Aucun numéro de page dans cet album. En se livrant avec une telle profondeur, Étienne Appert demande au lecteur, à la lectrice, de plonger dans ses planches en perdant quelques repères. S’interrogeant sur sa passion pour le dessin, l’auteur imagine un dialogue avec un enfant, et l’illustre avec une trame d’amour antique. Également en arrière-plan, une histoire familiale marquée par la guerre.
Pages épaisses, bichromie mouvante, jeux d’ombres et de formes constants, Rivière d’encre mêle éléments autobiographiques et échappées fictionnelles. L’humilité d’Étienne Appert le pousse même à rendre hommage à deux de ses maîtres : François Boucq et Edmond Baudoin. Son amour pour le dessin favorise une belle variété de mise en page, avec des cases tantôt épurées, tantôt chargées de détails et de mouvements. Les paysages forestiers offrent notamment de magnifiques images.
Un vent de liberté souffle sur cet album, sans pour autant partir en tous sens. Une somme qui a demandé presque six ans à l’auteur, pour lequel la transmission semble être une priorité aussi vitale que sa propre expression.
(par David TAUGIS)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.