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Renaud : "La couleur directe m’a libéré".

Par Nicolas Anspach le 11 juin 2007                      Lien  
Le dessinateur de {Jessica Blandy} s’est lancé dans une nouvelle aventure graphique, celle de la couleur directe. Une technique qui lui permet de dessiner les femmes avec encore plus de sensualité et de charme. {{Renaud}} se confie sur les origines de {Vénus H}, une série qui porte le nom d’un réseau de « call-girls »…

Vous promettez, depuis de nombreuses années, un one-shot érotique à vos lecteurs. Vous publiez finalement une nouvelle série, qui est plus sensuelle qu’érotique… Vous n’osiez pas franchir la limite ?

Non. J’aurais pu la franchir aisément. Il parait que les bonnes séries érotiques se vendent moins bien qu’avant [1]. L’érotisme est en chute libre. Et puis, commercialement, les livres érotiques ne trouvent pas leur place dans une grande surface. Même si je suis très attaché aux libraires spécialisés en bande dessinée, il faut tenir compte des contraintes inhérentes aux grandes chaînes de distribution. J’ai donc demandé à Jean Dufaux de réaliser des histoires plus sensuelles pour Vénus H. De toute manière, j’étais certain de m’amuser car nous avions décidé que chaque album s’articulerait autour d’un personnage féminin différent.

La thématique a été proposée par Jean Dufaux ?

Non. Je voulais faire une série sur les escort-girls. C’est un métier où les femmes sont très belles, cultivées, et surtout gravitent dans des milieux aisés et souvent proches du pouvoir politique et économique.

Axer chaque album sur une femme différente, était-ce une manière de rompre la monotonie d’un personnage récurrent comme Jessica Blandy ?

Je n’étais pas lassé d’elle, mais plutôt de mettre en image les États-Unis. Je voulais également rompre avec la technique de l’encrage. Je réalise Vénus H en couleur directe. Je n’avais jamais travaillé de la sorte. Je souhaitais aussi éviter de me lancer dans une série. Chaque album de Vénus H raconte le destin d’une femme différente. Nous réalisons donc, en quelque sorte, des one-shots qui sont regroupés dans une série. Chaque récit a la même thématique : celui du réseau Vénus H. Les intrigues, elles, changent à chaque album.

Renaud : "La couleur directe m'a libéré".

Passer à la couleur directe, était-ce facile ?

J’ai fais la première planche en une journée, comme si je n’avais fait que cela pendant vingt ans ! Par contre, j’éprouve une certaine difficulté à alterner l’encrage et la couleur directe. J’ai dessiné le dernier Jessica Blandy entre les deux premiers albums de Vénus H. J’utilise aujourd’hui l’aquarelle. Cela m’a libéré … J’étais prisonnier de l’encrage. Autant mon crayonné est souple, autant mon encrage donne une raideur à mes personnages. Et puis, je peux enfin donner une peau à mes personnages, et leur conférer un air plus naturel.

Vous avez une grande complicité avec Jean Dufaux ?

Oui. Nous avons commencé ensemble, et c’est devenu un véritable ami. Je n’ai pas envie de changer de tailleur. Il me connaît tellement qu’il sait ce que j’aime dessiner, et en tient compte. Je ne me verrais pas travailler avec un autre scénariste.

Lassé de dessiner l’Amérique, c’est Paris que vous mettez en scène dans Vénus H ?
Je me sens plus à l’aise avec cette ville. La couleur y a énormément d’importance. Je pense à ce gris ocre, qui est sublime. J’y ai été faire des photos, et me suis documenté dans des livres ou des brochures pour reprendre certains éléments qui ne sont pas visibles.

Pourriez-vous nous esquisser le thème du prochain tome ?

J’en suis à la trentième page, et nous raconterons une magouille politique. Ensuite, j’enchaînerai sur les quinze planches qui seront rajoutées à l’intégrale Santiag qui sortira à la fin de l’année aux éditions Glénat. Nous devions réaliser trois albums autour de l’univers de Jessica Blandy aux éditions Dupuis. Mais je ne sens aucun enthousiaste chez cet éditeur. Je ne suis donc pas certains que nous les ferons. De toute manière, je préfère donner la priorité à Vénus H.

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Photo : (c) Nicolas Anspach
Illustrations (c) Renaud, Dufaux & Dargaud - Images extraites du T2 de Venus H.

[1Comme le confirme, l’article qu’Arnaud Claes a consacré à ce sujet dans nos pages.

 
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