Taro Sakamoto est l’assassin le plus redoutable et le plus redouté du métier. Gangsters, policiers et mafieux le craignent et l’adulent, et le nombre de ses victimes est incalculable. Mais un beau jour, Taro tombe amoureux. Et, suivant son cœur, il plaque sa carrière de tueur pour se consacrer à son mariage et son foyer.
Des années plus tard, il a définitivement tourné le dos à son ancien job et il gère sans vague une épicerie familiale, en ayant pris quelques kilos au passage. C’était du moins jusqu’à ce que son passé se rappelle à lui en la personne de Shin, un ancien associé lui aussi tueur et télépathe. Par la force des choses, Taro va devoir reprendre du service et renouer avec ses talents que ni l’âge ni le poids n’ont émoussés. Gare à ceux qui se mettront en travers de sa route : Sakamoto is back...
Un concept déjà vu mais efficace et maîtrisé.
Sakamoto Days est une série qui s’inscrit dans la tendance actuelle du manga fun et feel good avec un twist décalé. À l’instar d’un Spy x Family ou de La Voie du tablier (deux séries qui inspirent largement le travail de Yuto Suzuki), le titre jongle entre humour et séquences badass, et joue sur le décalage improbable entre les capacités du héros et son quotidien morne et routinier. L’humour surgit de la confrontation entre ces deux mondes : un peu comme si, du jour au lendemain, votre gentil épicier de quartier se révélait être un tueur surentraîné.
Sur le fond, le concept n’est pas si novateur (et, rappelons-le, s’inspire presque en décalque de La Voie du tablier). Mais, la série n’en est pas moins très bien menée et très prenante et, si elle n’invente pas son concept, elle se l’approprie à merveille en parvenant notamment à proposer des blagues et des situations originales qu’on ne retrouve pas dans les autres séries du même type.
La proposition la plus intéressante de la série repose sur la dynamique entre Taro et Shin. Le premier passe son temps à imaginer dans sa tête les meilleures façons d’éliminer ceux qui lui cassent les pieds (sans jamais passer à l’acte bien sûr, pour maintenir la façade du gentil petit épicier) et le second peut lire dans les pensées et donc assister en direct aux fantasmes d’assassinat de son mentor. Il en résulte des échanges hilarants et des séquences bien badass dont on ne sait jamais à l’avance si elles se déroulent dans le monde réel ou dans la psyché de Taro.
Le dessin, enfin, est soigné (comme toujours avec les séries du Shonen Jump) et se montre particulièrement efficace dans la narration des séquences d’action. L’auteur s’amuse à mettre son personnage en scène comme un "John Wick" (le fameux God mode des blockbusters hollywoodiens où le héros massacre à tour de bras avec une classe absolue) et joue du décalage entre l’apparence du héros et ses actions.
(par Jaime Bonkowski de Passos)
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Sakamoto Days T. 01 & 02 - par Yuto Suzuki - Glénat - 6€90 - 192 pages