Les auteurs-éditeurs au sein d’une structure éditoriale, c’est un truc vieux comme la BD : Hergé, Jijé, Goscinny, Greg,… et récemment Convard, Arleston, Davodeau, Sfar, Trondheim, Lapière… sont tous passés par la case éditeur. Chez Ankama, c’est un peu différent. C’est une structure où les auteurs sont au pouvoir, créée autour d’un créateur de jeux vidéo, Tot, co-créateur d’Ankama, un éditeur que nous avions été parmi les premiers à vous faire connaître et qui affiche, cette année, encore une insolente réussite en investissant 1000 m² de stand au prochain Japan Expo, la « Mecque » des mangas en France.
Fan de BD, Tot s’emploie à faire émerger une nouvelle génération de créateurs dégagée des standards de l’industrie classique, ou encore de ces labels alternatifs qui se font remarquer par leur propos radicaux. Il s’appuie sur cette nouvelle génération née dans les blogs et qui partage en commun l’envie du dessin et de s’entremêler avec toutes les tendances de la création mondiale. C’est pourquoi les albums d’Ankama, du « manga » français Dofus, aux albums de la « blogueuse » Maliki, des univers déjantés de Chaoasland à l’Art Book très tendance de Café Salé figurent à leur catalogue.
Cette fois, c’est le fulgurant Run, un graphiste issu de la publicité, de l’illustration, de la mode et du toy design, qui prend le joystick éditorial. L’auteur de Mutafukaz avait séduit par son graphisme qui était, écrivions-nous, « une parfaite synthèse de ces tendances modernes. Un choc esthétique d’une qualité rare. » Cette collection publiera des BD influencée par les « cultures urbaines, pop et modernes ». « Les auteurs du label 619 s’expriment sur nos livres comme des graffeurs s’expriment sur les murs de la rue. » affirme Run. Pourquoi 619 ? « Car c’est l’indicatif de la Californie, de San Diego, la West Coast, berceau des cultures urbaines et street » nous dit-on du côté de chez Ankama. « C’est aussi le chiffre accolé au luchador Rey Mysterio » dont Run, amateur de catch mexicain est totalement fan. Un personnage si célèbre au Mexique qu’une BD lui est consacrée là-bas. La devise de la collection « 619 » ? Une devise latine, forcément : « Alter post fulmina terror » (L’autre terreur après la foudre).
Les premiers titres au programme ?
- Freaks’Squeele T1 Etrange Université, par Florent Maudoux [1], décrivant une université, la « Faculté académique des héros », remplie d‘étudiants super-héroïques masqués, mais du genre moderne, hein, aussi conscient des médias qu’un président « bling-bling » !
Debaser un manga-like noir et blanc par Raf [2] qui montre des héros en butte à Mundial, une major du disque qui inonde le pays de musique sirupeuse et sans saveur. Toute autre musique est interdite par le pouvoir. Mais Joshua le rebelle et Anna l’Intello vont combattre cette dictature à coups de riffs rocks et vengeurs !
Il ne fait aucun doute qu’Ankama avance ses pions dans le petit monde éditorial francophone et que son catalogue se signale par son originalité, son ouverture vers les autres médias et les autres cultures, en un mot, par sa modernité.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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[1] Un album cartonné de 144 pages en couleur et en noir blanc, 14,90 euros.
[2] 224 pages, N & b, 6,40 euros.
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