Cela donne un peu d’espoir, notamment aux petites structures d’édition : les petites manifestations qui n’atteignent pas d’ordinaire la jauge de 5000 visiteurs en simultané peuvent, contrairement aux gros événements qui drainent des milliers de badauds en masse, tirer leur épingle du jeu.
Cette année, les Rencontres Chaland avaient décidé de maintenir leur participation, avec au menu un invité de marque : Floc’h, l’un des initiateurs du mouvement de la Ligne claire, un des principaux compagnons de route d’Yves Chaland.
Mais derrière l’auteur de Blitz, enjoué et volubile et, contre toute attente, apparemment ravi d’être là, Isabelle Chaland-Beaumenay a su offrir une programmation d’une belle qualité. Ainsi, la lecture de La Belle et la Bête tirée du Journal d’un film de Jean Cocteau, racontée par Sophie Robin (actrice), mis en musique par le guitariste Sol Hess, et dessinée par Laureline Mattiussi, qui vient de publier Cocteau, l’enfant terrible, une biographie graphique chez Casterman.
On a remarqué le « coup de cœur » d’Isabelle Chaland : Béja & Nataël qui ont animé Le Coffre aux trésors, une lecture de leur Club des Cinq (Hachette) au Square des Bains du Roy, où Henri IV jadis, allait se faire tremper les pieds.
Un spectacle Drive In BD Concert avec l’ensemble Drift qui interprète La Saga de Grimr d’après l’album éponyme de Jérémie Moreau (Dargaud) devant un public dispersé et masqué, Covid oblige.
Enfin, une peinture murale de Dr Ponce intitulée « Mon Parrain, Yves Chaland », où le street artist représente le Jeune Albert en caillera contemporaine.
Et puis une floppée d’invités comme Madeleine De Mille, Jean-Claude Götting, Alfred, François Ayroles, Béja, Hervé Bourhis, Christian Cailleaux, Elric Dufau, Nicolas Dumontheuil, Lucas Harari, Sol Hess, Joëlle Jolivet, Hugues Micol, Thierry Murat, Nataël, François Olislaeger, Jérôme d’Aviau, David Prudhomme, le sculpteur Saint-Emett, Stéphane Trapier, Lucas Varela. Pour des questions de quarantaine covidienne, les Belges ne sont pas venus.
Résultat : une fréquentation au beau fixe (malgré la pluie battante pendant la moitié du week-end) avec plus de 4000 personnes le samedi et une librairie dont les ventes ont battu tous les records.
Un exemple à suivre car, tandis que les gros festivals s’annulent les uns après les autres, les petits et les moyens événements, qui savent gérer des jauges modestes, permettent notamment aux petites structures d’édition de profiter de cette bulle d’oxygène alors que, souvent, la moitié de leur chiffre dépend de ce genre de manifestation, humaine par la taille.
On notera que le Centre National du Livre (CNL) ne soutient pas ces sympathiques Rencontres portées à bout de bras par Isabelle Chaland depuis 13 ans, alors que cette institution, censée soutenir financièrement l’année de la BD 2020, déverse des tombereaux de subsides sur des manifestations qui n’ont pas eu lieu en 2020. Elle serait avisée de se pencher sérieusement et plus intelligemment sur le dossier, ce qu’elle n’a pas fait jusqu’ici.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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