Créé par Keith Giffen en 1976, Rocket Raccoon est un raton laveur vivant sur une planète secrète lointaine, doué de parole et d’une belle dextérité au pistolet laser. Le personnage n’a alors pas fait date, n’ayant jamais été réemployé jusqu’en 1982. Cette année-là, Bill Mantlo l’utilise pour donner la réplique à Hulk lors d’une aventure cosmique pour marquer le vingtième anniversaire de la série L’Incroyable Hulk.
Bill Mantlo apprécie le personnage et lui offre une mini-série en 1985, accompagné aux dessins par Mike Mignola, qui était alors un débutant dans cette industrie. La mini-série Rocket Raccoon est par ailleurs le plat de résistance de cet album et lui donne toute sa saveur.
Elle présente un monde secret divisé en deux : sur une face, les robots vivent indépendamment dans un univers d’acier et créent un vaisseau spatial à forme humanoïde pour partir de la planète ; sur l’autre, des animaux doués de parole et de raison encadrent dans un monde verdoyant des êtres hommes marqués par une folie générale. Rocket Raccoon est le gardien attitré de ces hommes et veille à leur bonheur. Malheureusement, tous les animaux ne sont pas animés de cette noble attention et commencent même à s’attaquer entre eux pour le pouvoir. C’est aussi vrai des humains...
Des singes ninjas, des clowns-cyborgs tueurs, des lapins mercenaires armés jusqu’aux dents, un morse aux défenses-lasers, une princesse-loutre... Le bestiaire est déjanté, à l’image de l’intrigue de cette mini-série. Même si le développement est assez prévisible sur la longueur, l’intrigue réserve une efficacité certaine et une ambiance très amusante pour cette aventure cosmique. Ces animaux présentent des caractères très humains, et il est très intéressant de découvrir quels travers ou quelles qualités ils ont bien pu hériter des hommes...
Comme la couverture ne l’indique pas, le trait de Mike Mignola dans cet album n’est pas semblable à celui qui a fait sa renommée, notamment par le biais de sa série Hellboy. Son style ne se caractérisait pas à l’époque par de larges aplats noirs et de forts contrastes. Toutefois, son dessin valait déjà le détour, notamment lorsque Rocket Raccoon est fou de rage et retrouve sous des traits très sauvages. Les amateurs du style graphique classiquement associé à Mignola en seront pour leurs frais, mais la qualité de l’artiste est déjà perceptible.
Rocket Raccoon | Les Contes du demi-monde est un album somme toute sympathique, mais qui s’adresse en priorité aux amateurs d’anciens récits atypiques de science-fiction. Il se peut que les lecteurs qui souhaitent retrouver le Rocket Raccoon des dernières années, que ce soit celui de la série Les Gardiens de la Galaxie en Comics ou dans le film éponyme de James Gunn, ne retrouvent pas forcément leur intérêt ; à moins de vouloir découvrir le patrimoine littéraire lié au personnage.
(par Romuald LEFEBVRE)
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