C’est l’histoire d’un coin tranquille de campagne. Un couple achève d’y retaper une vieille bâtisse devenue en dix ans de travaux une agréable maison. Un peu plus loin, trois jeunes payasans, convaincus qu’une autre agriculture est possible, tentent le pari du bio. Un bien bel endroit, donc. Jusqu’au jour où la nouvelle tombe : une autoroute va bientôt passer ici.
Durant un an, de sa rencontre avec les agriculteurs à la phase finale de la construction de l’autoroute, Etienne Davodeau va les suivre quotidiennement, relater leur vie, leurs efforts pour imposer une autre manière de cultiver la terre et d’élever des animaux, et leur combat désespéré contre la construction de l’autoroute. Les découragements, la combativité qui vient et qui s’en va, et puis la vie qui continue, les bêtes qui n’attendent pas, les cultures non plus, et tous ces gestes qui font le quotidien d’un paysan et qui nous semblent tellement loins.
Reconnu pour ses polars et chroniques à taille humaine comme "Le réflexe de survie" ou "Quelques jours avec un menteur", Etienne Davodeau réussit ici un vrai reportage en bande dessinée. Après une année entière passée sur le terrain, il fait de cette histoire vraie une vraie histoire, aussi captivante qu’une fiction. Il prouve par la même occasion que la bande dessinée a de formidables atouts pour faire ce qu’elle faire encore peu : raconter le réel.
Le livre est préfacé par José Bové.
(par Patrick Albray)
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"Lecteur, je te vois. Tu hésites", écrit Etienne Davodeau dans son avant-propos. "Qu’est-ce que c’est ? Un documentaire ? Un reportage ? Peut-être un peu les deux." Au travers de cette plongée dans une exploitation agricole détruite par une autoroute et qui n’est plus, désormais, qu’un quart de seconde de paysage pour les automobilistes qui y circulent, Etienne Davodeau raconte la vie quotidienne et le combat désespéré, face au buldoozer administratif, de gens qui avaient des idéaux - la Terre, l’écologie, l’agriculture biologique - qui pèsent bien peu face aux puissants lobbies autoroutiers. Davodeau montre clairement son camp. Et son reportage atteint son but : difficile de ne pas sentir la rage monter au fil des pages.
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