Le récit s’ouvre sur la mention de son invisibilité. La narratrice raconte que son père a disparu alors qu’elle était une petite fille. Une absence qui pèse sur sa construction identitaire : elle aussi, devient invisible. Elle évoque les souvenirs qu’elle possède de son père, ceux d’une petite fille, qui s’estompe. Elle tente de le retrouver en partant sur ses traces mais le manque reste. La solitude surtout.
L’autrice soulève la problématique de la construction identitaire d’un individu qui grandit avec un manque profond. Comment trouver sa place quand son propre père est dans "le jardin des pierres", écho des paroles de Barbara... Elle se rêve en Peau d’âne, en Cygne blanc... Finalement, la narratrice porte un message d’espoir : elle traverse ce deuil et en finit avec l’invisibilité et la solitude.
Marion Canevascini entreprend cette exploration de son passé avec une grande économie de mots. Le langage se fait discret, comme la petite fille de cette histoire. Comme le père. Sa langue est poétique, mais aussi pleine de pudeur.
Souvenirs d’enfance, ombres crayonnées en noir et blanc... certaines images portent la lumière de souvenirs de vacances, à la plage ; d’autres se révèlent vanités ordinaires : une boite d’allumettes vide entourée d’allumettes consumées ou le reflet d’une silhouette dans une flaque d’eau.
Sables mouvants est le deuxième ouvrage de Marion Canevascini, après Notre Frère, paru en 2020 aux Éditions Antipodes. Un second volume réussi qui prolonge son œuvre autobiographique intimiste.
(par Thelma SUSBIELLE)
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Sables mouvants - Par Marion Canevascini - Editions Antipodes, collection Trajectoires - 216 pages - 24€