A peine diplômée de son doctorat, Jasira reçoit une offre irrésistible : rejoindre un centre de recherche pour 50 000 dollars par mois. Abandonnant sa vie parisienne et son compagnon, la voilà recluse dans l’île d’Aurigny, du côté de Guernesey. Tout en faisant la connaissance du sémillant mécène capable d’offrir des ponts d’or aux cerveaux du monde entier, Jasira s’aperçoit que la fondation s’intéresse à l’histoire, notamment aux révélations que les objets du passé peuvent apporter. Et au bout du compte, son grand manitou s’avère farouche croyant en la réincarnation.
Comme tout bon tome 1, le mystère s’installe, les personnages se jaugent, et le lecteur se gratte la tête en envisageant les pistes de l’intrigue. En scénariste aguerri, Corbeyran distille les indices en prenant bien soin de semer des points d’interrogation en bas de planche. Tout en rappelant de précédentes séries (Zodiaque, par exemple), Réincarnations parvient à titiller notre curiosité grâce à des personnages pétillants, et un big boss qui échappe à la caricature. Certes, notre docteure n’a pas une crédibilité absolue, mais, probablement pour ouvrir la série à un large public, l’auteur a raboté la psychologie. Question accroche, le dessin de Horne apporte une maestria de poids : les décors, contemporains ou moyenâgeux, éblouissent. Les poses photographiques des personnages, en revanche, un peu moins. Reste la grande fluidité du récit, des rebonds narratifs efficaces, et des scènes bien agencées. Globalement donc, un indéniable savoir-faire.
(par David TAUGIS)
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