R.I.P. Tome 1 : Derrick, je ne survivrai pas à la mort - Par Gaet’s et Julien Monier - Editions Petit à petit

Pour eux, la société qui emploie Derrick et ses collègues est chargée de « faire le ménage » avant que toute la famille n’arrive. Évidemment, ce qu’ils découvrent n’est pas toujours beau à voir… Le personnage principal, anti-héros, loser (et conscient de l’être !) fait partie de cette équipe de « nettoyeurs ». Avec ses camarades, ils viennent récupérer les objets de valeur dans les maisons de ces morts abandonnés.

Derrick et son équipe constituent un sacré ramassis de cabossés de la vie : Eugène colosse violent, Albert amoureux de l’image d’une jeune femme disparue, Mike obsédé par les jeux à gratter et Maurice, enfermé dans un mutisme malsain.

La vie de Derrick n’est guère p lus attrayante coincée entre une compagne antipathique et un quotidien sordide sans avenir, ni perspective. Le jour où, lors de leurs activités, il conserve une bague de grande valeur, Derrick se prend à s’imaginer une nouvelle vie, quitter cet univers sinistre et glauque. Mais il n’ignore pas avoir franchi un interdit majeur...

Son patron s’étant aperçu de la disparition du bijou, il menace de virer tout le monde. Les soupçons se portant alors sur un jeune beur récemment embauché, Derrick décide l’équipe de procéder à une expédition punitive. Un tournant qui va faire basculer l’histoire dans un engrenage de plus en plus sanglant.

Odeur pestilentielle, sensation d’étouffement et de moiteur... Un univers angoissant, effrayant, et pourtant... captivant !

Plus connues pour leurs guides illustrés (sur 14-18 par exemple) et des livres consacrés aux grands noms de la chanson ou de la poésie, les éditions Petit à Petit proposent aussi des albums plus singuliers. C’est le cas avec le début de cette série R I P (titre emprunté à la locution Requiescat in pace) qui baigne dans un univers aux limites du sordide. En dépit d’une ambiance particulièrement glauque où la mort est omniprésente et ce groupe de nettoyeurs pas franchement sympathiques, les auteurs parviennent à nous maintenir en haleine à la lecture de ce polar noir, très noir !

Un univers morbide dans lequel se fond chacun des personnages.

Avec ce premier tome déjà fort percutant, ce polar dense et tendu se développe néanmoins avec fluidité et annonce d’autres rebondissements.

Par sa narration sous forme de voix off au ton désenchanté, Gaet’s (alias Gaëtan Petit) nous fait entrer dans un univers singulier marqué à la fois par la bêtise, le racisme et la violence, une sorte de no future morbide et déglingué. Affreux, sales et méchants, c’est ainsi que Julien Monier nous représente des personnages dont l’aspect se confond avec les ambiances fort sombres du récit. Abandonnant le style plus réaliste utilisé dans d’autres albums de l’éditeur, le dessinateur a parfaitement réussi à s’accorder à l’esprit du scénario. Le travail sur les couleurs et la lumière grise venant conforter cette impression.

Ceux qui voudront "respirer" après toute cette tension, pourront savourer Chansons de Jacques Brel en BD, dernier titre paru de la collection qui a fait le succès de l’éditeur. Un collectif opportunément publié à l’occasion du quarantième anniversaire de la disparition du chanteur. Requiescat In Pace !