Comme ce papillon qui vient de s’extirper de sa chenille, George et Samantha tentent de maintenir leur couple en vie. L’ambiance est plutôt morose : elle, désirant un enfant et obsédée par un livre à mettre en chantier ; lui, venant de perdre son emploi, opposé à la paternité, un peu perdu dans ses orientations artistiques (peinture ou dessin appliqué ?). Un voyage au Mexique, dans la ville haute en couleurs de Oaxaca, met le duo à l’épreuve. Une sorte de quitte ou double amoureux. D’autant que sur place, ils débarquent en plein mouvement de grève enseignante...
Ruines cumule les ambitions : autopsie d’un couple borderline, plongée multicolore dans une ville embrasée, chronique sociale en milieu violent. Le style de Peter Kuper présente lui-même de nombreux contrastes : de magnifiques couleurs, des paysages rendus avec une belle finesse, mais des personnages peu expressifs, et plutôt statiques. Un type de graphisme qu’on retrouve régulièrement dans les comics indépendants made in USA.
C’est plutôt par le texte et une mise en image d’une belle inventivité que Kuper fait passer l’émotion. Ses transitions sous forme de planches entières accompagnant la migration du papillon "témoin" forcent l’admiration. Le monde animal, très présent dans l’album, offre d’ailleurs un miroir assez frappant à la petite escapade du couple : une autre façon de survivre, mais dans un contexte implacable et sans options.
(par David TAUGIS)
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