"Ringard ?" - Journée d’études du laboratoire De Traits et d’esprit

Ringard ?
Journée d’études du laboratoire De Traits et d’esprit

D’abord une question de mode(s) et de goût(s)
L’emploi du mot « ringard » pour désigner ce qui est démodé provient du vocabulaire de marine. Ringarder, c’est utiliser un ringard : une tige métallique munie d’un manche en bois pour attiser le feu, évacuer les scories… dans les chaudières à vapeur. Le ringard a été indispensable à la marche du progrès jusqu’à l’apparition des moteurs diesel, vers 1910. À ce moment, les équipages des navires récents ont tourné cet instrument devenu suranné en dérision… puis ces nouvelles embarcations sont à leur tour tombées en désuétude. Au début des années 1970, le terme « ringard » est entré dans le langage courant. Depuis, il désigne ce qui est ridiculement vieillot, ce qui est passé de mode et par extension ce qui est de mauvaise qualité ou de mauvais goût.

Vous avez dit ringard ?
Désigner comme « ringard », c’est d’abord porter un jugement de valeur, ostraciser à l’emporte pièce, en vouant aux gémonies ce qui ne relève pas de la propension ou de la tendance immédiates. Mais cette affirmation relève à la fois d’un regard et d’un goût singuliers portés à un moment précis et d’une obsolescence « programmée » de la pensée ainsi émise. Car, selon le processus mis en œuvre pour lancer l’anathème, la valeur de la sentence est destinée à se… ringardiser. Là est tout le paradoxe d’un rapport à la création ordinairement devenu trop rapide, avide de renouvellements incessants mais aussi rarement approfondi, mal éclairci, guère informé. Un rapport qui condamne maintenant ce qu’il encense le lendemain et inversement. C’est pourquoi cette nouvelle journée d’études du laboratoire De Traits et d’esprit postule regarder mieux et de plus près les flux et reflux de la « ringardise ». Puisque ce qui semble ringard aujourd’hui ne le sera peut-être plus dans le futur et ne l’a possiblement pas été dans le passé et que ce qui est actuellement original sera peut-être passé demain…

Organisation : Laboratoire De Traits et d’esprit (atelier d’illustration)
Référents : Guillaume Dégé et Olivier Deloignon
Modération : Salomé Risler et Guillaume Chauchat

Intervenants

Guillaume Dégé : « De la ponctualité en matière de création »
Guillaume Dégé est né en 1967. Il dessine, collectionne et enseigne. Ces trois activités se répondent et s’entraînent. Après des études de chinois, il crée en 1994, avec Tom de Pékin, la maison d’édition Les 4 mers (ouvrages publiés en Chine), publie dans Le Monde de 1994 à 2006, Beaux-arts magazine, Libération, Le Tigre et le Journal de la paroisse St-Eustache. Il est auteur d’une quinzaine de livres, entre autres au Seuil et chez Gallimard. Plusieurs commissariats d’expositions, expositions collectives, et expositions personnelles à la galerie Sémiose (2008 – 2010). Plusieurs dessins dans les collections publiques, quelques commandes publiques, dont 5 dessins animés pour le Musée de la chasse. Il enseigne à l’Ensad de Paris et à la Hear à Strasbourg où il co-dirige le laboratoire de recherche sur l’illustration De traits et d’esprit qui organise la recherche et publie des textes de réflexion sur l’illustration : De Traits et d’esprit, 2013, La séquence du regardeur, 2015, Pas vu pas pris, 2017.

Sophie Dutertre : « Les chemins où l’herbe repousse »
Sophie Dutertre vit et travaille à Pornic. C’est en s’initiant à la gravure sur bois - après un passage aux Arts Décoratifs de Paris - qu’elle découvre son langage : un univers à la naïveté feinte, tout à la fois tendre, populaire et grinçant. Illustratrice de presse réputée, en France comme à l’étranger (Le Monde, Libération, Beaux-Arts ou le New York Times). Son travail, très souvent basé sur un rapport texte / image particulièrement décalé. Elle publie en auto-édition comme chez de grands éditeurs pour les adultes comme pour les enfants : Le théâtre de Guignol, Les exploits de Bombilla et Le monde à l’envers au Seuil Jeunesse, Le Brassens aux éditions Mango, Le crime et La Ferme aux 4 Mers, L’assassin masqué, Les rochers glissent et Histoires dans la nature chez CBO. Sa première BD, Le Premier bal d’Emma, en collaboration avec Donatien Mary, vient de paraitre chez 2024.

