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Rin T1 - Par Harold Sakuishi - Delcourt Manga

Par Guillaume Boutet le 28 mai 2015                      Lien  
Norito, 16 ans, n'a qu'un rêve : devenir mangaka ! Il travaille sans ménager ses efforts et c’est lorsqu’il semble enfin concrétiser ce rêve qu’il croise la route de la bien étrange Rin, 16 ans également. Un début sympathique par l’auteur de « Beck » et de « Seven Shakespeares ».

Adolescent timide de 16 ans, Norito ne se voue qu’à son unique passion, les mangas. S’il passe beaucoup de temps à en lire, ou plus exactement à en dévorer, il en dessine également en cachette dans le secret espoir de devenir professionnel.

Admirant un grand maître du genre, aujourd’hui un peu old school, Norito dessine avec fougue des histoires naïves sur une forme un peu datée qui ne semble pas rencontrer pour le moment les faveurs des éditeurs.

Rin T1 - Par Harold Sakuishi - Delcourt Manga
© 2012 Harold Sakuishi / Kodansha / Delcourt Manga

Parallèlement à ce récit principal, le lecteur découvre en pointillé l’énigmatique Rin, 16 ans, qui a été repérée par une agence d’Idoles [1]. Cette dernière n’est en aucune façon intéressée par ce milieu, mais elle se laisse tenter de moitié par ennui et de l’autre par une sorte d’intuition.

En effet, et c’est la véritable surprise de ce premier tome, Rin possède des dons de médium qui lui permettent, entre autres, de voir clair dans l’avenir et de toujours savoir de quelle façon les choses vont se finir !

Outre la question du rêve de Norito, ce début de récit construit ainsi un suspense autour de la rencontre de notre héros avec Rin, et du destin qui semble les lier.

Débuté en 2012 et comptant actuellement neuf tomes, Rin est la troisième série d’Harold Sakuishi qui s’est fait connaître il y a plus de dix ans avec Beck (2000 - 2008), un récit initiatique de 34 tomes sur le thème du Rock.

En 2010 il débute Seven Shakespeares, un projet ambitieux qui nous ramène dans l’Angleterre du XVIIe et qui explore la théorie selon laquelle William Shakespeare aurait été un imposteur. A la surprise de tous le mangaka met en pause cette série en 2011, à la fin de sa première partie, au bout de seulement six tomes, pour débuter Rin.

Les œuvres d’Harold Sakuishi se distinguent par une thématique sur l’art : du Rock au manga en passant par le théâtre, des choix éclectiques qui l’amène finalement à faire un manga sur les mangas. Une décision étonnante mais pas inédite : on se souvient de Bakuman. de Tsugumi Ôba et Takeshi Obata, de La Plume de Feu de Kazuhiko Shimamoto ou encore Un Zoo en hiver de Jirô Taniguchi qui proposent chacun une vision du travail de mangaka.

© 2012 Harold Sakuishi / Kodansha / Delcourt Manga

La forme narrative utilisée par Harold Sakuishi se révèle classique : le mangaka privilégie en effet l’immersion dans le « quotidien » de ses héros en l’agrémentant « simplement » de quelques personnages atypiques ou en recherchant à retranscrire l’intensité de leur passion par un travail sur l’expressivité.

En effet impossible de ne pas se trouver interpellé par cette étonnante alchimie où des personnages au visage « rond » et « lisse », se déformant à la moindre expression, côtoient d’autres aux traits plus caricaturaux, de véritables « gueules », source d’une ambiance un brin atypique qui contribue au charme des œuvres d’Harold Sakuishi.

Rin ne fait pas exception : si l’histoire de Norito semble très classique, l’ajout de Rin, d’autres personnages incongrus, intriguent et apportent une touche d’étrangeté bienvenue à un récit pour le moment assez balisé.

Cependant si ce premier tome suit un cheminement relativement attendu, avec le jeune héros introverti manquant de confiance en soi mais brûlant de sa passion, il surprend déjà par certains aspects.

Outre le personnage de Rin (évidemment), il y a par exemple cette camarade de classe de Norito, présentée comme la fille la plus populaire de son lycée, qui évolue dans un monde inaccessible, mais qui apprécie les mangas et admire les gens qui savent dessiner, devenant une source de motivation inattendue pour notre héros.

Ce premier tome se montre ainsi efficace et fort sympathique en dépit de son statut de « mise en place », grâce essentiellement à la patte si particulière d’Harold Sakuishi. Nous sommes donc très curieux de découvrir la suite de cette nouvelle mise en abyme du métier de mangaka !

© 2012 Harold Sakuishi / Kodansha / Delcourt Manga

(par Guillaume Boutet)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Rin T1. Par Harold Sakuishi. Traduction Vincent Zouzoulkovsky. Delcourt Manga, collection "Seinen". Sortie le 20 mai 2015. 228 pages. 7,99 euros.

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Harold Sakuishi sur ActuaBD :
- Lire la chronique du tome 1 de Seven Shakespeares,
- Lire la chronique du tome 4 de Seven Shakespeares,
- Lire la chronique du tome 5 de Seven Shakespeares.

[1Jeunes artistes très médiatisés, à la fois chanteurs, acteurs, animateurs et modèles.

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