On reçoit toujours le nouveau Ric Hochet comme on revoit un vieil ami, avec le charme de la nostalgie. Qu’importe si les ficelles sont les mêmes depuis des années, et somme toute peu crédibles, comme dans cette séquence inaugurale où le lecteur s’aperçoit au bout de quelques pages qu’il vient d’assister à une scène de théâtre : le dessinateur pêche par un manque flagrant de vraisemblance. Il aurait mieux fait de lire le Blitz de Rivière et de Floc’h qui avaient parfaitement réussi cet artifice. Qu’importe aussi si l’enquête est toujours aussi ringarde. Comment peut-on, alors que sur nos écrans passe un feuilleton télé aussi sophistiqué que Les Experts, continuer à présenter des ordinateurs de façon aussi ridicule, ignorer à ce point les procédures d’inculpation ou de préservation de la scène du crime ?
Mais bon, c’est souvent comme cela avec les vieux amis : ils radotent parfois mais ils restent touchants en utilisant des procédés éculés qui sont la marque de fabrique de la série. Le crime, comme Le Parfum de la dame en noir, exhale toujours un peu de nostalgie. Qu’on ne s’étonne donc pas de trouver ici l’éternel retour du « Bourreau », celui de l’increvable papa de Ric Hochet qui vient sauver la mise, la sempiternelle rivalité entre Bourdon et son adjoint, et enfin des « guest » prestigieux imposés en clin d’oeil comme ce ministre de l’intérieur qui a les traits de Nicolas Sarkozy ou encore ce ministre de la culture qui a ceux de Renaud Donnedieu de Vabres…
Au fond, outre qu’il nous rend la série littéralement familière, cet irréalisme arbitraire indique bien comment cette bande dessinée est conçue, et cet épisode en particulier : comme un petit théâtre.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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