Ne vous attendez pas à une bande dessinée. Il s’agit d’un recueil d’impressions faits d’images et de textes épars. Une vie entière avec son réseau de sentiments enfouis ne s’enferme pas dans quelques vignettes, dans un seul récit. De la même façon, on n’enferme pas durablement une quête, des interrogations, un retour aux sources. Aujourd’hui, Jacques Ferrandez habite de l’autre côté de la Méditerranée, près de Nice, face à Alger la blanche. Il y est arrivé avec ses parents « Pieds-noirs », juste un peu avant l’indépendance algérienne. Dans ses Carnets d’Orient, c’est l’Histoire, son histoire de l’Algérie qu’il se réappropriait. Histoire(s) du passé, mais aussi histoire(s) du présent, sous les bombes.
Aujourd’hui, Jacques Ferrandez a rendez-vous avec sa ville natale qu’il connaît de façon familiale ou documentaire. Il y vient en plusieurs fois, goûtant à ses plaisirs par bouchées successives, en gourmet, sans céder à la gloutonnerie. A chacun de ses séjours, il découvre une ville différente sous la pression de la situation politique. A son contact, la perception de ses souvenirs a du changer probablement, comme la couleur de la Méditerranée, selon que le temps est au calme ou que menacent les grands vents. Délice des variations au gré des rencontres. Avec des gens : Rachid, Momo,... porteurs de légendes, mais aussi des lieux, comme cette Casbah unique, hautaine et énigmatique.
Voyager, c’est apprendre, c’est comprendre que le savoir est comme l’horizon : inatteignable. Mais on peut y tendre, et ça remplit une vie. Cela, on le perçoit dans les images de Ferrandez, comme dans les textes de Rachid Mimouni qui l’accompagnent.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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