Rentrée plein gaz pour Paquet !

Parmi les séries historiques de l’éditeur genevois, on retrouve des albums où moteurs, cambouis et grosses cylindrées sont à l’honneur !

La Valse des Félins, fleuron de la collection Calandre, voit la conclusion d’un diptyque ayant pour cadre un gigantesque rallye qui traverse l’Europe. Au-delà d’une course effrénée, l’intrigue proposée par Fred Weytens dépasse la simple chronique automobile pour nous dévoiler de sombres intrigues policières et d’espionnage sur fond de nostalgie des Seventies. La tentative de vol d’un diamant jette le trouble parmi les concurrents. Des pilotes soviétiques risquent le goulag s’ils ne réussissent pas leur mystérieuse mission tandis que des écologistes n’en finissent pas de s’opposer au bon déroulement de la course. Pas de doute, nous sommes bien au cœur des années 1970 ! Toutes ces péripéties s’enchaînent aussi vite que les bolides de nos héros lancés à fond sur les routes européennes. Le graphisme de Skiav rend avec justesse l’ambiance des courses, les lignes des voitures de sport, fidèle en cela à une certaine tradition narrative. Entre Michel Vaillant et Ric Hochet, cette série au scénario bien ficelé saura séduire les amateurs de bande dessinée classique.

"La Valse des félins" par Weytens & Skiav

(c) Ed. Paquet

Avec Ze Jacky Touch de Sti, scénariste maison, et Pau, on reste dans l’univers « vroum-vroum » puisque Jacky Lafaute et son copain Michel nous entraînent dans des situations assez balisées. Au détour de gags parfois un peu téléphonés, le lecteur passe de l’ambiance des courses à celui des contrôles routiers ou du Salon de l’auto, prétextes à des chutes qui viennent ponctuer des anecdotes automobiles parfois un peu faciles. Ces aventures à quatre roues des deux compères flanqués d’une Renault 5 (orange !) donneront l’occasion au lecteur d’admirer le talent de l’Espagnol Pau qui, une fois de plus, use d’un graphisme solide et précis au service de ces aventures comiques et vrombissantes.

"Jacky Touch" par Sti & Pau

(c) Ed. Paquet

Côté humour provocateur et légèrement déjanté, on appréciera le retour de Michel chien fidèle, dans un nouvel opus conforme aux lois du genre. Humour absurde et irrespectueux sont au rendez-vous de ce quatrième tome concurrencé sur le même terrain par Jean-Norbert. Avec ce nouveau venu, le Néerlandais Mark Retera frappe encore plus fort mêlant jeux de mots, humour noir et non-sens dans une série de gags qui ne laissent pas indifférent. Compilation de strips parus dans la presse (dont Ouest France) Jean Norbert n’hésite pas à pourfendre le politiquement correct dans un style qui, s’il ne révolutionne pas le genre, fonctionne plutôt bien. On ne fera pas la fine bouche devant un humour qui flirte avec la scatologie ou l’autodérision. Un parti-pris qui prend évidemment le risque de faire grincer les bonnes consciences.

Les amateurs apprécieront sans doute ces deux albums qui viennent compléter l’offre comique proposée à travers la maison d’édition Kramiek, nouveau rayon humour du groupe Paquet. Une estampille, qui emprunte son nom à une pâtisserie belge et qui s’inscrit dans la stratégie de développement de l’offre éditoriale du groupe Paquet. Sti et Cromheecke (L’Île carrément perdue) viennent d’ailleurs de rejoindre cette équipe avant l’arrivée d’autres auteurs annoncés comme Frodo De Decker ou Nils Axle Kanten.

Avec Biguden de Stan Silas, on change d’univers puisque cet album, dont le graphisme est largement inspiré du manga, nous propose une rencontre inédite dans la Bretagne profonde. En nous décrivant les mésaventures d’une petite japonaise trouvée sur une plage et de Goulwen, jeune garçonnet qui décide avec sa famille de l’adopter, cette histoire jette un pont entre deux traditions. De cette rencontre surgit un album qui associe le style graphique oriental aux mythes et légendes de la Bretagne ancestrale. De la mémé acariâtre au célèbre Ankou, le fantastique et l’émotion sont au rendez-vous d’un ouvrage à la démarche originale ; un choc des cultures qui risque d’en troubler plus d’un !

"Biguden" par Stan Silas

(c) Ed. Paquet

Diffusé par Paquet, cet album fait partie des découvertes inattendues. La reprise du fonds des Éditions Proust, annoncée au printemps dernier, a conduit l’éditeur Suisse à diversifier encore un peu plus une offre pourtant déjà bien riche. Les prochains mois confirmeront ce choix avec notamment l’annonce du prochain tome de la série Amerikka, l’un des grands succès des éditions EP !

Autre illustration de cette volonté du groupe : la création de Chours, maison d’édition destinée aux plus jeunes qui offre à Jean Barbaud l’opportunité de revenir sur un de ses sujets favoris : l’aviation. Dans L’Aéroclub des colibris, un album dont le format et la thématique le rapprochent des livres de la collection P’tit Paquet, sans doute plus proche de l’album jeunesse que d’une véritable BD. Néanmoins, le talent de Jean Barbaud est toujours là !

"L’Aéroclub des colibris" par Jean Barbaud - Collection Chours

(c) Ed. Paquet

Si le groupe affirme encore un peu plus à travers cette diversification sa volonté de se développer, les collections et les auteurs historiques continuent d’alimenter un catalogue toujours éclectique. Tony Sandoval avec Le Cadavre et le sofa (une reprise somptueuse revenue au catalogue) ou le fameux reboot de Bob et Bobette (Amphoria ) figurent aussi parmi les événements de cette rentrée Paquet.

Alors que la reprise du catalogue des éditions Proust génère la venue de nouveaux titres, l’arrivée de Kramiek ou de Chours au sein du groupe témoigne d’une belle vitalité et d’un sacré dynamisme. Un pied de nez au marasme ambiant...