Rappelez-vous, il y a un an, nous vous présentions Fumettix, la nouvelle petite collection de poche de La Musardine qui exhume quelques trésors issus des productions italiennes publiées dans les années 1980.
Ces Fumetti érotiques italiens, des petits formats diffusés en kiosque, ont été popularisés en France par les éditions Elvifrance dans les années 1960 à 1980. En dépit du très grand nombre d’albums érotiques parus ensuite (près de six cents titres en plus de vingt ans), certains titres ont échappé à la sagacité des éditeurs. De quoi convaincre l’éditeur Dynamite d’offrir à ses lecteurs un retour en arrière nostalgique, dans un format de poche fidèle à l’original, tout en proposant trois récits dans ces petites intégrales de trois cents pages.
Ce quatrième opus de Fumettix fait directement le lien au précédent titre de la collection et consacrée à Ramba, une mercenaire sadique, un Rambo au féminin. Cette fois, la série revient au masculin pour surfer sur le mythe du personnage incarné par Stallone qui trustait le cinéma à l’époque [1].
En effet, notre héros Jeffl Raimbo est profondément américain, c’est-à-dire viscéralement patriote et anticommuniste, et il parcourt le globe au gré des missions que lui confie la CIA : Sahara, Vietnam, Europe de l’Est pour les trois premiers récits regroupés dans cet ouvrage. Agent spécial bodybuildé, volontiers gouailleur et grossier, Jeff ne fait pas dans la dentelle quand il débarque sur un terrain d’opération : il trucide les guérilleros, soumet les bolcheviks, éradique les terroristes... sans oublier, au passage, de prendre du bon temps avec les femmes du cru.
Interdiction
Même si ces récits de Raimbo ne sont pas complètement dénué d’humour, il ne faut pourtant pas chercher de second degré dans cette avalanche de rafales de mitraillettes, d’assassinats et de combats à mains nues. Notre héros n’a aucun tact et tient plus de la bête que de l’homme. Il voit un ennemi, il tue ; il voit une femme qui lui fait envie, il le lui indique de manière plus ou moins forte, selon que la belle se situe du bon ou du mauvais côté du rideau de fer.
Certains lecteurs se souviennent sans doute de la série parce qu’elle était la vedette du mensuel français Mat-cho, dont le itret souligne d’ailleurs bien le trait de caractère principal de Jeff. Comme nous l’apprend Bernard Joubert dans son introduction, le ministère de l’intérieur de l’époque, à savoir Charles Pasqua, interdit sa parution au bout de dix-sept numéros en décembre 1987.
Quarante ans plus tard, on retrouve cette série avec davantage de recul, et il faut avouer que son anticommunisme primaire qui n’évite aucun cliché porte une forme d’humour involontaire. Mais le vrai intérêt de ce pulp à l’italienne réside dans l’encrage de son dessinateur Lucio Filippucci, dont le trait précis et élégant lui a permis de succéder à un certain Milo Manara sur la série Chris Lean, avant de décrocher sa propre saga avec Raimbo, publié entre 1986 et 1987.
Cette intégrale des trois histoires plus portées sur l’action que sur l’érotisme qui passe ici au second plan, conviendra aux amateurs de récits bourrés de combats et d’adrénaline, dans la mouvance des deux premiers films de Rambo, en particulier le second long-métrage.
(par Charles-Louis Detournay)
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Dans la même collection Fumettix, lire nos précédents articles :
Ramba, la mercenaire
"Pornostar" inaugure la nouvelle collection "Fumettix" de Dynamite
[1] Les trois premiers films de Rambo sont respectivement sortis en salle en 1982, 1985 et 1988.
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