Olivier Deloignon : « Pourquoi tant de haine ? Les avatars des technophiles au pays de l’épistémè »
Enseigne à la Hear, enseignant-chercheur en éditorialité (UdS), co-directeur du laboratoire De traits et d’esprit (Hear). Ses recherches portent sur l’histoire de la typographie, du livre, de l’édition et de ses pratiques, sur l’illustration livresque, la propagande imprimée à l’époque moderne et contemporaine. Il est l’auteur de nombreux articles et a rédigé ou codirigé plusieurs ouvrages dont La Poudre, l’encre et le plomb. Illustrations et contre-illustrations durant le premier conflit mondial, 2016, Pas vu pas pris, 2017, « Un pas en avant, deux pas en arrière », Revue Cheval, n° 0 ; « Lazare Zetzner, éditeur strasbourgeois : Sous l’égide de Minerve et de la science immuable », revue Recherches germaniques, 2018 ; Mise en scène symbolique et graphique des lettres : l’abécédaire français entre ars et art, 2018. « Miroir mon beau miroir », Revue de la BNU, numéro spécial, 2018.

Léon Delage : « Petite excursion au pays des nanars dessinés »
Actuellement [encore] en course pour le diplôme en Didactique Visuelle de la HEAR, son travail est principalement axé sur l’illustration et la réalisation de bandes dessinées. Il est aussi grand consommateur de récits séquentiels, et plus particulièrement des créations graphiques des années 1970-1980, qui sont, par la force des choses devenues son sujet principal de recherche.

Marc Attalah : « Science-fiction et métaphore ou (Re)créer du sens »
Marc Atallah est directeur de la Maison d’Ailleurs (musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires) et maître d’enseignement et de recherche à la Section de français de l’Université de Lausanne. Ses recherches portent principalement sur les littératures conjecturales (utopie, dystopie, voyages imaginaires, science-fiction) et sur les théories littéraires (théories des genres, théories de la fiction). Il est l’auteur de nombreux articles et a co-édité plusieurs ouvrages, dont L’Homme-machine et ses avatars (2011), Souvenirs du Futur. Les Miroirs de la Maison d’Ailleurs (2013), Pouvoirs des jeux vidéo (2015), Portrait-Robot ou Les multiples visages de l’humanité (2015), L’Art de la science-fiction (2016) et Je suis ton père ! (2017).

Élise Canaple : « Le roman-photo, ringard de naissance ou avant-gardiste de nature ? »
Élise Canaple est assistante principale de conservation au Centre de l’illustration de la médiathèque André Malraux de Strasbourg, Elle a contribué à la préfiguration et à la mise en œuvre du Centre depuis ses prémisses en 2008. En complément de la gestion d’une collection comprenant sources primaires et secondaires sur le sujet, elle y assure le commissariat régulier d’expositions sur place et itinérantes, dont « Un amour de Roman-Photo » créée à l’automne 2012.

Ivan Epp & friends : « Ringard au coin, le purgatoire des objets »
Ivan Epp est collectionneur, ses friends sont parfois assez baroques, excentriques, bizarres ! Retraité depuis l’été 2017, il a été GO au Club Med, marin pêcheur, analyste programmeur, responsable de publications… Des documents de ses collections ont été prêtés depuis 1994 dans le cadre d’expositions historiques. À voir actuellement, au musée Nicephore Niepce de Chalons sur Saône, une sélection de pièces d’identités dans le cadre de l’exposition « Papiers s’il vous plait ».

Programme

Vendredi 15 décembre :

9 h 30 : ouverture par Guillaume Gégé
10 h 30 : Sophie Dutertre
11 h 30 : Olivier Deloignon
Modération Guillaume Chauchat

12 h 30 à 14 h 00 pause

14 h 00 : Léon Delage
14 h 30 : Marc Attalah
15 h 30 : pause
16 h 00 : Elise Canaple
17 h 00 : Ivan Epp & friends
18 h 00 : clôture par Olivier Deloignon et Guillaume Dégé
Modération Salomé Risler