Les albums de Ric Hochet se comptent par dizaines. Le dernier, "Le collectionneur de crimes", porte le numéro 68. Ce qui fait environ un album tous les huit mois depuis le premier, paru en 1963, "Traquenard au Havre". Avec, aux commandes de cette inusable série policière, un vieux routier du polar, André-Paul Duchâteau, et un dessinateur voué depuis le début à la cause de la bande dessinée grand public, Tibet.
En fait, la série fêtera dans un an son cinquantenaire. Née dans le journal Tintin en 1955, elle est restée, depuis, pareille à elle-même. Un démarrage en trombe de l’intrigue, une tonne de rebondissements, et une conclusion qui se veut surprenante. Certes, au fil du temps, on a commencé à détecter des tics de scénario. Certes, les ficelles sont devenues de plus en plus apparentes, ce qui lui a valu de sérieux détracteurs. Mais la série a conservé ses afficionados et son charme d’antan.
En relisant ces premiers volumes avec l’expérience des cinquante années qui ont suivi, on détecte les astuces de scénario, on sent dès l’entrée d’un personnage qu’il sera "le" méchant final. A l’époque, alors qu’on découvrait l’histoire au rythme d’une page par semaine, avec le regard naïf du jeune lecteur, la magie fonctionnait impeccablement.
Il faudra donc retrouver cette naïveté pour déguster ces récits. Avec la nostalgie en plus : Tibet a toujours soigné ses décors et l’on retrouve donc les voitures, le design, la technologie, l’ameublement de la fin des années 50 et du début des années 60.
On constate aussi que le travail de la couleur a bien évolué depuis. Ces couleurs, bâclées par des studios sous-payés, sont souvent immondes. Comme l’étaient la plupart des couleurs des bandes dessinées jusqu’aux années 70.
Ce premier volume regroupe "Traquenard au Havre","Mystère à Porquerolles" et "Défi à Ric Hochet", et le mythique "Signé Caméléon". Ses détracteurs ne pourront nier à André-Paul Duchâteau l’efficacité de ses titres ! C’est toujours ça...
(par Patrick Albray)
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