, au contraire ! Il ne faut pas confondre copier un style et créer un style... etc...
        Qu’entendez-vous par "style" ?
        Là aussi, il faudrait creuser plus loin...

        Répondre à ce message

        • Répondu le 14 décembre 2009 à  20:26 :

          S’il est une révolution, il impose définitivement et durablement une façon de penser et d’agir.

          La manière de Reiser a durablement changé la façon de concevoir le dessin de presse en France ( et belgique/suisse, mais pas ailleurs), mais n’a eu aucune influence sur la bande dessinée.

          Répondre à ce message

          • Répondu le 14 décembre 2009 à  23:13 :

            Pardon, Vuillemin ? Menu ? Ptiluc ?...

            Répondre à ce message

            • Répondu le 14 décembre 2009 à  23:42 :

              Vuillemin ? Menu ? Ptiluc ?...

              Ptiluc son truc c’est Franquin (période Gaston), Menu c’est du Carali, et Vuillemin est un héritier de Reiser oui, mais pour moi Vuillemin c’est du dessin de presse, pas de la BD.

              Répondre à ce message

              • Répondu le 15 décembre 2009 à  08:59 :

                "Vuillemin c’est du dessin de presse, pas de la BD."

                Totalement subjectif !

                Répondre à ce message

              • Répondu par Oncle Francois le 15 décembre 2009 à  13:34 :

                Vuillemin est héritier de l’esprit de Reiser (qui etait quand même moins volontiers scato, mais bien plus écolo et libertaire. Un peu comme moi, en somme !°). En revanche et si l’on parle de style, il me semble que Vuillemin a beaucoup emprunté à l’américain Harvey Kurtzman (publié dans Charlie-mensuel vers 1978 si ma mémé-moire est juste !)

                Répondre à ce message

  • Quoi de neuf ? Reiser !
    17 décembre 2009 12:25, par Mézigue

    "On vit une époque formidable, c’est Reiser qui l’a dit" (Wolinski).

    Si Reiser est réédité, ca se confirme !

    PS : Faut vraiment être ... pour se sentir attaqué ou offensé par la moindre attaque de Reiser, il n’attaquait pas, il constatait. Y’a une nuance tout de même.

    Répondre à ce message

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
A LIRE AUSSI  
Actualité  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD