Red Room T. 1 : Le Réseau antisocial - Par Ed Piskor - Delcourt Comics

L’auteur du sulfureux Hip Hop Family Tree et de la mini-série X-Men Grand Design revient sur le front avec un titre tout droit sorti des entrailles du Dark Web, la face cachée de la toile. Un décor dévoilant des pièces lugubres et austères dans lesquelles des hommes et des femmes, pour la plupart cagoulés, s’adonnent au massacre de pauvres innocents, le tout retranscrit en direct pour des internautes en quête d’interdit.

Reprenant le concept des "Chat Rooms" ou des internautes payent en Bitcoins les services d’une escorte, les "Red Rooms" poussent le vice jusqu’à proposer de véritables meurtres en temps réel où rien n’est épargné.

À éviter d’urgence pour toutes âmes sensibles et personnes sujettes aux crises d’épilepsie car ce voyage macabre et dérangeant ne plaira certes pas à tout le monde.

©Ed Piskor / Delcourt Comics

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Red Room s’adresse à un public majeur et particulièrement averti vu la teneur de son contenu scabreux à outrance. Démembrements, viols, tortures physiques et morales, voici une exploration des tréfonds obscurs de l’âme humaine.

Toutefois, l’auteur dédramatise quelque peu la froideur des meurtres par une sévère touche d’humour noir, de quoi adoucir son contenu.

On retrouve pareil constat pour la partie graphique qui bien qu’affichant des séquences perverses où l’hémoglobine se déverse à souhait, ce mélange horrifique donne davantage l’impression qu’il s’agit de délires fantaisistes à concevoir au centième degré.

Bien qu’ignobles dans leurs actes, les bourreaux s’échangent des blagues loufoques ou hors contexte, à l’instar des membres connectés sur les plateformes du Dark Web. Les pseudos à eux seuls valent le détour, jouant la carte du mauvais goût. Est-ce là une volonté d’Ed Piskor d’insérer une sonate humoristique dans ce dédale obscur et malsain ?

©Ed Piskor / Delcourt Comics

Quoi qu’il en soit, on ne peut nier l’atmosphère nauséabonde déployée tout du long de Red Room. Des victimes innocentes, ou tout au plus peu coupables, subissent des tortures longues et pénibles sous le regard d’internautes blasés, sournois, orgueilleux. Un constat peu glorieux d’une face de l’Humanité enclin au désordre, au chaos.

Notons que de nombreux films s’attardent sur le sujet du "Dark Web", souvent des réalisations à petits budgets ou indépendants comme c’est le cas pour "XXX Dark Web" ou certains titres ovnis repris parmi le répertoire Catégorie 3 (Label "Cat 3" issu originalement de Honk Kong)

L’un de ses films les plus connus et médiatisé demeure Hostel d’Eli Roth qui a connu 2 suites du même acabit, ainsi que The Butcher de Kim Jin-Won de loin plus immoral et dérangeant venant tout droit de Corée, s’apparentant à un faux snuff où des gens sans raison se retrouvent victimisées au cœur de ces films. Sans oublier, le scandaleux 8 Millimètres de Joel Schumacher avec Nicolas Cage, montrant les dérives du cinéma X et certaines pistes remontant vers un snuff movie.

Un cinéma underground plutôt varié dans son ensemble mais qui traite encore et toujours des abominations de l’homme sur son prochain de mille et une manières.

En se penchant sur cette thématique, Ed Piskor livre une œuvre poignante prenant littéralement aux tripes, dans tous les sens du terme. Dommage ou heureusement quelque part, que son style graphique atténue l’effet outrancier.