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Record absolu pour un original d’Uderzo : plus de 1,4 million € pour la couverture originale d’ « Astérix et le Tour de Gaule ».

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 14 octobre 2017                      Lien  
Hier a eu lieu chez Drouot une vacation très attendue : la succession Pierre Tchernia qui comportait notamment deux originaux de couverture d’Astérix, des pièces exceptionnelles dont on attendait un record historique. Pas à ce niveau cependant…

Nous l’avions annoncé : la vente Pierre Tchernia à l’Hôtel Drouot, issue de la succession du réalisateur et animateur de TV français décédé en 2016, ne pouvait que se conclure par un record : « La couverture iconique du Tour de Gaule d’Astérix (1965), écrivions-nous, la première couverture originale du cinquième tome de la série publiée dans le cadre de la Collection Pilote (d’où la présence du fameux bandeau rouge en haut, éliminé ou recadré selon les éditions ultérieures) dédicacé : « À Pierre Tchernia, le modeste témoignage de sympathie en hommage à l’esprit et à la gentillesse du grand homme de télévision » Elle est signée par Uderzo et Goscinny. Les couvertures à la gouache d’Uderzo sont rarissimes. L’estimation est à 180.000/200.000 euros mais le caractère exceptionnel de cette pièce devrait faire s’envoler la cote d’Uderzo, l’un des auteurs les plus notoires de l’histoire de la bande dessinée française. »

Record absolu pour un original d'Uderzo : plus de 1,4 million € pour la couverture originale d' « Astérix et le Tour de Gaule ».
La couverture du "Tour de Gaule" atteint le prix record de 1 449 000 € (frais compris)
© Éditions Albert-René, René Goscinny et Albert Uderzo

Un original et une copie

De fait, le moment était particulièrement bien choisi : à une semaine d’un nouvel album d’Astérix mis en place à plus de cinq millions d’exemplaires, et puis surtout, la pièce était rarissime. Nous avons d’ailleurs appris une curieuse histoire au sujet de cette couverture : il y a quelques jours, nous avions vu une vidéo, assez pathétique, d’Albert Uderzo diffusée lors du lancement de l’album Astérix et la Transitalique à l’Automobile Club de France. Au mur du bureau d’Uderzo figurait la fameuse couverture qui devait passer en vente vendredi. « Ce sont toutes des reproductions, nous dit un proche d’Uderzo. Les originaux sont au coffre… » nous dit un proche d’Albert...

Au coffre ? Quid de celle qui est en vente ? Et là nous apprenons cette histoire : ayant donné cette planche à Pierre Tchernia, Uderzo n’a pas osé la lui redemander alors qu’il fallait en faire une réimpression urgente. Il aurait demandé à son frère Marcel d’en faire une copie à l’identique. C’est cette copie-là qui est dans le coffre. D’où le caractère précieux de cette pièce unique qui est la seule vraie couverture originale d’Astérix et le Tour de Gaule. Une raison supplémentaire pour trouver acquéreur !

Un prix record

D’aucuns estimaient qu’elle ferait 500.000 €, un record pour Uderzo dont la côte tourne autour de l’estimation de l’expert : entre 180.000 et 200.000 €. De fait, en 2014, une couverture de l’album Astérix et le Devin était partie à 193.500 € chez Christie’s, mais ce n’était pas une gouache : il s’agissait d’un dessin en noir et blanc. La couverture du Tour de Gaule a finalement atteint le prix record de 1,4 million d’euros (1 449 000 € (frais compris - Lot n° 193). L’autre pièce mythique, la couverture du Bouclier arverne, dont l’estimation était identique, a suivi le même chemin : 1 197 000 € (frais compris - Lot n° 194).

La couverture du "Bouclier arverne", dont l’estimation était à environ 200 000 €, est finalement partie à 1 197 000 € (frais compris - Lot n° 194).
© Éditions Albert-René, René Goscinny et Albert Uderzo

La vente menée par le commissaire-priseur Me Patrick Deburaux rétablit une injustice : régulièrement, Hergé et Franquin coiffaient Uderzo au poteau alors que l’œuvre de René Goscinny et d’Albert Uderzo était bien plus notoire que la leur, comme en témoignent les expositions visibles en ce moment à Paris au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme et à la Cinémathèque Française de Paris autour de l’œuvre du scénariste prodige.

