« Reiser est un dessin » résume Cavanna dans sa préface. Évidemment que ce n’est pas qu’un dessin, mais c’est surtout un dessin fait, comme le dit le Rital d’Hara Kiri, d’élans, de spasmes, d’envols cassés, de rages, de ratés devenus triomphes.
Reiser a décomplexé des générations de dessinateurs pour qui le dessin apprêté, académique, léché, ligneclairisé, représentait un insupportable carcan. Pourtant, les vrais dessinateurs, Franquin ou Gotlib par exemple, voyaient bien que ce dessin ne venait pas de nulle part, que c’était du talent à l’état pur. Du coup, c’étaient eux qui étaient complexés, car ils se sentaient laborieux face à un tel jaillissement de dessin-plaisir.
Reiser, c’est aussi une conscience. Ou une inconscience, si l’on veut. Une conscience agnostique basée sur le bon sens, le libre-arbitre, libéré de tout slogan – alors que d’autres…
Segmenté en thématiques : La France, la politique intérieure, la géopolitique, les femmes, la foi…, cet album montre bien l’art de Reiser, sa capacité de passer du particulier au général, son esprit d’escalier, son aversion pour la métaphore, sa générosité, sa lucidité, ni vraiment anarchiste, ni même gauchiste si l’on en croit son biographe Jean-Marc Parisis.
Comme disait l’autre, il était du parti d’en rire.
Magistral.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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