Si Antoine ne parle pas, il sait en revanche tout à fait faire comprendre son attirance envers les femmes : ainsi, alors qu’il est encore bébé, c’est en observant leurs corps à travers des publicités télévisées que ses parents parviennent seulement à le faire manger. Antoine, tantôt étonné, tantôt attiré, s’éveille ainsi à une sexualité d’abord platonique jusqu’à l’adolescence, avant de découvrir, adolescent, l’amour physique.
L’ouvrage relate ces expériences à la fois communes et intimes qui permettent de franchir des étapes dans le rapport à l’autre sexe : l’attirance pour la grande sœur d’un copain, chiper la poupée de sa sœur, l’organisation d’un premier baiser, une partie d’action ou vérité destinée à forcer les choses, une prof sexy... Un regard ou une parole sont alors la source d’interprétations et d’extrapolations, passages obligés de la construction de soi à travers l’autre.
L’auteur, François Bertin, est diplômé de l’École Européenne Supérieure de l’Image de Poitiers et de La Poudrière. Les dialogues sont rares, et l’album accentue des planches réalistes en noir et blanc et en clair-obscur qui fleurent souvent avec l’érotisme. Finalement, le récit ne comporte pas vraiment d’intrigue, sinon celle du regard d’Antoine sur les corps féminins. Si on regrette un peu qu’Antoine ne soit pas plus « acteur », ses contemplations renferment finalement la dimension poétique de l’ouvrage.
(par Damien Boone)
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