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R97, Les hommes à terre - Par Christian Cailleaux & Bernard Giraudeau – Casterman

Par Charles-Louis Detournay le 15 mai 2008                      Lien  
Un tour du monde des îles et de la poésie, entre les passions des hommes, et les secrets des femmes. Le mariage d'un superbe texte et d'une mise en images toute en simplicité et en efficacité : une réussite, rehaussée d'une magnifique couverture !

Qui n’a jamais rêvé de partir pour un tour du monde ? En quittant Brest, nous réalisons ce vœu à bord de la Jeanne d’Arc, guidés par les pas d’un jeune matelot, Théo, qui va faire là son premier voyage au long cours. Au cœur des traversées, l’équipage fait corps avec le navire, œuvrant pour que continuent sans cesse les vibrations de la grande machine de métal. C’est un monde à part, évoluant lentement sur la surface changeante des océans. Derrière les matelots, les hommes alors se dévoilent, pour se libérer lors des escales. Une fois débarqué, Théo suit un des ses compagnons pour vivre un moment anodin ou essentiel de sa vie d’adulte, en particulier avec les femmes, symbole de la vie parmi « les gens de la terre ». À travers ses diverses expériences par procuration, puis se lançant lui-même à l’aventure, il conclut son périple par sa première expérience d’homme scellant la fin de l’enfance.

R97, Les hommes à terre - Par Christian Cailleaux & Bernard Giraudeau – Casterman

En adaptant le Marin à l’ancre, roman de Bernard Giraudeau, le dessinateur des Imposteurs dépasse le registre de ses voyages pour faire partager au public le récit d’autres aventuriers. Ce tour du monde de Giraudeau n’est qu’une belle excuse pour découvrir une palette de personnages : retranché derrière l’apparente solidarité de la Royale, chaque homme s’ébat et se débat pour vivre son identité. Si les moments propres à la navigation permettent de découvrir quelques portraits attachants, ce sont bien les escales qui rythment cette histoire : La Martinique, Montevideo, Valparaiso, Balbao, Honolulu, Kobé, Colombo, Diego Suarez et Djibouti. Chacune d’entre elles dévoilent une autre facette du marin, de celui qui a quitté la terre pour naviguer, de celui qui attend la terre pour se retrouver. À travers ses moments forts de débauche et de passion, se construit peu à peu la personnalité du jeune homme ; il s’ouvre, prenant le temps de s’écouter.

Christian Cailleaux ne cache pas le dessein de son dessin : « Je ne souhaitais pas détailler les coursives et tous les tuyaux de la Jeanne d’Arc. Je voulais surtout faire sentir au lecteur les odeurs de la graisse, et les passions des hommes ». Son trait épuré prend au cœur. Si certains passages au sein du monstre d’acier manquent de sentiments, les escales transportent le lecteur, grâce à une ravissante gamme de couleurs. C’est alors que la magie des mots de Giraudeau, allié au dessin expressif de Cailleaux, se mélangent aux rêves emplis de senteurs de l’aventurier en herbe qui gît en chacun de nous. On se laisse emporter le rythme de la Jeanne d’Arc, profitant allègrement de la centaine de pages de voyages qu’elle nous offre. Revenu à Brest, comme Théo, on regrette la fin de l’aventure, et pourtant les images vécues restent en tête, et entêtent jusqu’à pousser sans doute le jeune matelot à chercher un autre embarquement, nous laissant espérer un hypothétique autre moment de magie.

Un fabuleux livre de poésie, à lire au calme, chez soi ; en vacances, imaginant l’aventure.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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