Uderzo revient en force dans le trio de tête, ce qui est dans l’ordre des choses, même si Hergé reste devant, souvenons-nous : la couverture de L’Étoile mystérieuse avait trouvé preneur pour 2,5 millions € à la Brafa en Belgique en 2015.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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6 Messages :
  • "régulièrement, Hergé et Franquin coiffaient Uderzo au poteau alors que l’œuvre de René Goscinny et d’Albert Uderzo était bien plus notoire que la leur"
    Je ne sais pas si une hiérarchie entre les œuvres de ces monstres est pertinente, on est dans le stratosphériquement notoire pour chacun d’entre eux. En terme de culture populaire à l’échelle mondiale, l’œuvre de Franquin est sûrement moins connue que Tintin ou Astérix mais c’était un tel virtuose qu’on comprend très bien qu’on s’arrache ses originaux.
    Je suis curieux de ce qui vous pousse à dire que l’œuvre de Goscinny et Uderzo est "bien plus notoire."

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 14 octobre 2017 à  21:39 :

      Je suis curieux de ce qui vous pousse à dire que l’œuvre de Goscinny et Uderzo est "bien plus notoire."

      Goscinny : 500 millions de livres vendus. Astérix 370 millions d’albums vendus plus 5 de plus la semaine prochaine, 9 films live et dessins animés, un parc d’attraction qui a attiré 50 millions de visiteurs dont 2 cette année...
      Je ne pense pas que ces grands artistes que sont Hergé ou Franquin affichent un tel bilan de notoriété. Voilà pourquoi.
      Un autre auteur à la notoriété internationale également sous-estimé à mes yeux : Peyo.

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      • Répondu par Alexandre Buchet le 16 octobre 2017 à  23:52 :

        Sans vouloir ravaler Uderzo au niveau de Coca-Cola, mais ce genre d’évaluation à coup de millions d’albums vendus, c’est un peu comme dire que le Coca c’est meilleur que le Gevrey-Chambertin...
        Sinon, cette fôte de français qui m’agace souvent suprêmement sur BDGest, c’est la confusion entre le côte du Rhône (pour rester dans le sujet) et la cote d’un auteur... ;-)

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        • Répondu par Risky Biz le 17 octobre 2017 à  13:34 :

          En l’occurrence, un bon Coca bien frais c’est toujours meilleur que votre vinasse.

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      • Répondu par Deplomb le 29 novembre 2017 à  19:34 :

        Je repensais à notre échange récemment, quand j’ai entendu que deux autres films Tintin produits par Spielberg étaient toujours bel et bien d’actualité. Je pensais que l’idée de trilogie avait été abandonnée. A savoir, le premier film a généré 375 millions de dollars de chiffre d’affaire (chiffres box office mondiaux donnés sur imdb), sans doute plus que les films d’Astérix.
        Avec une trilogie Tintin complète portée par Spielberg, on sera sur des chiffres astronomiques.
        Et puis Tintin, cela serait plus de 230 millions d’albums vendu, pas beaucoup moins "notoire" (humour) qu’Astérix, et ce pour une série interrompue en 1973. (Ajoutons à cela que j’ai une tendance à prendre les chiffres donnés par les éditeurs avec des pincettes, pour les 230 millions de l’un comme pour les 375 millions de l’autre...)
        La série de dessins animés Tintin (celle de 1991) a plus marqué le public de la télévision que les œuvres audiovisuelles d’Astérix, ayant été bien plus largement diffusée pendant plus de deux décennie sur tous les continents. Ayant vécu à l’étranger, hors d’Europe, et discuté de BD francophone avec des jeunes et moins jeunes, j’ai constaté que Tintin et les Schtroumpfs étaient nettement plus connus qu’Astérix chez mes interlocuteurs non-européens ; ceci en raison de leurs séries de dessins animés pour la télévision (ce qu’Astérix n’a pas).
        Pour les Schtroumpfs, cela rejoint au passage votre estime pour Peyo, il est un élément majeur de la culture populaire mondiale.
        Bref, Astérix, nettement plus notoire... Localement en France peut-être, mais sinon c’est une déclaration un peu hâtive à mon avis.

        Autant de chiffres, cela devient assez vertigineux, et on s’éloigne du la condition habituelle de la BD franco-belge, mais cela montre bien que celle-ci peut marquer la culture populaire du monde entier...

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