La série de Norito rencontre un joli succès au sein du magazine Taurus et la sortie de son premier tome relié est désormais imminente. Et tandis que notre jeune mangaka ne se lasse pas d’admirer la maquette de la couverture que son éditeur lui a envoyée, celui-ci engage un bras de fer avec l’éditeur de son rival afin de déterminer qui sera numéro un du magazine.
Concrètement, tout ceci va se traduire par beaucoup de travail pour Norito et ses assistants : ils enchaînent les chapitres supplémentaires et les nuits blanches, ressortant de ces semaines de challenge plus morts que vifs. Mais pour notre héros, repousser ses limites physiques lui apporte de nouveaux rêves ainsi qu’un lieu précis : Kumano. Il invite alors Rin en voyage pour explorer ce qui apparaît clairement comme leur vie antérieure.
Nous arrivons ainsi au bout de la quête spirituelle de Norito et de la sous-intrigue fantastique de la série. Malheureusement, nous ne comprenons pas réellement son objet. Il y est question d’âme et d’inspiration, de perte et de retrouver ce qui a été perdu, mais le lien avec l’art semble ténu, ou plutôt un peu trop générique et passe-partout. Difficile de comprendre en quoi ces révélations constituent un aboutissement dans la quête de notre héros à devenir mangaka.
Au cours de notre lecture nous nous sommes souvent posés la question de la raison du versant fantastique de l’histoire et du personnage de Rin. Et en refermant le dernier tome, nous n’avons eu guère de réponse. Rappelons également l’intrigue du mangaka légendaire, décédé alors qu’il avait entrepris un tour du monde mystique pour créer l’ultime manga. Une sous-intrigue qui semble avoir été abandonnée en cours de route et dont le sens nous échappe également.
Si nous mettons de côté cette partie de la série, sur le mysticisme et les vies antérieures, le reste de l’intrigue nous a proposé un joli récit sur la vocation de créateur de manga. Le parcours de Norito a été classique : des concours de débutant aux premières histoires courtes jusqu’à ses premières armes en tant qu’assistant. Cette exploration du monde de l’édition du manga s’est révélée intéressante et riche en enseignements.
Ce n’est évidemment pas le premier manga à nous faire passer de l’autre côté du miroir. Même si les personnages et l’univers de Rin disposent d’un charme certain et si Harold Sakuishi narre les choses avec sa touche personnelle, sa dimension fantastique pour questionner l’inspiration ne nous a pas entièrement convaincus.
(par Guillaume Boutet)
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Rin T. 13 & T. 14. Par Harold Sakuishi. Traduction Vincent Zouzoulkovsky. Delcourt/Tonkam, collection "Seinen". Sorties le 15 juin 2022. 208 pages. 7,99 euros.
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